Après le spectaculaire crash d’hier, les vols ont repris mais deux pistes demeurent fermées, alors que les enquêteurs du Bureau de la sécurité des transports du Canada commencent leur travail.
Ce matin, les autorités de l’aéroport de Pearson indiquent que les avions arrivent et partent, mais on conseille aux voyageurs de vérifier le statut de leur vol avant de se rendre à l’aéroport.
Hier, la neige soufflée par des rafales atteignait 65 km/h et tourbillonnait, au moment où le vol en provenance de Minneapolis, qui transportait 76 passagers et quatre membres d’équipage, a tenté d’atterrir vers 14 h 15.
Les communications entre la tour de contrôle et le pilote étaient normales lors de l’approche, et on ignore encore ce qui a mal tourné au moment où l’avion a touché le sol.
Peter Carlson, un passager voyageant à Toronto pour une conférence de paramédics, a décrit l’atterrissage comme « très violent ».
« Tout à coup, tout est parti de travers, et la seconde d’après, je me suis retrouvé à l’envers, toujours attaché », a-t-il raconté à CBC News.
Toujours l’inconnu
Les autorités canadiennes ont tenu deux brèves conférences de presse mais n’ont fourni aucun détail sur l’accident. Une vidéo publiée sur les réseaux sociaux montre l’épave du CRJ-900LR retournée, le fuselage semblant intact, tandis que les pompiers éteignent les dernières flammes et que les passagers sortent en marchant sur le tarmac.
« Nous sommes très reconnaissants qu’il n’y ait eu aucune perte de vie et que les blessures soient relativement mineures », a déclaré Deborah Flint, PDG de l’Autorité aéroportuaire du Grand Toronto.
Le chef des pompiers de Pearson, Todd Aitken, a indiqué que 18 passagers avaient été transportés à l’hôpital. Plus tôt dans la journée, l’ambulance aérienne Ornge a signalé avoir transporté un enfant blessé à l’hôpital SickKids de Toronto et deux adultes blessés vers d’autres hôpitaux de la ville.
Les secours sont arrivés sur place en quelques minutes, et Todd Aitken a déclaré que l’intervention « s’était déroulée comme prévu ». Il a ajouté que « la piste était sèche et qu’il n’y avait pas de conditions de vent de travers ».
Un quatrième accident majeur en quelques semaines
Il s’agit du quatrième accident aérien majeur en Amérique du Nord au cours des trois dernières semaines.
Le dernier accident majeur à Pearson remonte au 2 août 2005, lorsqu’un Airbus A340 en provenance de Paris avait quitté la piste et pris feu sous un temps orageux. Les 309 passagers et membres d’équipage du vol Air France 358 avaient survécu.
Lundi, Pearson était soumis à des chutes de neige et à des vents de 51 km/h avec des rafales atteignant 65 km/h, selon le Service météorologique du Canada. La température était d’environ -8,6 °C.
Le vol de Delta avait reçu l’autorisation d’atterrir vers 14 h 10. Des enregistrements audio montrent que la tour de contrôle avait prévenu les pilotes d’un possible « choc d’air » à l’approche.
« Cela me semble être un contrôleur essayant d’être utile, signifiant que le vent risque de secouer l’appareil et de provoquer des turbulences sur la trajectoire de descente », a expliqué John Cox, PDG de Safety Operating Systems, une société de conseil en sécurité aérienne basée à St. Petersburg, en Floride.
Beaucoup, beaucoup de vent
« Il y avait du vent, poursuit-il. Mais les avions sont conçus et certifiés pour gérer cela, et les pilotes sont formés et expérimentés pour y faire face. »
L’avion s’est immobilisé à l’intersection des pistes 23 et 15L, non loin du début de la piste. Juste après le crash, les contrôleurs de la tour ont communiqué avec l’équipage d’un hélicoptère médical qui venait de quitter Pearson et retournait pour aider.
« Juste pour votre information, il y a des personnes dehors qui marchent autour de l’appareil », a signalé un contrôleur. « Oui, on voit ça. L’appareil est à l’envers et en feu », a répondu le pilote de l’hélicoptère médical.
La tête froide, même à l’envers
Le passager Carlson fait partie de ceux qui étaient à l’extérieur de l’appareil. Lorsqu’il a détaché sa ceinture, il est tombé sur le plafond, devenu le sol. Il a senti une odeur de carburant, vu du kérosène couler sur les hublots et su qu’il devait sortir, mais son instinct paternel et ses compétences de paramédic ont pris le dessus. Il a cherché à aider les autres.
Avec un autre homme, il a ainsi aidé une mère et son jeune fils à sortir de l’avion, avant de sauter sur le tarmac. La neige soufflait et il « avait l’impression de marcher sur la toundra ».
« Je me fichais de savoir à quel point il faisait froid, de la distance à parcourir ou du temps à attendre — nous voulions juste sortir de l’avion », a-t-il raconté.
Un avion capable d’en prendre
John Cox, ancien pilote de U.S. Air pendant 25 ans et enquêteur pour le National Transportation Safety Board aux États-Unis, a expliqué que le CRJ-900 est un avion éprouvé, en service depuis des décennies, et bien adapté aux conditions météorologiques difficiles. Il a souligné qu’il était rare qu’un avion se retrouve sur le toit.
« Nous avons vu quelques cas de décollages où des avions se sont retrouvés inversés, mais c’est assez rare », a-t-il dit. Parmi les questions à éclaircir, il se demande pourquoi l’aile droite de l’avion manquait après le crash.
« Si une aile est absente, l’appareil a tendance à se renverser, a-t-il expliqué. Ce seront des questions essentielles : que s’est-il passé avec l’aile, que révèleront l’enregistreur de données de vol et l’enregistreur vocal du cockpit ? Ils seront retrouvés, si ce n’est aujourd’hui, demain, et le Bureau de la sécurité des transports du Canada en tirera une compréhension très claire de ce qui s’est réellement produit. »
Le Canada mène l’enquête
L’Administration fédérale de l’aviation des États-Unis (FAA) a déclaré que le Bureau de la sécurité des transports du Canada dirigerait l’enquête et fournirait toute mise à jour. Le National Transportation Safety Board (NTSB) américain a indiqué qu’il envoyait une équipe pour assister les autorités canadiennes.
Endeavor Air, basée à Minneapolis, est une filiale de Delta Air Lines et le plus grand opérateur mondial de CRJ-900. La compagnie exploite 130 jets régionaux et effectue 700 vols quotidiens vers plus de 126 villes aux États-Unis, au Canada et dans les Caraïbes, selon son site web.
Le CRJ-900, un avion régional populaire, a été développé par Bombardier. Il appartient à la même famille que le CRJ-700, un modèle impliqué dans la collision en vol près de l’aéroport Reagan National le 29 janvier.
Avec des informations de The Associated Press.