Après Nice plus tôt cette année, la capitale mondiale du cinéma annonce vouloir prendre des mesures exceptionnelles pour limiter la présence des géants des mers en son port.

À compter de l’an prochain, la ville de Cannes, sur la Côte d’Azur, compte imposer ce que son conseil municipal qualifie de « réglementation drastique » sur les navires de croisière. Pour ce faire, elle réduira de moitié le nombre de très grands navires autorisés à accoster dans son port et plafonnera à 6 000 le nombre quotidien de passagers qui débarqueront à terre.

De la sorte, la célèbre ville du cinéma rejoint un mouvement mondial croissant contre le surtourisme, qui a récemment connu un regain avec l’indignation suscitée par le mariage de Jeff Bezos et Lauren Sanchez à Venise, les manifestations avec pistolets à eau en Espagne et une grève surprise au musée du Louvre.

De moins en moins de…

« Moins nombreux, moins gros, moins polluants et plus esthétiques » : tel est l’objectif des conseillers municipaux de Cannes, qui ont voté l’instauration de nouvelles limites pour les navires de croisière dans ses ports.

Dans un communiqué, la mairie a ainsi précisé que son objectif est de bannir de son port, d’ici 2030, tous les navires transportant plus de 1 300 personnes. Dès l’an prochain, un maximum de 6 000 passagers de croisière serait ainsi autorisé à débarquer à chaque jour, et le nombre de navires transportant plus de 5 000 passagers serait réduit de 48 % en 2026. Les plus grands navires devront transférer leurs passagers vers des bateaux plus petits pour pouvoir accéder à Cannes.

Recherche d’équilibre

La France, qui a accueilli quelque 100 millions de visiteurs l’année dernière — plus que tout autre pays du monde et plus que sa propre population — est en première ligne dans les efforts pour équilibrer les bénéfices économiques du tourisme avec les préoccupations environnementales, tout en gérant des foules de plus en plus nombreuses.

« Cannes est devenue une destination majeure pour les croisières, avec de véritables retombées économiques, indique le maire David Lisnard. Il ne s’agit pas d’interdire les croisières, mais de les réglementer, de les organiser et de définir un cadre pour leur navigation. »

Une mesure contestée

San surprise, les opérateurs de croisières estiment que de telles restrictions sont préjudiciables pour les destinations comme pour les passagers. Deux navires de croisière étaient ainsi attendus à Cannes, dimanche dernier, et chacun dépassaient la future limite de 1 300 passagers, avec une capacité combinée de plus de 7 000 personnes.

Leurs propriétaires n’ont pas immédiatement répondu aux demandes de commentaires concernant les nouvelles restrictions.

Plus tôt cette année, la ville portuaire de Nice, située dans un proche rayon de Cannes, a elle aussi annoncé des limitations similaires à l’égard des bateaux de croisière, comme ce fut le cas d’autres villes européennes. Vendredi dernier, un tribunal a cependant suspendu l’arrêté du président de la métropole Nice-Côte d’Azur qui aurait permis de réguler le débarquement et l’embarquement des passagers des navires de croisières dans le port de Nice. Une histoire à suivre…