La baisse du tourisme canadien affecte les États-Unis, selon des gouverneurs du Nord-Est

« Il existe de véritables inquiétudes quant aux voyages aux États-Unis, des préoccupations liées à la sécurité et à ce qui pourrait se passer en matière de contrôles frontaliers. »


Les gouverneurs de la Nouvelle-Angleterre affirment que les droits de douane et la rhétorique anti-canadienne du gouvernement états-unien nuisent au tourisme, certains États enregistrant une baisse allant jusqu’à 60 % du nombre de visiteurs en provenance du Canada.

La gouverneure du Massachusetts, Maura Healey, a ainsi déclaré que le tourisme canadien dans son État, ainsi que dans le Maine, New York, au Rhode Island et au Vermont, avait chuté de 20 à 60 % par rapport à l’année dernière.

« Nous avons constaté des répercussions qu’il est difficile de quantifier », a-t-elle déclaré aux journalistes lundi à Boston, à l’issue d’une rencontre entre les gouverneurs de la Nouvelle-Angleterre et les premiers ministres de l’Est du Canada.

« Mais il existe de véritables inquiétudes quant aux voyages aux États-Unis, des préoccupations liées à la sécurité… et à ce qui pourrait se passer en matière de contrôles frontaliers. »

 

Échanges interfrontières

Des délégations du Québec, du Nouveau-Brunswick, de l’Île-du-Prince-Édouard, de la Nouvelle-Écosse et de Terre-Neuve-et-Labrador se sont rendues à Boston à l’invitation de Maura Healey. Des représentants du Maine, de New York, du Rhode Island, du Vermont, du Connecticut et du New Hampshire étaient également présents.

La gouverneure du Maine, Janet Mills, a indiqué que la réunion représentait une occasion pour les dirigeants de renforcer leurs liens et de poursuivre la construction de relations malgré la « rhétorique dangereuse émanant de Washington ».

Le premier ministre de la Nouvelle-Écosse, Tim Houston, a déclaré que tout le monde essaie de gérer une situation qui leur a été « imposée ».

« Personne ici n’a créé cette situation… cette division entre nos pays », a-t-il dit. « Et les Canadiens, quand ils entendent parler de cette idée d’un 51e État, ils sont plutôt furieux. Cela nous met vraiment, vraiment en colère. »

 

Le Maine friand de Canadiens

Janet Mills a précisé que l’industrie touristique du Maine dépend « énormément » du Canada, avec au moins un million de Canadiens qui visitent l’État chaque année.

« Je comprends l’hostilité que ressentent les Canadiens face à cette rhétorique. Je la ressens moi aussi. Cela nuit à tout le monde, et nous voulons que les Canadiens sachent que nous souhaitons qu’ils viennent… Nous voulons aussi que les gens du Maine se rendent au Canada », a-t-elle ajouté. « Nous accordons plus de valeur que tout à cette relation. »

Entre février et avril, a-t-elle indiqué, le tourisme a baissé d’environ 26 %. « Ce ne sont pas tant les droits de douane qui les affectent que l’orgueil blessé des citoyens canadiens. Et je comprends tout à fait cela. »

 

D’autres baisses à venir

Pour sa part, Maura Healey a affirmé que le Massachusetts s’attendait à une baisse d’environ 20 % du nombre de touristes canadiens cette année. Le Vermont signale une baisse de 45 % des réservations hôtelières par des Canadiens en début d’année, et une diminution de 36 % des dépenses par carte de crédit. À New York, selon elle, les réservations canadiennes sont en baisse de 45 % jusqu’à présent.

Robert Huish, professeur agrégé au département des études du développement international de l’Université Dalhousie, a affirmé que l’hostilité affichée par l’administration Trump envers ceux qui ne sont pas d’accord ou qui ont des opinions divergentes sera la « perte de l’Amérique ».

« Jamais auparavant autant de démonstrations de force n’ont été utilisées contre ceux qui sont en désaccord avec le gouvernement, dit-il. Il est difficile d’inviter des investissements diversifiés tout en exigeant une loyauté politique sans faille. On s’attendrait davantage à cela de l’Arabie saoudite ou de la Corée du Nord. »

« Ce sera donc une période difficile pour les Canadiens qui travaillent ou font des affaires aux États-Unis. Faire des affaires à l’étranger ne devrait pas se faire au détriment de nos valeurs nationales. »

 

Rester au Canada

Le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, a déclaré qu’il encourageait les Canadiens à voyager à l’intérieur du pays plutôt que de dépenser leurs dollars touristiques aux États-Unis. « Venez en Ontario. C’est immense. C’est deux fois plus grand que le Texas », a-t-il affirmé.

La première ministre du Nouveau-Brunswick, Susan Holt, a abondé dans le même sens que ses collègues premiers ministres, affirmant qu’elle ne peut pas recommander aux Canadiens de visiter les États-Unis en ce moment.

« Je vais leur dire d’aller voir mes voisins en Nouvelle-Écosse », a-t-elle dit. « Je vais leur dire de passer du temps ici, chez eux, parce que la relation a été mise à mal par la direction actuelle, et qu’il faut revenir à la normale. »