Selon certains, les offices de tourisme états-uniens doivent cependant faire plus que simplement inviter les Canadiens à revenir pour qu’ils envisagent cette éventualité.
Le boycott par les Canadiens des voyages aux États-Unis frappe durement les plages californiennes, ce qui a incité le gouverneur de l’État à lancer un appel sur les réseaux sociaux pour les convaincre de revenir.
Dans une vidéo publiée la semaine dernière, le gouverneur Gavin Newsom exhorte en effet les deux millions de Canadiens qui ont visité la Californie l’an dernier à faire abstraction de Donald Trump et à revenir profiter du vin, du soleil et des vagues californiens.
Sans clairement mentionner Trump, le gouverneur a ainsi déclaré que les Canadiens ne devraient pas laisser une querelle avec Washington les empêcher de renouveler leur histoire d’amour avec son paradis côtier.
« Bien sûr, vous-savez-qui essaie de semer la zizanie à Washington, mais ne laissez pas cela gâcher vos plans de vacances à la plage », de dire Gavin Newsom dans sa vidéo, qui fait partie d’une campagne publicitaire de 5,2 millions de dollars américains destinée à faire revenir les Canadiens de l’autre côté de la frontière.
Une baisse considérable
Comme on le sait, les Canadiens ont fortement réduit leurs projets de vacances au sud de la frontière ces dernières semaines, en raison de la guerre tarifaire en cours avec les États-Unis, d’un dollar canadien relativement faible, de rapports sur des voyageurs détenus par les autorités américaines, et des déclarations de Trump envisageant ouvertement l’annexion du Canada.
Bien que Trump ait récemment atténué ses attaques verbales envers le Canada, la porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt, a réaffirmé la semaine dernière qu’il pense toujours que le Canada devrait devenir le 51e État.
La Californie estime que les Canadiens sont les deuxièmes plus importants visiteurs internationaux à alimenter son économie touristique. Les responsables du tourisme de l’État indiquent que les visites canadiennes ont chuté de 12 % en février par rapport au même mois l’an dernier.
« Nous voulons faire passer le message : ‘Vous êtes toujours les bienvenus ici, dès que vous serez prêts à voyager’ », indique Caroline Beteta, présidente de l’agence de promotion touristique Visit California.
C’est gentil mais…
Au Canada, les agents de voyage dressent cependant un tableau plus sombre de la situation.
McKenzie McMillan, conseillère en voyages chez The Travel Group à Vancouver, explique que si l’activité générale de l’agence est restée stable, c’est parce que les clients ont opté pour des destinations en Europe, en Asie et au Mexique, au lieu des États-Unis. Mais les voyages vers les États-Unis se sont pratiquement évaporés.
« Nous avons assisté à un effondrement quasi total des voyages vers les États-Unis, dit-elle. Nous avons encore un peu d’activité liée à nos clients d’affaires, qui s’y rendent pour des conférences ou des réunions de conseil d’administration. Mais pour les voyages de loisirs, on a quasiment assisté à une disparition complète… probablement une baisse d’environ 90 % depuis février. »
Peut faire mieux…
Selon la conseillère, les offices de tourisme doivent faire plus que simplement inviter les Canadiens à revenir.
« Il y a de la colère chez les voyageurs canadiens, pas tellement envers les États-Uniens eux-mêmes, mais envers le gouvernement fédéral des États-Unis, dit-elle. Et dans les autres campagnes que j’ai vues, personne n’a vraiment abordé cette question. »
Il affirme que la campagne californienne adopte un ton plus léger et semble s’adresser à un public plus jeune. « Elle indique clairement que l’État de Californie ne cherche pas à s’aligner sur les politiques du gouvernement fédéral en ce qui concerne le Canada, affirme la conseillère. Pour de nombreux Canadiens qui ont pris une décision émotionnelle de boycotter les États-Unis, cela pourrait faire écho. »
Lesley Keyter, PDG et fondatrice de l’agence The Travel Lady, à Calgary, indique pour sa part que les inquiétudes des voyageurs sont bien réelles — au point que certains préfèrent perdre de l’argent plutôt que de partir.
« J’ai vu des gens renoncer à leur argent pour annuler leurs voyages là-bas », dit-elle en entrevue.
« Même lorsqu’ils réservent une croisière dans les Caraïbes, ils ne veulent pas aller jusqu’à Fort Lauderdale pour monter à bord du navire. »