Erin frappe la Caroline du Nord et s’éloigne vers la mer

Erin est devenu un ouragan inhabituel, de par sa taille et sa puissance insidieuse : ses vents s’étendent sur plus de 800 km — soit la distance entre New York et Pittsburgh.


Jeudi matin, l’ouragan Erin a frappé les Outer Banks de Caroline du Nord avec de puissants vents et des vagues qui ont submergé une partie de l’autoroute principale et déferlé sous les maisons en bord de mer, avant que la tempête géante commence à s’éloigner de la côte Est.

Les prévisionnistes estimaient qu’Erin atteindrait son pic jeudi et ils ont indiqué qu’elle pourrait regagner en intensité et redevenir un ouragan majeur, de catégorie 3 ou plus. Toutefois, il ne devrait pas toucher terre le long de la côte Est avant de s’éloigner davantage au large.

Des conditions de tempête tropicale étaient en vigueur sur certaines parties des Outer Banks et de la côte de Virginie, selon le Centre national des ouragans de Miami. Aux Bermudes, résidents et touristes ont été invités à rester hors de l’eau, la mer demeurant agitée jusqu’à vendredi.

Des inondations ont été signalées jeudi matin le long de certaines parties de la Caroline du Nord et de la côte médio-atlantique, a indiqué le centre. Les autorités prévoyaient que les plus fortes vagues, lors de la marée haute, isoleraient des villages et maisons des Outer Banks et génèrent de dangereuses courants de retour (rip currents) de la Floride à la Nouvelle-Angleterre.

 

De grosses vagues recouvrent les routes

Alors que les bandes externes d’Erin frôlaient les Outer Banks, l’eau a envahi la route principale reliant les îles-barrières, ainsi que plusieurs maisons sur pilotis construites au bord de la plage.

Mercredi soir, les autorités ont fermé la Highway 12 sur l’île de Hatteras à mesure que la houle augmentait et que les vagues montaient. La route restait fermée jeudi. L’accès de l’île d’Ocracoke, à son terminal de traversier, a été coupé.

Plus au nord, sur la jetée de Jennette à Nags Head, des dizaines de personnes prenaient des photos des immenses vagues s’écrasant contre la structure, et certains observaient les oiseaux malgré la pluie battante jeudi matin. « C’est la nature dans toute sa splendeur », a déclaré David Alan Harvey, de Nags Head. « J’adore ça. J’adore ces tempêtes. »

L’homme n’était pas pour autant inquiet de se trouver sur une jetée s’avançant dans l’océan, estimant que c’était plus sûr que la plupart des autres endroits. « Conduire ma voiture est bien plus dangereux que ça. »

 

Plages interdites le long de la côte

Les plages ont été fermées à la baignade mercredi et jeudi à New York, ainsi que sur certaines portions du New Jersey, du Maryland et du Delaware. Des inondations côtières modérées étaient prévues dans les zones basses de Long Island et certaines parties de New York.

Au large du Massachusetts, l’île de Nantucket pourrait voir des vagues dépassant les 3 mètres cette semaine. Mais la principale menace demeurait les Outer Banks, où les habitants de longue date semblaient peu inquiets.

« Je me souviens avoir pris un canoë depuis mon jardin pour aller à l’école, alors je ne pense pas que ce sera si grave », a dit Jacob Throne, qui vit sur l’île de Hatteras et travaille dans des surf shops.

Malgré la fermeture des plages ailleurs, certains nageurs continuaient d’ignorer les avertissements. Mardi, les sauveteurs ont secouru plus d’une douzaine de personnes prises dans des courants de retour à Wrightsville Beach, en Caroline du Nord, un jour après en avoir sauvé plus de 80.

Bob Oravec, prévisionniste au Service météorologique national, a rappelé que même si l’on croit savoir gérer un courant de retour, le danger reste réel. « Vous pouvez être aussi vigilant que vous voulez, dit-il. Ça peut rester dangereux. »

 

Gigantesques vagues et inondations côtières

Une combinaison de vents violents et de vagues atteignant environ 6 mètres pourrait entraîner des inondations dans de nombreuses communautés côtières, ont averti les responsables de Caroline du Nord. Selon les rapports météo locaux, les vagues atteignaient déjà 5,5 mètres jeudi matin.

Des dizaines de maisons déjà fragilisées par l’érosion chronique et des dunes protectrices pourraient être menacées, a indiqué David Hallac, directeur du Cape Hatteras National Seashore. La plupart des habitants ont choisi de rester malgré les ordres d’évacuation donnés sur les îles de Hatteras et d’Ocracoke.

« Nous ne resterions probablement pas si la tempête venait droit sur nous », a déclaré Rob Temple, qui organise des croisières en voilier à Ocracoke.

Sa plus grande inquiétude concernait la possibilité que la route principale soit emportée, isolant touristes et camions de livraison sur cette fine bande d’îles basses, de plus en plus vulnérables aux ondes de tempête.

L’équipe de secours bénévole de Hatteras Island, basée à Buxton, a indiqué n’avoir reçu aucun appel de détresse entre mercredi soir et jeudi matin.

 

Erin reste un ouragan de grande ampleur

Erin est devenu un ouragan inhabituel, de par sa taille et sa puissance insidieuse : ses vents s’étendent sur plus de 800 km — soit la distance entre New York et Pittsburgh.

Jeudi matin, il formait toujours un ouragan de catégorie 2, avec des vents soutenus atteignant 165 km/h, selon le centre des ouragans.

Le centre suivait également deux perturbations tropicales au large de l’Atlantique susceptibles de devenir des tempêtes nommées dans les prochains jours. Les ouragans dits « du Cap-Vert », alimentés par des milliers de kilomètres d’océan chaud, comptent parmi les plus dangereux menaçant l’Amérique du Nord.

Les climatologues affirment que les ouragans atlantiques ont désormais beaucoup plus de chances de s’intensifier rapidement en tempêtes puissantes et catastrophiques, alimentés par le réchauffement des océans.

La Presse Canadienne.