L’appel du luxe en voyage

Le luxe s’immisce dans les voyages sous différentes formes, et les voyageurs sont prêts à couper ailleurs pour en profiter. Le Réseau de veille en tourisme fait le point sur cette tendance.


S’offrir un peu de luxe et se faire plaisir nourrit de plus en plus l’idée qu’on se fait d’une belle qualité de vie.

Vivre une expérience gastronomique, faire du glamping, aller au spa, s’aventurer avec un petit groupe guidé en territoire éloigné, assister à un spectacle à grand déploiement : la notion de luxe est très variable selon les points de vue. Le fait de voyager à l’étranger est aussi considéré par plusieurs consommateurs comme un luxe. 

Certains voyageurs québécois interrogés par la Chaire de tourisme Transat lors d’une enquête effectuée en novembre 2023 n’ont pas l’intention de mettre le couperet dans ces pratiques de luxe. En fait, 47 % des personnes sondées sont neutres ou ne se déclarent pas freinées par le contexte économique actuel. Elles sont d’ailleurs plus portées que les autres (20 % des personnes sondées) à ne pas chercher à adopter des comportements pour réduire le coût associé aux voyages (8 % des personnes sondées). 

 

Se payer du luxe pour se faire du bien

Mais s’accorder du luxe n’est pas une exclusivité réservée aux plus fortunés. L’attrait des expériences exceptionnelles et mémorables se maintient alors que les consommateurs doivent faire face à des hausses de prix dans pratiquement tous les secteurs.

Dans de nombreux cas, des compromis doivent être consentis sur d’autres dépenses, comme sur les biens matériels ou encore en choisissant de consommer des produits plus économiques au quotidien.  

Certains consommateurs chercheront ainsi à vivre des expériences mémorables, voire s’offrir du luxe, mais dans une formule plus abordable. Les attentes seront certainement élevées, compte tenu des sacrifices à faire.  

 

Offrir l’aventure aux 50 ans et plus 

L’entreprise G Adventures développe une nouvelle série d’itinéraires guidés spécifiquement pour les adeptes de voyages d’aventure de 50 ans et plus à la recherche d’un certain confort ou d’expériences plus luxueuses.

Les composantes du séjour correspondent aussi aux valeurs associées à l’entreprise, c’est-à-dire générer des retombées positives dans la communauté d’accueil, de bénéficier aux entrepreneurs locaux tout en minimisant l’impact environnemental. Il s’agit d’un positionnement qui contribue à sa renommée.  

La collection de séjours Geluxe propose ainsi aux voyageurs matures et actifs la découverte de destinations par des activités d’aventure, des ateliers de cuisine locale ou des séances de yoga dans des sites idylliques, le tout avec des hébergements d’expérience haut de gamme et de la restauration gastronomique. Évidemment, les tarifs sont fixés en conséquence.

Cette nouvelle offre, disponible dès mai 2024, est issue d’une demande de la clientèle qui évolue avec l’entreprise, mais aussi du constat du vieillissement de la population et des attentes de celle-ci en matière d’expériences touristiques. G Adventures vient d’enregistrer sa meilleure performance financière depuis les 33 dernières années. 

 

Choisir la qualité avant le prix

Le site booking.com s’est penchée sur les attentes de cette clientèle du tourisme de luxe, soit celle qui affirme choisir généralement des hébergements de qualité supérieure et dont les tarifs sont d’une importance secondaire.

À cette fin, l’entreprise a réalisé un sondage auprès de 2795 de ses clients Premium résidant aux États-Unis, au Royaume-Uni, en France et en Allemagne, et voici ce qui en a résulté.

D’abord, la qualité doit percoler à travers trois volets : faire ressortir le classement (par étoiles ou autrement), traiter sérieusement les avis en ligne et mettre en valeur la qualité de la restauration ou d’un chef.

Ensuite, l’emplacement de l’hébergement choisi joue également un rôle très important. Du moins, l’adepte du tourisme de luxe doit constater qu’il y a plusieurs lieux d’intérêt et des restaurants de qualité dans les environs du lieu où il réside. Les équipements de bien-être, comme un spa, une salle d’entraînement et une piscine tombent aussi dans les bonnes grâces de cette clientèle. Les points de vue environnants, le niveau de bruit ambiant et la décoration intérieure moderne l’interpellent aussi – les hébergements fraîchement rénovés suscitent d’ailleurs son intérêt. Une surveillance 24 heures et des entrées indépendantes – gages d’intimité – sont aussi des facteurs gagnants.

Enfin, la qualité du service passe par l’excellence de la nourriture, par des prestations personnalisées et par un accueil exemplaire.

 

Du luxe accessible

De leur côté, des compagnies aériennes rendent disponibles des places en classe affaires à des tarifs spéciaux. Ces options, en nombre restreint, prennent l’appellation de « Business Class Light ».

À la différence de l’offre classique, la « version allégée » ne donne pas accès aux salons d’aéroport ou aux autres avantages habituellement octroyés aux voyageurs de cette catégorie.

Ainsi, des transporteurs, comme Qatar Airways, Finnair, Air France et KLM ont ajouté des tarifs de classe affaires light à leur palette d’options pour les voyageurs recherchant plus de confort.

Voilà une belle façon de combler ou même d’aller au-delà des attentes d’une clientèle qui souhaite s’accorder un certain niveau de luxe, tout en lui donnant l’occasion de faire un choix raisonnable ou qui correspond à son budget. 

 

Créer des expériences qui font du bien

Cette tendance à s’offrir du luxe n’est pas étrangère à celle du bien-être qui véhicule l’idée de l’importance de se faire plaisir, de se faire du bien. Mais cette notion est extrêmement variable d’un individu à l’autre, d’un segment de marché à l’autre.

Qu’est-ce qui permettrait ainsi à une offre de générer ce petit plus qui susciterait de l’engouement auprès d’une clientèle? Ou même chez de nouveaux marchés? Un service complémentaire, une activité extravagante, une offre culinaire exclusive? Ça reste à voir!

Cet article a été réalisé par le Réseau de veille en tourisme de la Chaire de tourisme Transat de l’École des sciences de la gestion de l’UQAM. Il fait partie du Cahier Tendances 2024 réalisé par l’équipe de la Chaire.