big sur magnifique californie

[Big Sur] spectacle de la côte californienne!

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Franck Laboue
L’aventurier épicurien
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J’aime la route, chaque voyage aux États-Unis est la promesse de longues langues de bitumes s’étirant vers l’horizon. Rien ne représente mieux l’esprit du “Road-trip” que les mythiques routes américaines. Pour moi c’est une fascination, une sensation magique que l’on ne retrouve qu’au volant d’une voiture entouré de paysages se déroulants à l’infini. L’Ouest, et plus encore la Californie, matérialisent cette soif de la route. Si les routes des déserts d’Arizona et des rochers rouges de l’Utah nous passionnent, il en est une entre toutes qui fait fondre les amoureux de la route : la “Big Sur”. Située en Californie centrale, ce morceau de côte est véritablement théâtral : surplombant l’Océan Pacifique, elle est la rencontre la plus somptueuse entre la terre et la mer. Imaginez la côte bretonne déchirée, puis rajoutez-y les lacets langoureux de la “Cabot Trail” de Nouvelle-Écosse, vous obtiendrez la “Big Sur Coastal Highway”. Prenez le volant, attachez votre ceinture, et partez à mes côtés le long d’une des plus belles routes américaines.

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L’APPEL DE LA ROUTE EN CALIFORNIE : MYTHE DE LA ROUTE

Longer la côte Californienne c’est rouler sur la mythique “Highway 1”, véritable rêve d’asphalte. La “Big Sur” n’est pas vraiment une région en tant que telle, elle est même difficile à situer concrètement. Ce morceau de côte d’environ 140 kilomètres, se situe à 230 kilomètres au sud de San Francisco. C’est ici que commence votre périple, du nord au sud, avec l’océan sur votre droite et la facilité de vous arrêter sur les aires de repos. Que vient-on voir finalement sur la “Big Sur” ? Un véritable état d’esprit unique à la région plane au-dessus des falaises. La nature offre aux voyageurs une pureté d’une magie inégalable : le spectacle de la roche crevant les flots.

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Depuis que les espagnols aperçurent cette contrée du pont de leurs galions au 16ème siècle, la région de la “Big Sur” n’a jamais vraiment été habitée. Une petite industrie forestière de séquoias avait trouvée place, un vieux sentier côtier reliait les villages entre eux. Au large quelques bateaux à vapeur longeaient la côte rocheuse sous la protection du phare de Point Sur Station. L’année 1937 marque un tournant dans l’histoire de la “Big Sur” : la route actuelle est terminée après 18 années de travaux aux coûts pharaoniques. Première route panoramique de Californie, elle est toujours une expérience de conduite magistrale, 80 ans après sa création. L’électricité, elle, n’arrive que dans les années 1950. Vinrent les marginaux de tous bords, et notamment les artistes qui fondèrent une véritable colonie dès le milieu des années 1960. Encore aujourd’hui, ne résident qu’environ 1500 âmes le long de ce morceau de côte impénétrable.

CARMEL BY THE SEA

Ici, pas de grosses villes, rien que de petits hameaux. La route commence inévitablement par un arrêt dans la charmante petite cité de Carmel-by-the-sea. C’est au petit matin que je me balade dans les rues de Carmel. Avec à peine 4 000 habitants, je suis loin du tumulte de San Francisco. Il y a un petit quelque chose de magique dans ce village, les embruns de l’océan emplissent mes poumons, une brume énigmatique enveloppe les environs. Un air mystique se dégage de Carmel. Des arbres crochus arborent la rue principale, plus je me rapproche du bord de l’océan, plus les rues se recouvrent d’un sable fin. J’ai presque l’impression d’être dans un film d’Hitchcock. Il est vrai que le chef-d’œuvre « Les Oiseaux » a été tourné dans les environs de San Francisco. C’est une cité balnéaire élitiste que j’arpente : boutiques chics, galeries d’art et cottages de style anglais tout droit sortis des années 1920 remplissent la rue principale. Le conte de fée continue, les petites maisons de pain d’épice se côtoient : volets bleus, hortensias, pierres rongées par la mousse en sont les éléments iconiques. C’est presque ma Bretagne natale.

   

Carmel donne l’impression de se balader dans un décor de cinéma, la ville a eu pour maire rien de moins que Clint Eastwood dans les années 1980 ! L’acteur continue d’y vivre. Nombre de ses films y furent tournés ainsi que la maison du fameux personnage de Sharon Stone dans Basic Instinct. Voici la plage, imposante. Elle magnétise tout le monde : c’est le rendez-vous des surfeurs, des amoureux et des familles en balade. Enveloppée dans la brume, la langue de sable invite à la rêverie, les maîtres font courir leurs chiens, les enfants s’amusent le long des vagues, j’observe cette petite bulle de bonheur, assis au pied d’un arbre tordu. C’est le moment de faire le plein, ici les stations-services sont une denrée rare, et mieux vaut être motorisé pour descendre la côte : pas d’arrêts de bus non plus !

À la sortie de la ville, je découvre la « Mission Carmel ». Construite au 18ème siècle, elle fait partie d’une longue série de « Missions » établies par les missionnaires espagnols le long de la côte californienne. Fut un temps où cette région faisait encore partie de la couronne espagnole. C’est une époque où cette contrée sauvage invitait à la méditation. Elle n’était parcourue que par les moines et leurs sandales. J’aime les églises, je ne peux m’empêcher de la visiter. L’architecture ocre espagnole de cette mission détonne dans le décor. À l’extérieur, je tombe sur un petit cimetière. Les tombes des moines y sont entourées de coquillages. En entrant, je remarque que la seule lumière provient des bougies des chandeliers. Un halo rougeâtre empli cette petite église. Un arrêt historique de choix sur la route de l’océan.

UNE ROUTE MAJESTUEUSE

C’est au volant d’une Ford Mustang que mon périple commence. Voiture icône du « Road-trip » américain et fidèle destrier à roues de mon aventure. Enfin la route atteint l’océan. La brume continue de m’accompagner pour ne découvrir que très rarement les côtes escarpées de la “Big Sur”. La langue d’asphalte devient plaisir, les lacets se forment et enveloppent les contours des falaises. Je m’arrête au bout de peu de temps, en contemplation devant la beauté sauvage de la nature. La végétation, tantôt ocre, tantôt verte, prend des teintes rouges et violettes par endroits. Des arbres s’accrochent tant bien que mal sur ces falaises imposantes. Les nombreuses criques voient le spectacle des vagues s’écraser sur les rochers. Je continue de sillonner la côte. Tout à coup, la brume se lève et le spectacle n’en est que plus éclatant. Les teintes de couleurs illuminent ces montagnes se jetant dans l’océan.

   

Arrive à l’horizon le monument le plus célèbre de la “Big Sur” : le Bixby Bridge. Abondamment photographié, il est l’un des ponts les plus iconiques d’Amérique. Surplombant du haut de ses 79 mètres le « Bixby Creek », le pont a été achevé en 1932. Enjambant la crique de 215 mètres, cette construction vaut assurément un arrêt photo. C’est ici que je prends le temps de m’imprégner du panorama. La “Big Sur” est une véritable force de la nature. Le bruit des vagues, le vacarme des lions de mer qui font échos sur des plages lointaines, le son du vent se faufilant entre les branches des arbres … c’est une symphonie de tous les sens qui prête le voyageur à une sorte de méditation. Quelques parcs difficiles d’accès sont situés dans les forêts surplombant les falaises, si vous avez du temps, elles sont la promesse de panoramas dantesques.

UN NID D’ARTISTES

La route se poursuit et le spectacle est toujours au rendez-vous. Les falaises se transforment en prairies, des troupeaux de bétail font leur apparition. Un lieu paisible où des forêts d’arbres gigantesques ne sont perturbées que par le clapotis des rivières qui les traversent. J’évoquais la méditation des moines et mêmes des voyageurs un peu plus haut, mais la “Big Sur” a surtout été une source d’inspiration pour de nombreux artistes. Certains tourmentés, comme l’écrivain Henry Miller, qui comparait la “Big Sur” au paradis. Une petite maison de bois fait aujourd’hui office de musée et rend hommage au personnage.

   

C’est dans ce lieu isolé, sauvage et presque coupé du monde, que Jack Kerouac vint séjourner. Habitant une cabane située non loin de la crique de Bixby, le plus Québécois des auteurs américains, alors en pleine dépression, y écrivit « Big Sur ». Partir sur la “Big Sur”, c’est suivre la trace d’écrivains, de photographes et autres peintres, qui tous, furent touchés par la beauté surnaturelle des lieux.

UN MORCEAU DE CÔTE INSPIRANT

La dernière partie de la « Big Sur » vous réserve de belles surprises. S’il n’y avait qu’un sentier à arpenter ce serait bien le « Overlool Trail », situé dans le « Julia Pfeiffer Burns State Park ». Un petit kilomètre le long des falaises vous amènera devant l’une des plus belles cartes postales de toute la Californie : la chute McWay. Cette cascade de plus de 20 mètres s’écrase sur le sable d’une petite plage isolée. Une certaine idée du paradis.

Les 75 derniers kilomètres de la “Big Sur” se font sur une route sinueuse. Votre dernier arrêt : la plage de Piedras Blancas. Ici, une colonie d’éléphants de mer se prélasse, non loin de la plaine de San Simeon. Une passerelle permet l’observation de centaines de ces phoques, écrasés sur le sable. Ils offrent un spectacle sans pareil. C’est déjà la fin, cette route vertigineuse aura été une montagne russe d’émotions. Le voyage continue, avec en tête les mots teintés d’embruns de Jack Kerouac, et le souvenir d’une côte mystérieuse, majestueuse et inspirante. De Carmel à San Simeon, la Big Sur est la promesse du plus fascinant des road-trip californien.

3 INCONTOURNABLES

  • Bixby Bridge : Icône de la “Big Sur” et arrêt photographique obligatoire sur votre chemin.
  • Carmel : L’un des plus charmants villages de Californie et ses airs de cottage anglais.
  • Les arrêts point de vue : Disséminés le long de la côte, chacun d’entre eux est un spectacle différent.

3 AVANTAGES

  • Accessible depuis San Francisco en moins de deux heures.
  • Une étape nature entre San Francisco et Los Angeles
  • La diversité des paysages en moins de 150 km de route

3 INCONVENIENTS

  • Une longue journée de transport le long d’une petite route sinueuse, patience.
  • Attention : peu ou pas de commerces ni de stations-services, faites le plein avant le départ !
  • Difficulté d’accès aux points de vue si vous montez du sud au nord

POUR QUI?

  • Les passionnés de la route et des « Road-trips » aux paysages uniques
  • Les amateurs de nature seront comblés avec les sentiers côtiers escarpés
  • Les passionnés de littérature et de cinéma, sur les traces de leurs auteurs favoris

COMMENT Y ALLER ?

Depuis le sud en partant de Santa Barbara via San Simeon. Le plus pratique reste de partir depuis San Francisco, la route s’intègre bien à votre programme et vous pouvez dormir à Monterey ou Carmel avant d’attaquer la Big Sur.

QUAND Y ALLER ?

Toute l’année. Certes les hivers seront plus chaotiques avec un océan capricieux, mais l’endroit reste inspirant tout au long de l’année. Apportez une petite laine : il fait frais en Californie centrale !

BUDGET A PREVOIR

La route est secondaire et gratuite. Mise à part le parc Julia Pfeiffer au prix d’entrée modique, il n’y a aucun frais particulier le long de ce parcours, hormis l’essence bien sûr.

Verdict du chroniqueur

La “Big Sur” est l’une des plus belles routes d’Amérique et du monde. Vous serez subjugués par la beauté des falaises et de l’océan Pacifique. Vous prévoyez une escapade en Californie ? Vous aimez la route et la nature ? Qu’attendez-vous : la “Big Sur” vous appelle ! Marchez sur les traces de Kerouac, Eastwood et Miller et vibrez au rythme de l’océan.

À voir, À lire

Big Sur (Jack Kerouac -1962 ). Roman de la «Beat Generation », Big Sur est presque un récit auto-biographique. Le héros, Jack Duluoz se réfugie dans une cabane au bord de la mer, fuyant ses misères du quotidien.

Un frisson dans la nuit (Clint Eastwood – 1971). Tourné à Carmel, la toute première réalisation de Clint Eastwood suit les pas d’un D.J local harcelé par une admiratrice possessive et violente.

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