Jour de la Terre : Quand Ponant navigue toutes voiles dehors vers le futur

Avec son navire-concept Swap2Zero, Ponant ouvre la voie vers la navigation décarbonée. En ce Jour de la Terre, nous vous présentons le premier d’une nouvelle génération de navires zéro émission.


Depuis quelques années, la compagnie de croisières Ponant travaille d’arrache-pied sur un projet sans précédent de navire transocéanique qui vise la neutralité carbone en opération.

Pour ce faire, l’équipe Recherche et développement de Ponant a imaginé un concept précurseur associant six technologies, le « voilier » SWAP2Zero (pour Sustainable, Wind Assisted Propulsion, Zero Emission Ready).

Prévu pour voir le jour avant 2030, il se veut un catalyseur de solutions énergétiques nouvelles, une révolution technologique qui place le développement durable au cœur du projet.

 « Notre futur navire vise zéro émission de gaz à effet de serre en navigation, en manœuvre, au port et au mouillage, explique Hervé Gastinel, président de Ponant. Son empreinte carbone sera réduite tout au long de son cycle de vie; aux énergies renouvelables fournies par le vent et le soleil seront combinées des énergies décarbonées et non fossiles associées à des piles à combustibles. »

 

Un navire futuriste

Avec une centaine de cabines et 181 mètres de longueur, ce voilier du futur ouvrira une nouvelle ère pour l’industrie maritime, en phase avec les nouvelles réglementations européennes et internationales sur les émissions de gaz à effet de serre.

« Nous vivons une révolution mondiale où les sources d’énergie deviendront rares et chères, et il nous faut changer de paradigme et de façon de penser, mais aussi cesser d’agir comme à l’époque où les ressources étaient abondantes et abordables », ajoute Mathieu Petiteau, directeur Nouvelles constructions et Recherches & développement, en entrevue avec Profession Voyages.

 

Six technologies clé pour décarboner

Pour atteindre ses objectifs, la compagnie de croisières adopte une démarche inédite d’écoconception qui permettra une autonomie d’un mois grâce à l’utilisation inédite de six éléments technologiques majeurs visant la décarbonation.

  1.  Un système vélique et une carène permettant de fournir en moyenne 50 % de l’énergie de propulsion par la force du vent;
  2. Plus de 1000 m2 de surface de panneaux photovoltaïques avec des dispositifs de nouvelle génération, solaires, organiques et écoconçus, intégrés dans les structures et les voiles;
  3. Une pile à combustible (basse température) fonctionnant à l’hydrogène liquide dédiée à la propulsion, avec recyclage de l’eau et de la chaleur produite;
  4. Une pile à combustible (haute température) qui sert aux besoins en électricité du navire, la chaleur dégagée étant récupérée pour la production d’eau chaude;
  5. Une technologie de captation de carbone à bord, couplée à la pile à haute température;
  6. Un système innovant de gestion de l’énergie qui permet le contrôle et la répartition des puissances sans qu’aucun groupe électrogène ne soit en service.

 

Une nouvelle façon de naviguer

« Bien plus qu’un nouveau navire, nous voulons proposer une nouvelle manière de naviguer et contribuer activement à la décarbonation du secteur maritime », dit Hervé Gastinel.

Hervé Gastinel, président de Ponant – crédit: Théo Giacometti

« Notre équipe R&D interne a rassemblé les meilleurs spécialistes de la construction navale et des énergies renouvelables pour imaginer et mettre au point un modèle énergétique qui tend vers le zéro émission, poursuit le dirigeant. Avec Swap2Zero, nous allons bâtir une vitrine technologique française à même de convaincre d’autres acteurs de s’engager dans la navigation carboneutre. »

Car par les temps qui courent, on trouve énormément de projets de navires qui veulent se convertir, mais qui ne se basent que sur une ou deux technologies. « De notre côté, nous en utilisons six, assemblées les unes aux autres, et qui permettent un mois d’autonomie en mode zéro émission », précise Mathieu Petiteau.

 

Une compagnie de croisières novatrice

Mathieu Petiteau, directeur Nouvelles constructions et Recherches & développement, Ponant – crédit: Olivier Blaud

« Il a toujours été dans l’ADN de Ponant de prendre les devants et de concevoir des navires innovants, rappelle Mathieu Petiteau. Déjà, le Commandant Charcot est l’un des premiers navires à avoir risqué d’utiliser le gaz naturel liquéfié comme combustible. »

« Mais nous voulons aussi réduire nos émissions de 15 % en 2026 et de 30 % en 2030, poursuit l’expert. Avec l’optimisation énergétique des navires actuels, nous pouvons y arriver; mais au-delà de 30 %, il nous faut changer de type d’énergie. »

Le pari de Ponant? « Nous en sommes venus à la conclusion que de nos jours, on ne peut transformer un navire existant qu’au-delà d’une certaine limite, alors il nous faut concevoir un tout nouveau navire dès le début, de manière à travailler sur des axes d’efficacité énergétiques », explique Mathieu Petiteau.

 

Du vent et du soleil à l’infini

Puisque le vent et le soleil sont gratuits et abondants en mer, Ponant a d’abord choisi d’optimiser au maximum ces sources d’énergie. En surface, le futur navire comprendra ainsi des « voiles rigides » développées par une société française (deux appels d’offre de conceptions différentes ont été lancés); en-dessous, il intègrera une nouvelle génération de propulsion vélique inspirée des courses de bateau de type Coupe America.

« De la même manière que la Formule 1 influence la technologie utilisée dans les voitures normales, nous récupérons la technologie des bateaux de course, explique Mathieu Petiteau. Nous nous sommes aussi inspirés de notre navire à voile, le Ponant. C’est lui qui nous a guidés dans le design d’un navire plus grand (280 m) qui serait performant avec des voiles. »

Selon lui, on n’est plus dans l’esprit de la voile mais bien dans celui d’une aile d’avion. « On utilise ses propriétés aérodynamiques, avec six mats qui sont plus performants qu’une voile traditionnelle, et qui s’orientent à 360 degrés, au doigt et à l’œil, poursuit le directeur. Ce sera la première fois qu’on intègrera six mats de ce genre sur un navire passager. »

Évidemment, il faudra adapter l’itinéraire de ce navire et éviter les régions peu ou pas venteuses, et celles où le soleil ne perce que rarement les nuages.

 

Un navire propre, même sous l’eau

Si Ponant veut éliminer ses émissions de carbone dans l’air, l’entreprise veut aussi réduire ses émissions dans le milieu marin. « Nous allons viser le zéro rejet en mer en partant du principe que tous les déchets produits à bord doivent pouvoir être transformés en quelque chose de valorisable, ou une énergie, ou une autre matière qui puisse être recyclée », explique Mathieu Petiteau.

Par exemple, on pourra récolter toutes les huiles de friture à bord, les revendre à terre dans des filières parallèles pour qu’elles soient transformées en biocarburants et qu’elles reviennent à bord d’autres navires – ce qu’a commencé à faire le Champlain, un des navires de Ponant, l’an dernier.

 

Toujours plus verte

Enfin, Ponant souhaite développer des activités de science à bord de son nouveau navire, comme c’est présentement le cas sur le Commandant Charcot. « Nous voulons y installer des labos pour accueillir des scientifiques et leur permettre d’étudier l’environnement, mais aussi faire des prélèvements et des analyses », conclut Mathieu Petiteau.

D’ici là, Ponant continue de progresser vers le futur, qui lui apparaît de plus en plus vert : en février dernier, la compagnie de croisières est devenue la première au monde à être certifiée Green Globe, prouvant du coup son engagement indéfectible envers le développement durable de ses activités touristiques.

La certification vise l’ensemble de ses quatre navires de la série Le Boréal, de ses six Ponant Explorers ainsi que le Commandant Charcot et le voilier Le Ponant. Une belle et encourageante reconnaissance, qui pousse l’entreprise à poursuivre son cheminement vers la décarbonation.

 

Info : ponant.com