La journée pourrait encore être chaotique pour les voyageurs, alors que se poursuit le conflit de travail entre Air Canada et le syndicat représentant ses agents de bord.
Les agents de bord d’Air Canada, représentés par le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), comptent demeurer sur les lignes de piquetage aujourd’hui, alors que se poursuit la contestation d’un ordre fédéral de retour au travail.
Le SCFP a indiqué avoir déposé dimanche un recours devant la Cour fédérale contre une ordonnance du Conseil canadien des relations industrielles qui exigeait que plus de 10 000 agents de bord reprennent le travail dès 14 h (HE) cet après-midi-là.
Cette ordonnance a été émise après que la ministre du Travail, Patty Hajdu, a envoyé les deux parties en arbitrage obligatoire samedi, affirmant qu’elle intervenait en raison des répercussions du conflit sur les Canadiens et sur l’économie.
Apparence de conflit d’intérêts
Dimanche, le SCFP a tenu des manifestations dans les principaux aéroports de Toronto, Calgary, Montréal et Vancouver, accusant Mme Hajdu d’avoir cédé aux exigences d’Air Canada.
Qui plus est, le syndicat met en doute l’impartialité de Maryse Tremblay, nommée en mai 2025 à la présidence du Conseil canadien des relations industrielles (CCRI), et qui a auparavant travaillé de 1998 à 2004 au service juridique d’Air Canada, aux côtés d’Arielle Meloul-Wechsler (aujourd’hui vice-présidente des relations humaines du transporteur). « Et c’est ce même CCRI qui impose l’arbitrage exécutoire : grève suspendue, pas de vote des agents de bord », plaide le SCFP.
« Sur le plan éthique, une décideure ne devrait pas statuer sur un dossier impliquant son ancien employeur : même sans faute, l’apparence de conflit d’intérêts est réelle, et le risque de préférence — consciente ou non — pour d’anciens collègues existe, et ça mine la confiance », estime le SCFP.
Reprise de vols reportée
Air Canada a déclaré dimanche qu’elle reporterait à lundi soir son plan de reprise des vols, même si le syndicat a affirmé que les employés demeureront en grève tant qu’une « convention collective négociée équitable » ne sera pas conclue.
La grève a officiellement débuté peu avant 1 h (HE) samedi, et Air Canada a répliqué en lockout environ 30 minutes plus tard.
La compagnie aérienne a signalé environ 940 vols annulés dimanche en raison de l’arrêt de travail, laissant des milliers de voyageurs tenter de sauver leurs projets de déplacement.
Levée de boucliers syndicaux
Le conflit a suscité de vives réactions négatives de la part des groupes syndicaux à travers le Canada – dont la FTQ au Québec –, qui critiquent la décision du gouvernement libéral d’ordonner aux agents de bord de retourner au travail.
Dans un communiqué publié tard dimanche soir, le Congrès du travail du Canada a indiqué que « les dirigeants des syndicats du pays » s’étaient réunis en session d’urgence pour exprimer leur soutien aux agents de bord d’Air Canada.
Le groupe a qualifié l’intervention de Mme Hajdu « d’attaque inconstitutionnelle contre les droits des travailleurs » et affirmé que les organisations syndicales canadiennes demandaient unanimement au gouvernement fédéral de retirer son intervention.
Le communiqué ajoutait que les syndicats étaient prêts à « coordonner une campagne de riposte » et à promouvoir et organiser des contributions financières pour couvrir les frais juridiques et autres dépenses liés à la décision des agents de bord de défier l’ordre de Mme Hajdu.
« Le mouvement syndical est uni et déterminé, et nous ne permettrons pas que ces droits protégés par la Charte soient bafoués », pouvait-on lire dans le communiqué.
Le CCRI déclare la grève illégale
Lundi matin, le CCRI a déclaré que la grève des agents de bord d’Air Canada était illégale tout en ordonnant aux dirigeants du SCFP d’enjoindre aux agents de bord de retourner au travail.
Dans sa décision, le CCRI a déclaré que le syndicat et ses dirigeants devaient ainsi mettre immédiatement fin à toutes les activités déclarant ou autorisant une grève illégale et d’ordonner aux membres de l’unité de négociation de reprendre leurs fonctions.
Les membres de l’unité de négociation du syndicat doivent aussi reprendre immédiatement leurs fonctions et s’abstenir de participer à des activités de grève illégale.
Le syndicat et ses dirigeants doivent publier un avis écrit, par l’intermédiaire de leur site Web ou par d’autres moyens, à tous les membres d’ici 12 h (HE) le 18 août 2025, indiquant qu’il révoque sa déclaration ou son autorisation d’activités de grève et que tous les membres sont tenus de reprendre leurs fonctions.
Plus de détails à suivre.
Avec les informations de Profession Voyages.