Si les attentats du 7 octobre dernier ont entraîné d’innombrables annulations de séjours en Israël, qu’en est-il du tourisme en Égypte, en Jordanie et ailleurs dans la région? Nous avons tâté le pouls de quelques voyagistes québécois.
Il fut un temps où le moindre bouleversement géopolitique d’un pays du Proche ou du Moyen-Orient entraînait dans son sillage la chute de l’industrie touristique dans les pays voisins, voire au-delà par amalgame. Si les inquiétudes demeurent quant au tourisme jordanien et égyptien, l’hécatombe appréhendée ne s’est pas (encore) produite, contrairement à Israël, du moins pas au Québec.
Voyages Traditours
« Ça fait 15 ans que nous offrons Israël, et nous avons souvent dû faire face à de tels enjeux, mais jamais de cette ampleur : c’est la première fois que nous devons complètement arrêter d’offrir cette destination », explique Sébastien Forest, président de Voyages Traditours.
« Nous avons en quelque sorte été chanceux, poursuit-il, car au moment des attentats, nous n’avions aucun groupe en train de visiter le pays. En revanche, nous avons mis sur la glace tous nos départs sur Israël pour les prochains mois ».
Fort de sa soixantaine de destinations, le voyagiste – qui se spécialise dans les groupes de 20 ou 30 personnes – a simplement retiré Israël de ses circuits combinés avec la Jordanie et Oman, et il compte possiblement remplacer l’État hébreu par les Émirats arabes unis.
Quant à l’Égypte, Sébastien Forest se croise les doigts : « Ça faisait plus de 10 ans que le tourisme y fonctionnait au ralenti, depuis le printemps arabe, et nous étions en train d’assister à une belle reprise depuis la pandémie », dit-il. Pour l’instant, les départs sont toujours prévus et personne n’a annulé.
Du reste, aucun client n’a fait dans l’amalgame, et tant la Turquie que le Maroc continuent de bien fonctionner chez Voyages Traditours, constate aussi Sébastien Forest. « Heureusement, car notre grosse saison est en cours jusqu’en novembre, au Maroc », dit-il.
À long terme, le voyagiste envisage néanmoins d’autres destinations de remplacement si jamais la situation dégénère au Proche-Orient, comme l’Ouzbékistan par exemple.
Voyageurs du Monde
Chez Voyageurs du Monde, 5 personnes devaient partir pour la Palestine cette semaine mais aucune ne se rendait en Israël. « Il a fallu agir vite, annuler et rassurer les clients, mais c’est en quelque sorte devenu business as usual pour nous de nous adapter aux aléas de l’industrie », indique Philippe Bergeron, PDG de ce voyagiste qui ne fait que dans le sur-mesure.
Non seulement Voyageurs du Monde n’a-t-elle reçu aucune demande d’annulation pour les pays voisins, mais des clients se sont manifestés pour se rendre en Égypte, le jour-même des attentats, en plein tumulte. « Manifestement, ce n’est pas tout le monde qui a peur », constate Philippe Bergeron.
C’est bien tant mieux : « Juste avant ces attentats, la Jordanie et l’Égypte étaient en train de redécoller après avoir tellement souffert pendant des années, indique le PDG. Cela dit, on s’attend néanmoins à un ralentissement sur ces destinations, au cours des prochaines semaines et sans doute des prochains mois ».
Peu importe : pour ce grand groupe, qui inclut également l’agence Karavaniers et Terre d’Aventures Canada, l’éventail des destinations disponibles est si vaste qu’on n’a pas de difficultés à envoyer les voyageurs ailleurs, en cas de tribulations.
« Je m’attends d’ailleurs à voir naître un regain d’intérêt pour l’Amérique du Sud, au cours des prochains mois : pour des raisons que j’ignore, quand le Proche-Orient baisse, l’Amérique du Sud augmente, et vice-versa », remarque Philippe Bergeron.
Les Routes du Monde
Déjà durement touchée par l’histoire des visas indiens, l’agence Les Routes du Monde suit désormais avec attention la situation au Proche-Orient. « Nous avons deux groupes prévus pour l’Égypte avec option sur la Jordanie, cet automne : personne n’a annulé sauf un couple qui a retiré la portion jordanienne de son séjour », indique Robert Bérubé, fondateur de l’agence.
Il faut dire que pour l’heure, Affaires mondiales Canada conseille uniquement de « faire preuve d’une grande prudence (avec avertissements régionaux) en Égypte et en Jordanie. « Et l’appréhension de peur ne justifie pas l’annulation d’un voyage aux yeux des compagnies d’assurance, alors les gens y pensent à deux fois avant d’annuler », précise Robert Bérubé.
« Tant que notre tour-opérateur réceptif en Égypte ne nous signale pas qu’il n’est plus en mesure d’offrir sa prestation parce que c’est devenu trop dangereux, les départs sont maintenus », de conclure le voyagiste.