Périple sur les rives de l’Arctique

Royaume de l’ours blanc, des phoques, des morses, des caribous, des aurores boréales et des kilomètres de paysages désertiques à la beauté sauvage et l’immensité absolue: ce n’est pas d’hier que le Grand Nord fascine! Qui ne rêve pas d’y mettre les pieds? Je reviens d’un mois à Kuujjuaq, la porte d’entrée du Nunavik et j’ai été ébloui. Voici mon petit guide et mes coups de cœur.

InuitAvant même d’atterrir, j’avais été fascinée par la vue plongeante sur la toundra arctique à perte de vue sillonnée de pistes de motoneiges. C’est qu’il n’y a pas de routes pour se rendre au Nunavik. On doit faire deux heures trente de vol. Pas de route non plus entre les 14 villages de ce vaste territoire habité à 90% d’Inuit, entre la Baie d’Hudson, la Baie d’Ungava et le Labrador, au nord du 55e parallèle. La région n’est pas facile d’accès et l’infrastructure touristique s’y développe peu à peu. Mais le tourisme d’agrément y est bien présent. Il s’agit juste d’organiser en avance chaque excursion! Le Nunavik, qui, en inuktitut, la langue des Inuits, veut dire « un endroit de grands espaces » est un paradis pour les amateurs de paysages majestueux, d’observation d’aurores boréales, de la faune arctique; pour la chasse et la pêche et surtout, pour ceux ou celles voulant vivre l‘expérience authentique de la culture inuite.

QUE NOUS RÉSERVE CETTE CONTRÉE BELLE ET SAUVAGE?

Les activités touristiques principales sont la pêche et la chasse en pourvoiries, pour entre autres, l’omble de l’Arctique, le saumon de l’Atlantique et le caribou. La chasse connait toutefois un déclin dû à la population du troupeau de caribous qui a considérablement diminué. Mais les activités d’écotourisme sont à la hausse:

  • les séjours en camping, été comme hiver, les activités de plein air dont le canot, le kayak, la raquette, le ski de fond, la motoneige, la randonnée et le trekking dans les parcs nationaux:
  •  les safaris photos et l’observation de la faune (ours polaires, caribous, phoques, bœufs musqués), des paysages et des merveilles naturelles de la région;
  • la participation à des activités traditionnelles, comme la construction ou une nuitée dans un igloo, un circuit en traîneau à chiens, la pêche sur glace, la pêche aux moules et la cueillette des petits fruits en été;
  • La reproduction d’activités culturelles ou de savoir-faire ancestral comme la démonstration de chants de gorge (sorte de chant rythmique avec des sons imitant ceux de la nature pratiqué en duo par les femmes), la confection de vêtements et de bottes en peaux de phoque: des activités qui permettent de véritables échanges avec les Nunavimmiuts.

INCONTOURNABLES ET COUPS DE COEUR À KUUJJUAQ

Même si c’est le plus grand village et la capitale administrative du Nunavik, il n’y pas un endroit, un bureau touristique, qui vous présente un horaire d’activités à faire en arrivant! Il y a toutefois des lieux précis à découvrir mais l’idée est de se fondre à la vie quotidienne d’un village nordique.

La rivière Koksoak

Kuujjuaq est situé au bord de la rivière Koksoak, à 50 km en amont de son embouchure sur la baie d’Ungava. Aux limites de la forêt boréale et de la toundra, l’été, ses marées façonnent le paysage et l’hiver, elle offre des tableaux et des couchers de soleil passant du mauve au rose, d’une beauté à couper le souffle. L’intensité pure de la lumière du Nord va m’habiter longtemps.

Attrait historique

Le nom de Kuujjuaq signifie « grande rivière » en inuktitut mais fut aussi appelé Fort Chimo, au XIXe siècle, le nom du premier poste de traite de la Compagnie de la Baie d’Hudson. On peut encore visiter les vestiges du « Vieux-Chimo » de l’autre côté de la rivière. Mais on y va en motoneige!

La tradition des vêtements

Si parfois les tissus synthétiques et les bottes de caoutchouc ont remplacés les peaux d’animaux, la confection de vêtements traditionnels par les femmes est bien vivante au coeur de la culture inuite. Elles sont de toute beauté avec leur magnifique amaouti (manteau muni d’un sac dans le dos pour bébé) finement perlé et leurs kamiik (bottes) en peaux de phoque et caribou. On en trouve toujours une paire accrochée bien au frais dans le portique des maisons! Les enfants sont craquants avec leur atigi (parka) et col de fourrure aux couleurs vives. À la boutique Nunavik Creations on trouve de superbes créations alliant le savoir-faire des ancêtres et les tendances contemporaines.

Art Inuit

La galerie Tivi est un incontournable pour tout amateur d’art Inuit. On y trouve des sculptures en pierre à savon (stéatite), en serpentine, bois de caribou, os de baleine, ainsi que des gravures et des pièces murales. Il n’est pas rare d’y croiser un artisan qui vient y vendre ses créations de la journée; que ce soit un inuksuit en stéatite, des pualuit, (mitaines) ou des ulus, ces couteaux en demi-lune utilisés par les femmes. On a l’impression que tous, au village, surtout les femmes, sont des artistes!

Les Inuits

Inuit signifie « humains » en inuktitut (mot pluriel qui désigne 3 personnes ou plus, on utilise Inuk pour une seule personne et Inuuk pour deux) et Nunavimmiuts, les résidents du Nunavik. Au Québec, on n’utilise plus le terme esquimau, d’origine algonquienne et signifiant « mangeur de viande crue » donné par les explorateurs européens. Même si beaucoup parlent l’anglais (surtout à Kuujjuaq) et même très souvent le français, la majorité des Inuits parlent leur langue maternelle, l’inuktitut. Mais il est essentiel de retenir des mots de base comme: Ai! (bonjour!), ullaakkut (bon matin), atsunai (au revoir), nakurmiik (merci), Le contact sera d’autant plus facile pour créer des liens. Les Inuits sont accueillants et ont un bon sens de l’humour. N’hésitez pas à engager la conversation ou poser des questions. Une petite blague peut « briser la glace »!

La vie quotidienne

Un tour à l’épicerie du village est dépaysant! On y trouve à peu près de tout, aux prix plus élevés que dans le « Sud ». Mais vous pourriez avoir la chance de trouver de l’Omble de l’Arctique ou de la baleine, et pour sûr, des sections de rouleaux de tissus, de cols en fourrure et de peaux, pour la fabrication de parkas et de mocassins. Et ne soyez pas surpris, si en plein milieu d’une rangée vous tombez sur une belle motoneige, en vente! Sinon, en tant que visiteur, on peut délicatement se présenter au centre de couture locale (Sewing Center) ou, chaque après-midi de la semaine, des femmes se rencontrent pour coudre ensemble ou échanger des patrons pour la confection de kamiik, de parkas, d’alirtiik (chaussons d’intérieurs brodés ou perlés).

Les aurores boréales

C’est simple, en plein février sur les rives de rivière Koksoak, j’en ai vu un jour sur deux! Ces arsaniit qui s’élancent dans le ciel en de grands arcs ondulés verts ou violacés offrent un spectacle qui donne des frissons!

Joyaux naturels exceptionnels du Nunavik

Les 14 villages et les trois parcs nationaux présentent tous un attrait spécifique qui mérite largement le détour. En voici quelques-uns:

Le parc national des Pingualuit

C’est le premier parc national de la région. Il abrite un cratère météoritique nommé « l’œil de cristal du Nunavik » de 3,4 km de diamètre et de 400 mètres de profondeur dont la pureté des eaux, d’un bleu cobalt est reconnue mondialement.

Le parc national Kuururquaq

Les fervents de plein air seront comblés par ce parc couronné du massif des monts Torngat et du mont d’Iberville qui à 1 646m est le plus haut sommet du Québec!

Le parc de Tursujuq

D’une superficie de 26 107 km2, il s’y trouve le lac Guillaume-Deslisle, une immense nappe d’eau salée, idéale pour le kayak et l’observation de phoques et de bélugas et le lac à l’Eau Claire, le deuxième plus grand lac naturel de la province, un lieu idyllique pour faire du canot.

Les marées extrêmes de la Baie aux Feuilles

Proche du village de Tasiujaq, l’estuaire de la rivière aux Feuilles dans la Baie d’Ungava connait des marées qui excèdent régulièrement la marque des 15 mètres. Moins connues que celles de la Baie de Fundy, beaucoup prétendent qu’elles battent elles aussi le record des plus hautes du monde!

Le meilleur temps pour y aller

En hiver: mars et avril. En été: fin juin à mi-septembre.

Période idéale pour les aurores boréales: mars, septembre et octobre.

Un séjour au Nunavik peut s’avérer dispendieux, que ce soit pour le prix des billets d’avion pour s’y rendre et se déplacer entre les villages, l’hébergement, l’alimentation et les excursions. Il faut aussi prendre en considération les imprévisibles, comme la météo. Un blizzard peut paralyser les transports pendant quelques jours… Ça ne fait que pimenter l’aventure!

S’y rendre et s’y loger

First Air et Air Inuit offrent des vols réguliers de Montréal et Québec vers Kuujjuaq et Air Inuit dessert tous les villages. Le prix d’un billet de Montréal à Kuujjuaq est autour de 1000 $ (entre 2000$ et 3000$ l’aller-retour / 15 000 points Aéroplan) www.airinuit.com www.firstair.ca

La Fédération des Coopératives du Nouveau-Québec (FCNQ), gérée par des Inuit ont un hôtel dans chacun des villages: chambres très confortables, avec téléviseur, salle de bain privée et cuisine commune pour faire ses repas. (Prix moyen: 250$/nuitée).

Organiser son voyage avec les bons partenaires

L’Office du Tourisme : un must! www.nunavik-tourism.com  1 888 594-3424

Aventures Inuit (pour des séjours découverte sur mesure) www.aventuresinuit.ca

Aventures Arctique (pour des forfaits de pêche) www.arcticadventures.ca

Parcs nationaux www.parcsnunavik.ca

Croisières

Adventure Canada (croisière en navire « Au cœur de l’Arctique » qui fait un arrêt à Kuujjuaq) www.adventurecanada.com

(Source: Par Natalie Sicard pour Profession Voyages)