En plus des pannes d’équipement, l’aéroport Newark Liberty est en proie à des retards et des annulations de vols causés par une pénurie de contrôleurs aériens.
S’il est un aéroport états-unien qu’on a envie d’éviter, par les temps qui courent, c’est bien celui de Newark, près de New York : pannes, vétusté des infrastructures, surmenage des contrôleurs aériens et autres bisbilles entraînent insécurité et retards dans l’un des aéroports les plus fréquentés au pays.
Le secrétaire aux Transports états-unien, Sean Duffy, a annoncé son intention de réduire le nombre de vols entrants et sortants de l’aéroport de Newark « pour les prochaines semaines », en raison de pannes radar et d’autres problèmes, dont un nouveau, dimanche dernier, qui a perturbé et ralenti le trafic aérien.
Interviewé dans le cadre de l’émission Meet the Press diffusée dimanche sur NBC, Sean Duffy a indiqué qu’il rencontrerait cette semaine toutes les grandes compagnies aériennes opérant à l’aéroport international Newark Liberty. Il a précisé que les réductions de vols varieraient selon l’heure de la journée, la plupart visant les heures d’après-midi, lorsque l’afflux de vols internationaux rend l’aéroport plus fréquenté.
En plus des pannes d’équipement, l’aéroport fait face à des retards et des annulations de vols dus à une pénurie de contrôleurs aériens.
Dimanche dernier, la Federal Aviation Administration (FAA) a signalé un « problème de télécommunications » comme dernière difficulté, ce qui a affecté une installation à Philadelphie qui dirige le trafic aérien vers et depuis Newark.
Un communiqué de la FAA indique que l’agence a temporairement ralenti le trafic aérien à destination et en provenance de l’aéroport, le temps de s’assurer que « les systèmes redondants fonctionnaient comme prévu », avant un retour à la normale.
D’autres aéroports dans le rouge
Les problèmes d’infrastructure sont en train de devenir une préoccupation croissante dans les aéroports à travers tout le pays.
Dans un incident sans lien, des centaines de vols ont été retardés dimanche à l’aéroport international Hartsfield-Jackson d’Atlanta — l’un des plus fréquentés au monde — en raison d’un problème d’équipement sur une piste. La FAA a déclaré avoir temporairement ralenti les arrivées vers Atlanta pendant que des techniciens travaillaient à la résolution du problème.
À Newark, les perturbations de dimanche sont survenues deux jours après que le radar de l’installation de Philadelphie soit tombé en panne pendant 90 secondes, à 3 h 55 du matin vendredi, un incident similaire à celui du 28 avril.
L’administration Trump a récemment proposé une refonte de plusieurs milliards de dollars du système de contrôle du trafic aérien américain, prévoyant la création de six nouveaux centres de contrôle et une modernisation des technologies et des communications dans toutes les installations du pays au cours des trois à quatre prochaines années.
Des contrôleurs aériens surmenés
La FAA a indiqué la semaine dernière qu’elle ralentissait le rythme des arrivées à Newark pour garantir la sécurité dès qu’un problème de personnel ou d’équipement survenait.
L’agence a également souligné que la fréquence des pannes d’équipement et de télécommunications pouvait être source de stress, poussant certains contrôleurs aériens à prendre un congé « pour se remettre du stress ».
« Bien que nous ne puissions pas les remplacer rapidement, étant donné la spécialisation extrême de ce métier, nous continuons à former des contrôleurs qui seront progressivement affectés à cet espace aérien très sollicité », a déclaré la FAA dans un communiqué du 5 mai.
Depuis la mi-avril, Newark enregistre en moyenne 34 annulations d’arrivées par jour, selon la FAA. Le nombre de retards augmente tout au long de la journée, passant d’environ cinq le matin à 16 en soirée. En moyenne, ces retards durent entre 85 et 137 minutes.
Vivement la retraite!
Sean Duffy a également déclaré qu’il souhaitait relever l’âge de la retraite obligatoire des contrôleurs aériens, de 56 à 61 ans, afin de combler une pénurie d’environ 3 000 personnes dans ce secteur très spécialisé.
Il a aussi évoqué l’idée d’accorder à ces contrôleurs un bonus initial de 20 % pour les inciter à rester en poste. Toutefois, il a souligné que beaucoup choisissent de prendre leur retraite après 25 ans de service, ce qui signifie que nombreux d’entre eux quittent vers 50 ans.
« Ce ne sont pas des problèmes qui se règlent du jour au lendemain », a affirmé Duffy. « Mais au fil des années — un an, deux ans — avec des contrôleurs expérimentés encore en activité et de nouveaux qui arrivent, hommes et femmes, nous pourrons combler ce déficit de 3 000 personnes. »
Dodge the DOGE
L’ajout de contrôleurs aériens contraste avec une priorité majeure de l’administration Trump : la réduction des effectifs dans presque toutes les autres agences fédérales.
Toutefois, le PDG de United Airlines, Scott Kirby, a déclaré dans l’émission Face the Nation sur CBS que Sean Duffy mérite d’être salué pour avoir placé une « bande de sécurité » autour des fonctions de sécurité de la FAA, les protégeant ainsi des réductions de coûts imposées par le Département de l’Efficacité Gouvernementale de Trump — le tristement célèbre DOGE.
Scott Kirby a indiqué que United avait déjà réduit ses horaires à Newark et qu’il rencontrerait Sean Duffy plus tard cette semaine. Il s’attend à ce qu’une réduction plus importante de la capacité se poursuive jusqu’au 15 juin, date à laquelle les travaux de rénovation sur l’une des pistes de Newark devraient s’achever. Il pense cependant que certaines réductions dureront tout l’été.
« Nous avons moins de vols, mais nous gardons tout en sécurité, et nous faisons atterrir les avions en toute sécurité », a déclaré Scott Kirby. « La sécurité est la priorité absolue, donc je ne suis pas inquiet pour la sécurité. Ce qui m’inquiète, ce sont les retards et les désagréments pour les passagers. »
Avec The Associated Press.