Le Boeing impliqué dans l’accident de dimanche reste immobilisé sur le tarmac, en attente de réparations ou d’un déplacement.
Réparer l’avion de WestJet qui a effectué un atterrissage brutal à Saint-Martin, en fin de semaine dernière, représente un défi de taille, selon des experts en aviation.
Des vidéos du vol WestJet WS2276 en provenance de Toronto ont inondé les réseaux sociaux plus tôt cette semaine, montrant les derniers instants de la descente de l’appareil au-dessus des eaux turquoise près de Maho Beach, avant qu’il ne se pose violemment sur son train d’atterrissage droit et s’immobilise sur la piste de l’aéroport international Princess Juliana dimanche après-midi.
Bien qu’il ait été déplacé lundi après-midi de la portion de piste où il s’était arrêté, l’avion Boeing 737-800 demeure immobilisé sur le tarmac de l’aéroport, en attente de réparations ou d’un déplacement ultérieur.
La mise au rebut envisagée?
Réparer un appareil sur cette petite île isolée, située à environ 300 kilomètres à l’est de Porto Rico, pourrait s’avérer un « projet difficile », explique Keith Mackey, expert en aviation et ancien pilote.
« Il n’y a pas beaucoup de matériel ni de main-d’œuvre qualifiée sur place, donc tout devrait probablement être acheminé du Canada : les pièces et le reste, précise-t-il. Il faudra donc déterminer avec soin l’ampleur des dommages par rapport à ce qui est économiquement viable. »
La prochaine étape consiste à déplacer l’avion vers un hangar sûr, protégé du vent et de l’eau, et disposant de l’alimentation et du matériel nécessaires pour évaluer si l’appareil peut être récupéré, a ajouté Mackey. Si l’avion ne peut pas être réparé, il pourrait devoir être mis au rebut.
La structure de l’appareil à vérifier
Les réparations iraient bien au-delà des simples pièces endommagées lors de l’impact et du réarmement des toboggans d’évacuation déclenchés, selon Doug Perovic, professeur d’ingénierie à l’Université de Toronto.
« Il faudra vérifier s’il n’y a pas d’autres dommages collatéraux à l’appareil et à la structure du fuselage », explique-t-il. Il ajoute que des techniques d’évaluation non destructives, semblables à celles utilisées en médecine — comme les rayons X et les ultrasons — seront mises en œuvre pour inspecter l’avion.
Des enquêteurs en route
Le Bureau de la sécurité des transports du Canada (BST) a annoncé lundi l’envoi d’une équipe d’enquêteurs sur l’île afin de déterminer ce qui a provoqué l’atterrissage brutal.
Les deux principaux axes de l’enquête portent sur la cause de l’incident et sur l’ampleur des dommages subis par l’appareil, de préciser Doug Perovic.
Pour comprendre pourquoi l’accident est survenu, les enquêteurs s’appuieront sur les données de vol et les enregistrements du cockpit contenus dans les boîtes noires.
« Ce qui est positif ici, c’est qu’il ne s’agit pas d’un crash grave, donc tout le matériel est disponible », explique Doug Perovic, en ajoutant que cela accélère l’enquête. Toutefois, les boîtes noires devront être analysées à l’aide d’équipements spécialisés qui n’existent probablement pas sur l’île; elles devront donc être rapatriées au Canada.
Les boîtes noires en renfort
Les informations extraites des boîtes noires sont généralement rendues publiques par le BST dans son rapport préliminaire, attendu dans les prochaines semaines, indique Doug Perovic.
Des conclusions rapides seront également tirées si l’incident révèle un problème technique pouvant concerner le reste de la flotte de WestJet. « Si c’est un problème sérieux, alors ils devront immobiliser toute la flotte. »
Quant au rapport final et complet du BST, il pourrait prendre jusqu’à un an avant d’être publié.
Rien d’anormal en apparence
En tant qu’ancien pilote de ligne ayant déjà atterri plusieurs fois à l’aéroport de Saint-Martin, Keith Mackey affirme n’avoir rien remarqué d’anormal dans l’approche de l’avion. « J’ai visionné la vidéo de l’atterrissage et ils semblaient bien faire, dit-il. L’approche paraissait normale : ni trop haute ni trop basse. »
« Je pense que les dommages sont probablement liés à un problème mécanique, même si je n’en suis pas certain », croit-il.
WestJet a indiqué collaborer avec les autorités locales et publiera des mises à jour lorsque davantage d’informations seront disponibles, bien que la compagnie aérienne n’ait fourni aucun nouveau détail depuis le week-end.
Il n’y a pas eu de blessés graves parmi les 164 passagers du vol WestJet, bien que trois d’entre eux aient été transportés pour un examen médical après une évacuation sécuritaire.