Le secrétaire au Commerce des États-Unis, Howard Lutnick, a suggéré d’adopter des politiques fiscales plus strictes pour les compagnies de croisière.
Les actions des principales compagnies de croisière ont chuté, jeudi dernier, après que le secrétaire au Commerce des États-Unis, Howard Lutnick, ait laissé entendre que l’administration Trump pourrait imposer des politiques fiscales plus strictes au secteur.
Lors d’une interview sur Fox News relayée par plusieurs médias, Howard Lutnick a ainsi remis en question le régime fiscal actuel des compagnies de croisière.
« Avez-vous déjà vu un navire de croisière avec un drapeau américain à l’arrière?, a-t-il demandé. Aucun d’entre eux ne paie d’impôts… Cela va changer sous Donald Trump. »
À la suite de ces déclarations, les actions de Carnival ont chuté de 5,9 %, celles de Royal Caribbean de 7,6 %, Norwegian Cruise Line a reculé de 4,9 % et Viking Holdings a perdu 3 %.
Une réaction jugée excessive
Les analystes de Stifel Financial estiment que la réaction du marché est exagérée et conseillent aux investisseurs de considérer cette baisse comme une opportunité d’achat.
« C’est probablement la dixième fois en 15 ans qu’un politicien (ou un autre bureaucrate de Washington) évoque une réforme de la fiscalité des compagnies de croisière », font valoir les analystes de Stifel, dirigés par Steven Wieczynski. « Et chaque fois que cela a été proposé, ça n’a pas abouti. »
Le cabinet rappelle que les compagnies de croisière sont classées dans la même catégorie fiscale que l’industrie du transport maritime de fret aux États-Unis. Toute modification fiscale affecterait donc un secteur bien plus vaste.
« Cela signifierait qu’il faudrait chambouler toute l’industrie du fret avant même d’en arriver aux croisières, qui ne représentent qu’une infime partie du secteur du transport maritime », précise le rapport.
De plus, les analystes suggèrent que si des règles fiscales plus strictes étaient appliquées, les opérateurs de croisières pourraient délocaliser leur siège social hors des États-Unis, ce qui pourrait avoir un impact sur les emplois américains.
Étant donné que la majorité de leurs activités se déroulent en eaux internationales, l’application de nouvelles réglementations fiscales pourrait s’avérer compliquée.
Stifel Financial maintient une recommandation d’achat sur six compagnies de croisière : Carnival, Royal Caribbean, Norwegian, Viking, Lindblad Expeditions Holdings et OneSpaWorld Holdings.
L’industrie réagit
L’Association internationale des compagnies de croisière (CLIA) a défendu les contributions du secteur, affirmant que les opérateurs de croisières paient déjà des taxes importantes aux États-Unis.
« Les compagnies de croisière versent près de 2,5 milliards de dollars en taxes et redevances aux États-Unis, ce qui représente 65 % du total des taxes qu’elles paient à l’échelle mondiale, alors qu’une petite partie seulement de leurs opérations a lieu dans les eaux américaines », dit la CLIA dans un communiqué.
« Les navires battant pavillon étranger qui font escale aux États-Unis sont soumis aux mêmes règles fiscales que les navires américains visitant des ports étrangers, garantissant ainsi un traitement fiscal international cohérent », de conclure la CLIA.