Air Canada et Air Canada Rouge annoncent la suspension immédiate de tous leurs vols; les vols d’Air Canada Express exploités par Jazz et PAL continuent d’être assurés.

Aux petites heures du matin, Air Canada a annoncé la suspension de toutes les activités d’Air Canada et d’Air Canada Rouge en raison de la grève déclenchée par ses 10 000 agents de bord.

La grève est entrée en vigueur à 0 h 58 (HE) le 16 août 2025. Les vols d’Air Canada Express, exploités par des transporteurs tiers (Jazz et PAL Airlines), ne sont pas touchés. De son côté, le SCFP a annoncé la tenue de nombreuses lignes de piquetage dans les plus grands aéroports du pays, entre autres endroits.

Le 13 août 2025, le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), qui représente les agents de bord du transporteur, a remis à Air Canada un avis de grève de 72 heures, comme le prévoit la loi. La société aérienne a, depuis, réduit progressivement son horaire d’environ 700 vols quotidiens pour gérer l’interruption de travail, tout en s’efforçant de conclure une nouvelle convention collective négociée. Pour chaque jour de grève, environ 130 000 clients sont touchés.

Des négos qui achoppent

« Les négociations entre le SCFP et Air Canada se sont soldées par une impasse », a déclaré le syndicat dans un communiqué publié tôt samedi matin. « Nous avons le cœur brisé pour nos passagers. Nous ne voulons pas faire la grève et nous ne voulons pas être mis en lock-out, mais il est clair qu’Air Canada n’a aucun intérêt à négocier. »

Air Canada avait auparavant demandé à la ministre du Travail, Patty Hajdu, d’intervenir en ordonnant aux parties de recourir à un processus d’arbitrage obligatoire — un pouvoir que la ministre détient en vertu de l’article 107 du Code canadien du travail.

Vendredi, Mme Hajdu a exhorté Air Canada et le syndicat à retourner à la table des négociations, laissant entendre qu’elle n’était pas prête à intervenir dans le conflit. La ministre a indiqué que le syndicat avait reconnu que plusieurs de ses revendications avaient été satisfaites, ce qui, selon elle, laissait entrevoir une possibilité d’entente.

Mme Hajdu avait demandé au syndicat de répondre à la demande de l’entreprise. Le SCFP a indiqué vendredi qu’il s’opposait à l’arbitrage, préférant tenter de résoudre l’impasse par la négociation.

Le fédéral hésite à intervenir

Bien que le gouvernement n’ait pas affirmé qu’il interviendrait, le syndicat a semblé laisser entendre tout au long de la semaine que le scénario était probable.

Le SCFP a accusé Air Canada de refuser de négocier de bonne foi « en raison de la probabilité que le gouvernement fédéral utilise l’article 107 du Code canadien du travail pour interférer dans les négociations et imposer une convention par l’entremise d’un arbitre externe ».

Le syndicat a déclaré que ses principaux points de blocage concernaient les salaires, qui n’ont pas suivi l’inflation pendant la durée de la précédente convention de dix ans, ainsi que le travail non rémunéré lorsque les avions ne sont pas en vol.

« Air Canada refuse toujours de rémunérer les agents de bord pour toutes les heures travaillées », a déclaré le SCFP dans son communiqué.

« Le syndicat est resté ferme : toutes les tâches liées à la sécurité doivent être payées au plein taux horaire. Air Canada n’est pas d’accord. Sur les salaires, la dernière offre d’Air Canada laissera encore les agents de bord sous le seuil de pauvreté pendant de nombreuses années. »

Un sondage en faveur du SCFP

Vendredi, le syndicat a publié un sondage mené par Abacus Data indiquant que 59 % des Canadiens estiment que le gouvernement fédéral devrait respecter le droit des agents de bord de recourir à des moyens de pression, même si cela entraîne des perturbations de voyage.

Le sondage pondéré, réalisé auprès de 1 500 répondants jeudi et vendredi, a révélé que 88 % des Canadiens estiment que les agents de bord devraient être payés pour toutes les tâches liées au travail, y compris l’embarquement, les retards et les contrôles de sécurité.

Quatre répondants sur cinq ont déclaré soutenir une augmentation des salaires des agents de bord afin de suivre le coût de la vie.

L’offre bonifiée d’Air Canada

Air Canada a affirmé que sa dernière proposition comprenait une augmentation de 38 % de la rémunération totale sur quatre ans, incluant une nouvelle disposition sur le paiement au sol « qui est la meilleure de l’industrie au Canada ».

La proposition offrirait également « des améliorations importantes » aux prestations de santé et aux régimes de retraite, une augmentation des congés payés et des mesures visant à répondre aux préoccupations du syndicat concernant le repos et l’équilibre travail-vie personnelle, a indiqué la compagnie aérienne.

« Cela fera des agents de bord d’Air Canada les mieux rémunérés au Canada », a déclaré l’entreprise, ajoutant que ses membres d’équipage de cabine gagnent déjà jusqu’à 17 $ de plus de l’heure que leurs homologues du principal concurrent domestique d’Air Canada.

Air Canada a annulé plus de 600 vols au cours des deux derniers jours en prévision d’un possible arrêt de travail, touchant ainsi 100 000 passagers.

Conséquences immédiates de la grève

La compagnie aérienne a indiqué qu’elle informerait les clients dont le voyage est imminent des vols supplémentaires annulés et des options qui s’offrent à eux.

Elle a précisé que les passagers dont les vols sont annulés se verraient offrir un remboursement complet ou la possibilité de modifier leurs plans de voyage sans frais.

Air Canada a ajouté qu’elle conseille vivement aux clients concernés de ne pas se rendre à l’aéroport à moins d’avoir un billet confirmé sur un autre transporteur qu’Air Canada ou Air Canada Rouge.

Pour les clients devant voyager bientôt et dont les vols ne sont pas encore annulés, la compagnie a indiqué qu’elle leur permettrait de reprogrammer leur voyage ou d’obtenir un crédit pour un futur déplacement.

Le transporteur dit regretter profondément la situation.

Pour de plus amples renseignements, les passagers sont invités à consulter aircanada.com/action

Avec les informations de Profession Voyages.