Pour faire suite au texte La Guyane, l’étonnante Amazonie française, récemment publié dans Profession Voyages, voici un petit carnet de bord photographique de cette surprenante région d’Amérique du Sud.
Cayenne d’abord
Principale porte d’entrée et capitale régionale de la Guyane, Cayenne incarne et concentre tout ce qui en fait une destination singulière, métissée et bigarrée. Fondée en 1643, elle regorge de façades et d’immeubles administratifs coloniaux et créoles, compte d’innombrables balcons ouvragés et sertis de dentelles de fer, multiplie les mignonnes devantures laminées par les éléments, grouille de vie et de vivacité.

Crédit: Gary Lawrence
En la parcourant, on s’imagine parfois en train d’arpenter une sorte de Nouvelle-Orléans sud-américaine ou une ville antillaise, où évolue une population ultra-métissée, véritable kaléidoscope culturel. Vénézuéliens, Brésiliens, Réunionnais, Syriens, Dominicains et Métros, entre autres populations, ajoutent une touche additionnelle de variété au melting-pot guyanais.

Crédit: Gary Lawrence
Le marché de Cayenne
À Cayenne, le très coloré marché mérite à lui seul une virée en ville : orgie de fruits, de légumes et d’épices, plantes médicinales, courtepointe d’ethnies, excellentes gargotes pour tâter de la gastronomie locale, petits kiosques pour se délecter de savoureux breuvages (jus de canne à sucre au gingembre, au basilic, au citron vert)…

Crédit: Gary Lawrence
Au surplus, la gentillesse et la facilité d’approche des gens permet d’engager la conversation avec n’importe qui, clients comme marchands, en toute circonstance.

Crédit: Gary Lawrence
À table!
Fruit de siècles de métissage, la Guyane jouit d’une très bonne gastronomie – elle est carrément excellente par endroits –, vu la fraîcheur des produits, à commencer par ceux qui proviennent de la mer. Le brassage des cultures dans la marmite sud-américaine, additionné d’une touche française, a fait le reste.

Crédit: Gary Lawrence
À Saint-Laurent-du-Maroni, la Goélette vaut le détour, rien que pour son cadre : aménagé dans un bateau échoué sur les rives du fleuve Maroni, ce petit resto bourré d’ambiance sert de succulents petits plats : gravlax de loubine, carpaccio de zébu, jamais-gouté (un poisson local) entier sur le gril…

Gravlax de loubine à la Goélette – Crédit: Gary Lawrence
À Cayenne, les occasions de se délecter sont encore plus nombreuses, que ce soit au marché – où on peut engloutir une soupe Pho concoctée par les Hmongs, une minorité originaire du Laos – ou à l’une des bonnes tables de la ville, comme au K (le resto bistronomique de l’hôtel Ker Alberte) ou au Spot Rooftop, avec vue sur la mangrove qui ceinture Cayenne et l’océan Atlantique, au-delà.

Restaurant Le Spot – Crédit: Gary Lawrence
L’heure des popotes roulantes
Les soirs de week-ends, le tout Cayenne se réunit dans l’immense place des Palmistes, en plein cœur de la ville, où sont déployés de nombreuses popotes roulantes (food trucks). En plus de permettre de s’offrir un repas à prix modique, l’endroit offre l’occasion de découvrir la faune urbaine de la ville, voire de se lier d’amitié avec les Guyanais. Non seulement ceux-ci s’y offrent un gueuleton entre amis ou en famille, mais plusieurs en profitent pour jouer au soccer, s’amuser avec leurs rejetons dans des modules de fête foraine ou papoter sur la pelouse.

Crédit: Gary Lawrence
Des pâtisseries comme en métropole
La Guyane, c’est un peu beaucoup la France quand on croise un bureau de poste, qu’on entend passer la voiture d’un gendarme, qu’on discute en français sur les terrasses et… qu’on entre dans une boulangerie ou une pâtisserie. On a alors droit aux croissants, chocolatines, baguettes et autres gâteries bien hexagonales, aussi fraîches et goûteuses qu’en métropole, en plus des délices locaux : gâteaux au coco ou au manoc, dizés milés (petits chaussons garnis de crème), comtesses (sablés aux épices…)

Crédit: Gary Lawrence
Plages et mangroves
On ne va pas en Guyane pour lézarder à la plage : les liserés sablonneux sont peu nombreux et les eaux ne sont pas toujours invitantes, vu les affluents de l’Amazone qui en brouillent la clarté (mais sans pour autant nuire à leur propreté).

Plage de Montjoly – Crédit: Gary Lawrence
Si certains sites (comme Kourou et Montjoly) sont bordés de jolies plages, et qu’on peut s’étendre sur les sables de certaines îles du fleuve Maroni (comme l’île des Lépreux), l’essentiel de la côte est souvent accaparé par une immense mangrove, qui va et vient selon les humeurs de l’océan et de la météo. Certaines années, Cayenne est ainsi ceinturée par de longues bandes de sable, mais il arrive aussi – comme c’est le cas présentement – que les palétuviers en bloquent entièrement l’accès… jusqu’à ce que courants et marées les retirent pour faire de nouveau place aux plages.

Crédit: Gary Lawrence
Pour s’assurer de profiter à la fois d’eaux limpides, de plages invitantes et d’un ravissant cadre tropical, on peut notamment mettre le cap sur les îles du Salut.

Crédit: Gary Lawrence
Un peu de Québec en Guyane
C’est non loin de Cayenne, à Remire-Montjoly, que s’étendent les restes de l’habitation Loyola, une plantation gérée par les Jésuites, au 17e s. À son apogée, l’habitation Loyola couvrait plus de mille hectares où vivaient et travaillaient une population captive de 500 esclaves.

Crédit: Gary Lawrence
Depuis 1994, ses vestiges font l’objet d’études et de mise en valeur, et cet ensemble unique est devenu un intéressant lieu de mémoire de l’histoire coloniale française. Le grand spécialiste des lieux, le professeur Yannick Le Roux, a publié un ouvrage sur l’habitation, aux Presses universitaires du Québec (il entretient depuis longtemps des liens avec l’Université Laval, à Québec). Sur place, on a d’ailleurs retrouvé des clous et des objets métalliques fabriqués à partir de barres de fer produites dans les Forges du Saint-Maurice (!)

Crédit: Gary Lawrence
La nature avant toute chose
Les Guyanais sont friands de sorties en nature, comme en fait foi la popularité des nuitées sous le carbet. Incontournable en Guyane et largement pratiquée par la population, cette activité consiste à passer la nuit sous cet abri traditionnel, entièrement ouvert sur la forêt, où on communie avec la nature et où on dort tantôt dans un hamac, tantôt sur un matelas sommaire.

Crédit: Gary Lawrence
Durant le jour, on pagaie, on pêche, on randonne, on se baigne, on se ressource, on réfléchit au sens de la vie; le soir, on s’offre un BBQ et on part observer la faune; puis on s’assoupit tranquillement au son du bruyant mais harmonieux concerto naturel de la forêt, sous le toit du carbet – qui est parfois aménagé sur un ponton flottant.

Crédit: Gary Lawrence
Explorer les réserves sans réserve
Depuis plusieurs années, Le Morpho emmène ainsi les visiteurs naviguer dans la réserve naturelle des marais de Kaw-Roura, à environ deux heures au sud de Cayenne, au bout d’une route étroite, cabossée et peu fréquentée. À bord de ce petit ponton flottant de 14 places, Alex le capitaine français et Olivier le Kali’na-Arawak guident les visiteurs sur des canaux naturels ou creusés à la main par les bagnards, au cœur de marais particulièrement riches en faune aquatique et aviaire.

Crédit: Gary Lawrence
Troisième plus grande par sa superficie en France (94 700 hectares), la réserve compte 54 % des espèces protégées et 74 % de l’avifaune de la Guyane, et pas moins de 450 espèces recensées.

Crédit: Gary Lawrence
Que ce soit lors de sorties d’une demi-journée ou avec nuitée à bord, on croise quantité d’oiseaux (aigrettes, martins-pêcheurs, caciques, grues, etc.) et, avec plus de chance, des caïmans noirs (surtout dans l’obscurité); mais on peut aussi entendre au loin les singes hurleurs.
Kaw d’espèce
Minuscule bourgade de quelques dizaines de maisons, Kaw n’est plus habitée que par une trentaine d’âmes, essentiellement de vénérables chasseurs et pêcheurs et leurs petits-enfants, qui vivent en plein cœur de la réserve des marais de Kaw-Roura. On y trouve toujours une église, une école ainsi que la mairie (et son annexe), et plusieurs petites habitations créoles.

Crédit: Gary Lawrence
Chez l’habitant, on peut se régaler d’atipa (un poisson typique de Guyane), de cochon-pays (du sanglier guyanais) et arroser le tout de jus de gingembre additionné de girofle et de citron (un régal!). On accède au village uniquement en pirogue ou avec le ponton du Morpho, ce qui a permis de préserver l’authenticité des lieux.
Les saisons de Guyane
Quand peut-on (ou doit-on idéalement) se rendre en Guyane? De janvier à mars, c’est la grosse saison des pluies mais ces mois sont festifs, avec la tenue de l’incontournable carnaval de Cayenne. Ensuite vient le « petit été » de mars, qui dure 15-20 jours, puis la suite de la saison des pluies, d’avril à juin. Juillet est déjà plus sec, tout comme août, puis arrivent septembre, octobre et novembre, plus chauds et encore plus secs. De façon générale, la période d’août à septembre s’avère donc la meilleure pour séjourner en Guyane.

Festque murale à cayenne – Crédit: Gary Lawrence
Info : guyane-amazonie.fr
À lire bientôt : Cartes postales de Guyane, d’Iracoubo au fleuve Maroni