Récemment, une passagère a ressenti de l’inquiétude, de l’embarras et de la colère après son contrôle de sécurité à l’aéroport Pearson. Elle raconte son histoire pour que d’autres voyageurs puissent tirer profit de sa mésaventure.
Chaque jour au pays, des milliers de voyageurs transitent par les aéroports et doivent composer avec les contrôles de sécurité. Rares sont les journées où personne ne trouve rien à redire sur la façon dont se déroule ces formalités, et il arrive même que la façon dont on se fait traiter entraîne un sentiment de frustrations, voire de l’inquiétude, de l’embarras et de la colère.
C’est ce qui est récemment arrivé à une femme bien connue dans l’industrie canadienne du voyage, qui eu droit à toutes ces émotions, et plus encore, après son contrôle de sécurité à l’aéroport Toronto-Pearson.
La fouille, une formalité?
Le site de l’Administration canadienne de la sûreté du transport aérien (ACSTA) détaille tout ce qu’il faut savoirsur ses politiques de fouille physique — communément appelées fouille par palpation par la plupart des voyageurs
Toute personne choisie au hasard pour un contrôle supplémentaire est soumise soit à une fouille physique, soit à un scanneur corporel complet, lorsque celui-ci est disponible.
Bien sûr, les voyageurs qui déclenchent l’alarme du détecteur de métaux lors de leur passage doivent également subir un contrôle supplémentaire pour déterminer quel objet a activé l’alarme.
C’est souvent le cas pour M., qui a partagé son expérience récente de fouille à YYZ, et qui a demandé à rester anonyme pour des raisons de confidentialité.
Une fouille de formation
« Depuis des années, je porte toujours la même tenue à l’aéroport, pour des raisons de sécurité : pas de ceinture, des leggings, un débardeur, un pull et des chaussures de sport, dit-elle. Et ma montre entraîne toujours l’apparition d’un carré jaune/rouge au niveau de mon poignet, lorsque je passe la sécurité. »
Sauf que cette fois, l’alerte de sécurité n’est pas apparue sur son poignet gauche, mais au milieu de sa poitrine.
Ce jour-là, quatre ou cinq employés de l’ACSTA étaient rassemblés dans le cadre d’une session de formation avec un superviseur. Conformément à la politique de l’ACSTA, l’agent de contrôle était du même sexe que la personne à fouiller.
« Celle-ci m’a informée qu’elle devait me fouiller, ce à quoi j’ai consenti car je n’ai jamais eu une fouille de plus de quelques secondes sur mon poignet, dit M. Mais la fouille au niveau de la poitrine a duré beaucoup plus longtemps que la fouille habituelle du poignet – peut-être plus d’une minute. L’agent de contrôle était une femme, supervisée par une autre femme, avec deux autres personnes qui observaient – une femme et un homme. »
Gros malaise
« Après environ 30-40 secondes, je me suis sentie très mal à l’aise et j’ai regardé le personnel; l’agent masculin a détourné le regard quand je l’ai regardé, ce qui, selon moi, a validé l’aspect gênant de la situation. Les employés n’avaient pas l’air à l’aise non plus, malgré le fait que le superviseur ait confirmé que la fouille était nécessaire. »
Le site de l’ACSTA précise que la fouille par palpation peut impliquer une fouille visuelle par l’agent de contrôle pour repérer tout objet inhabituel, ainsi qu’une fouille physique par l’agent, qui peut utiliser le toucher pour vérifier les objets qui pourraient être dissimulés sous les vêtements. « Vous avez toujours le droit de refuser la fouille ; cependant, vous ne serez pas autorisé à passer le point de contrôle de sûreté avant l’embarquement », indique l’ACSTA.
Le site précise également que la fouille par palpation « est toujours effectuée de la manière la plus professionnelle et respectueuse possible. »
Après avoir finalement réussi à franchir les contrôles de sécurité, M. ne pouvait pas se défaire de l’impression que quelque chose n’allait pas.
« J’ai immédiatement appelé mon mari car je me sentais violée dans mon intimité, dit-elle. Il m’a confirmé que ce n’était pas normal et m’a conseillé de retourner parler à quelqu’un. Je suis retournée moins de cinq minutes plus tard, et tout le personnel avait été remplacé par de nouveaux employés de l’ACSTA. »
Abus de pouvoir absolu
Tous les doutes que M. aurait pu avoir sur son expérience se sont dissipés des semaines plus tard, lorsque sa sœur lui a envoyé un article de CBC. Son titre : « Des passagers se sont plaints du comportement non professionnel du personnel de contrôle; maintenant, les agents prennent la parole. »
L’article faisait suite au rapport d’août de la CBC concernant environ 138 plaintes soumises à la CATSA par des passagers à l’aéroport d’Ottawa (YOW) entre janvier 2023 et mai 2024.
Selon la CBC, les plaintes les plus courantes concernaient des comportements non professionnels, impolis et envahissants des agents de contrôle pendant les fouilles corporelles et des bagages – et les voyageurs ont décrit ces incidents avec des termes tels que « vraiment révoltant », « insensible » et « un abus de pouvoir absolu. »
En réponse, l’article du 5 septembre de la CBC comprenait des témoignages d’anciens agents de contrôle qui ont parlé de la mauvaise gestion, du taux élevé de roulement du personnel et de l’afflux de nouvelles recrues, et de la sous-traitance à laquelle l’ACSTA a eu recours.
La ruée vers les agents
On le sait, l’industrie du voyage canadienne a dû se ruer pour embaucher du personnel lorsque la demande pour les voyages a explosé, après la pandémie. Des rapports faisant état de longues files d’attente dans les aéroports du Canada, les bureaux de passeports, et d’autres services étaient omniprésents dans ces premiers jours de reprise.
Dans son rapport annuel de 2023, l’ACSTA a déclaré qu’elle « continuera à travailler en collaboration avec Transports Canada, les autorités aéroportuaires, les compagnies aériennes, les sous-traitants du contrôle et d’autres partenaires de l’industrie pour fournir des services de contrôle de sécurité efficaces et efficients tout en étant un partenaire essentiel dans la reprise de l’industrie de l’aviation civile, sans compromettre l’efficacité de la sécurité ».
L’ACSTA a ajouté que « l’organisation continuera d’augmenter la capacité des agents de contrôle » et que « comme on le voit dans de nombreux marchés du travail, il existe des défis dans l’embauche de nouveaux agents de contrôle » et qu’il faut simultanément « faire face à la demande croissante pour les voyages aériens. » En conséquence, les sous-traitants du contrôle « continueront de répondre à ces pressions en recrutant de nouveaux agents .»
Le rapport de 2023 a également noté que « l’ACSTA a largement collaboré avec Transports Canada afin de continuer à accélérer la formation des nouvelles recrues ».
Depuis, M. est de nouveaux passée par la sécurité dans les aéroports de Vancouver et de Toronto, et que le carré d’alerte jaune/rouge ne s’est pas affiché, ni sur sa poitrine, ni sur son poignet. « J’espère que cela signifie que ma situation a été prise en compte et résolue », dit-elle.
Des réponses laconiques de l’ACSTA
Nous avons contacté l’ACSTA pour poser des questions sur les lignes directrices et les meilleures pratiques en matière de procédure de palpation, et en guise de réponse, nous avons reçu un lien vers la section de palpation sur le site de l’ACSTA.
Après avoir décrit l’expérience de palpation de M., fait référence à l’article de CBC et celui de Radio-Canada et avoir proposé à l’ACSTA de formuler un commentaire, nous lui avons également demandé comment un passager pouvait communiquer avec l’ACSTA pour lui faire part de ses préoccupations. Aucune réponse supplémentaire ne nous a été fournie.