Voici l’avis des experts et des agents de voyages sur les personnes vaccinées et non-vaccinées à bord des navires de croisières

12 août 2021 – Les croisières sont enfin de retour. Ces dernières semaines, un nombre croissant de compagnies de croisière ont célébré leur reprise très attendue à partir de ports américains et non américains. Toutes ont mis en place de nouveaux protocoles de santé et de sécurité dans le cadre de la pandémie, et beaucoup sont allées jusqu’à exiger que tous les clients et membres de l’équipage soient vaccinés contre la COVID-19.

Mais en l’absence d’une obligation de vaccination universelle et alors que les enfants de moins de 12 ans ne peuvent toujours pas être vaccinés, des passagers vaccinés et non vaccinés peuvent se retrouver sur le même navire au même moment, ce qui remet en question les solutions des compagnies de croisière pour garantir la sécurité, la santé et la satisfaction de tous les passagers.

Pour ceux qui sont vaccinés, l’expérience de croisière sera proche de ce qu’elle était avant la pandémie, avec un accès à toutes les installations et commodités à bord. Mais pour les personnes qui ne sont pas vaccinées, que ce soit par choix personnel ou non, ou qui ont reçu des doses mixtes de vaccins contre la COVID-19 qui ne sont pas reconnus par le CDC, la situation est différente. Elles peuvent être confrontées à des exigences de test coûteuses, à une assurance voyage obligatoire, à des zones interdites à bord et à des restrictions à terre.

Royal Caribbean a fait les gros titres plus tôt cet été en annonçant des croisières avec des passagers non vaccinés au départ de la Floride, où le gouverneur Ron DeSantis a promulgué en mai une loi controversée interdisant le passeport vaccinal, qui empêchait les compagnies de croisière de demander aux passagers une preuve de vaccination. N’exigeant pas de vaccination obligatoire pour ses clients, Royal Caribbean a toutefois déclaré qu’il était « fortement recommandé aux clients de monter à bord en étant entièrement vaccinés, s’ils sont éligibles ». S’ils ne le sont pas, ils devront se soumettre à leurs frais à un test de COVID-19 supplémentaire avant et pendant leur croisière et fournir la preuve d’une police d’assurance valide. Ils seront également interdits de casino et de My Time Dining, et devront s’asseoir dans des zones désignées dans la salle à manger principale, les bars et les salons, entre autres restrictions.

Ce n’est pas un système parfait, loin de là. Certains voyageurs et experts en croisières expriment des inquiétudes quant à la logistique et à une éventuelle distinction de classe à bord. Mais pour les compagnies de croisière qui naviguent en cette période sans précédent, c’est un système né de la nécessité.

Vance Gulliksen, de Carnival Cruise Line, explique à notre rédaction que, même si la compagnie n’organise que des croisières avec des personnes vaccinées, elle a mis en place des mesures permettant d’accorder un petit nombre d’exemptions aux clients non vaccinés, tels que définis par le CDC, y compris les enfants de moins de 12 ans. Ces clients doivent demander une exemption avant leur croisière. Carnival considère qu’un client est entièrement vacciné 14 jours après avoir suivi un régime de vaccination approuvé par la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis ou l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Conformément aux directives des CDC, Carnival ne reconnaît pas non plus comme entièrement vaccinés les clients ayant reçu une combinaison d’AstraZeneca et une dose de Pfizer ou Moderna.

« En général, les clients vaccinés et non vaccinés sont ensemble à bord, mais les clients non vaccinés doivent respecter un certain nombre de protocoles à bord impliquant des tests supplémentaires, une assurance voyage et d’autres procédures », dit-il, ajoutant que de plus amples détails peuvent être trouvés sur la page Web de Carnival « Have Fun. Be Safe » de Carnival sur carnival.com. « Il n’y a pas de visite touristique indépendante dans les ports d’escale pour les clients non vaccinés. Ils ne peuvent débarquer que s’ils sont inscrits à une “excursion bulle” organisée par Carnival. Les jeunes et les adolescents non vaccinés ne seront pas non plus autorisés à participer aux programmes spéciaux pour les jeunes. »

Lorsqu’on lui demande si Carnival a reçu des réactions négatives de la part des clients non vaccinés qui ne pourront pas profiter de tous les services et commodités pendant leur croisière, Gulliksen répond que jusqu’à présent, la réponse de ces clients a été remarquable.

« Nous avons constamment communiqué avec nos clients et nos partenaires conseillers en voyages pour leur faire savoir à quoi s’attendre pendant leur croisière. Ce dialogue permanent a été très bien accueilli par les clients, qui sont heureux de naviguer pour la première fois depuis de nombreux mois », déclare-t-il.

Bien que Carnival ait peu de réactions de la part des clients non vaccinés ou ayant reçu des doses mixtes, les experts du secteur réclament une approche plus rationnelle afin d’éviter toute confusion parmi toutes les catégories de clients. Bien que la CLIA, la plus grande association commerciale de l’industrie des croisières au monde, considère les vaccins comme un « cruciaux », elle n’a actuellement pas de politique relative aux vaccins pour ses compagnies de croisière membres. Elle étudie toutefois une « approche viable pour envisager les vaccins, une fois qu’ils seront largement disponibles, dans le cadre de protocoles solides ».

Vanessa Lee, présidente de Cruise Strategies Ltd, explique à notre rédaction que le fait d’avoir à bord des passagers vaccinés et non vaccinés est une situation « sans issue » et qu’elle sera difficile à gérer pour les compagnies de croisière.

« Cette situation peut générer des conflits entre les clients de différentes catégories qui partent ensemble. De plus, les personnes non vaccinées peuvent tomber malades et devoir rentrer chez elles. Et seront-elles prêtes à porter le masque en permanence ? Je n’en suis pas si sûre », dit-elle. « Je préférerais que toutes les compagnies de croisière insistent pour que les passagers et les membres d’équipage de plus de 12 ans soient vaccinés. Je ne ferais pas de croisière avec une compagnie qui n’a pas mis en place ces protocoles de sécurité et de santé. »

Lee, qui au début du mois a navigué avec Silversea dans les îles grecques sur le nouveau Silver Moon, où tout le monde à bord a été entièrement vacciné et testé deux fois pendant le voyage, dit qu’une obligation de vaccination à l’échelle de l’industrie sera difficile à mettre en œuvre, même si à son avis la plupart des compagnies de croisière sont pour.

« Le problème est que certaines compagnies sont basées en Europe et doivent gérer des clients européens et nord-américains qui ont des niveaux différents de gestion de la vaccination », explique-t-elle. « Certaines ont pris ce parti très tôt tandis que d’autres en sont encore à prendre leurs décisions. Certaines compagnies ont beaucoup de familles parmi leurs clients et les moins de 12 ans deviennent un problème. D’autres encore doivent commencer leur croisière en Floride, ce qui est une autre paire de manches en raison de la position du gouverneur. La situation est assez précaire à l’heure actuelle et nous verrons les compagnies de croisière évoluer dans leur réflexion et modifier leurs mesures afin de mieux protéger la santé de leur équipage, de leurs prestataires à terre et de leurs clients. »

Source : Cindy Sosroutomo pour le groupe Travelweek/Profession Voyages