Chantal Lapointe : une retraite bien méritée et la tête pleine de projets

Vendredi, l’ex-Madame Disney partira en (semi) retraite après 42 ans dans l’industrie, dont quatre chez Voyages CAA-Québec. Nous nous sommes entretenus avec elle pour connaître ses motivations et… ses projets.


Lundi prochain, l’atmosphère risque d’être un peu lourde, dans les bureaux de Voyages CAA-Québec à Montréal. Car il y aura un grand vide, celui laissé par le départ à la retraite de Chantal Lapointe, la très joviale directrice des relations de partenaires et stratégies de croissance.

« Ça fait 42 ans que je suis dans le domaine, j’aurais pu rouler encore! », dit la principale intéressée. En fait de retraite, la dirigeante quittera son emploi, certes, mais elle n’a aucunement l’intention de se tourner les pouces.

Sur la dune Big Daddy, en Namibie

« Je ne veux pas disparaître, j’ai encore plein d’idées, dit-elle. Je vais continuer à collaborer comme consultante pour CAA-Québec, et je suis en train de finaliser mon entente. J’ai même déjà un mandat avec Disney, en juin. »

 

Une nouvelle liste de tâches

Entre autres nouvelles tâches auxquelles elle a envie de se consacrer figurent les voyages de développement à destination (pour sélectionner ce qu’un voyagiste veut vendre), mais aussi donner des conférences et prendre part à des éductours avec des conseillers en voyages.

Elle garde d’ailleurs une porte ouverte pour être accompagnatrice. « Mais pas tout de suite! », dit celle qui a manifestement besoin de respirer un brin après avoir vécu comme sur un train à grande vitesse, la pédale au plancher, ces dernières années.

Burano, Italie

« Je veux avoir la capacité de pouvoir dire non, de faire davantage ce que je veux et voyager plus, après avoir fait voyager tant de monde! Je veux aussi consacrer plus de temps à mes amis, à ma famille : je suis devenue grand-maman il y a 10 mois et j’ai envie d’être avec ma p’tite poupoune! »

 

Une décision mûrement réfléchie

C’est en janvier dernier que Chantal Lapointe a parlé de ses intentions à son supérieur immédiat, Philippe Blain. « Je voulais lui laisser le temps de trouver quelqu’un pour me remplacer. » Car des gestionnaires qui ont plus de quatre décennies au compteur et qui savent prendre des décisions rapidement et efficacement, ça ne court pas les rues, dans le merveilleux monde du voyage.

Chez Voyages CAA-Québec, Chantal Lapointe porte d’ailleurs plusieurs chapeaux. « Je m’occupe des campagnes de coopération avec les partenaires, des relations avec l’industrie du tourisme, du budget et des aspects légaux des contrats… Je suis aussi responsable de la satisfaction des voyageurs, et les plaintes passent également par moi. C’est une grosse job, qui demande des heures et des heures de travail à chaque semaine! »

 

Une carrière bien remplie

C’est à l’âge de 18 ans que Chantal Lapointe entame sa carrière dans l’industrie, chez Touram (ancêtre de Vacances Air Canada), avant d’oeuvrer aux ventes dans les magazines (Tourisme Plus, Voyager et L’agent de voyages, avec son conjoint Michel Villeneuve), puis de faire le saut chez Disney.

En tout, celle qu’on surnommait « Madame Disney » aura passé 14 ans dans cet empire comme gestionnaire au développement des affaires pour Disney Parks & Resorts, avant de devenir « facilitatrice » (sorte d’intermédiaire) au Disney Institute, durant deux ans et des poussières.

« Mon passage chez Disney, ce fut du bonbon, même si j’avais de grosses semaines – de 60 à 70 heures – et que je travaillais très fort. Mais j’ai surtout eu beaucoup de fun! »

 

Début brutal

Le 2 mars 2020, Chantal Lapointe entre en fonctions chez Voyages CAA-Québec. « Moins de deux semaines plus tard, la COVID nous tombait dessus! » Comme entrée en matière, difficile de trouver plus radical.

« Cette période a été la plus difficile mais aussi la plus gratifiante de ma carrière, dit-elle. On a pu aider tellement de monde! On a rapatrié 6000 personnes, y compris des gens qui n’avaient pas réservé avec nous mais qui étaient membres CAA. Par la suite, on a reçu des tas de belles lettres et de beaux messages… »

Pour Chantal Lapointe, cet épisode lui a d’ailleurs fait réaliser à quel point elle respectait son employeur, dont les valeurs rejoignaient les siennes. « C’est une OBNL, pas une entreprise dont le seul but est de remplir les poches d’un propriétaire; nos bénéfices, on les retourne en rabais à nos clients. »

Pendant et après la COVID, Philippe Blain n’a eu de cesse de lui répéter à quel point il avait été chanceux de pouvoir compter sur elle pendant cette crise. Il n’a toujours que de bons mots à l’égard de sa future ex-employée, d’ailleurs. « Ambitieuse, généreuse, authentique et dynamique, Chantal est non seulement passionnée par son domaine mais elle l’est aussi par les gens! », dit Philippe Blain.

« Elle se soucie du bien-être de ceux avec qui elle travaille tout en cherchant constamment à aider les autres, poursuit-il. Je crois n’avoir jamais eu un appel ou une rencontre avec Chantal où elle ne commençait pas par: “Toi Philippe, comment ça va? Parle-moi de toi un peu…” Classique Chantal! »

 

Des voyages à profusion

 « Certaines personnes se définissent par ce qu’elles font, et c’est mon cas : je me suis toujours définie par l’industrie dans laquelle j’évoluais, le voyage! »

Bénévolat dans un orphelinat de Karatu, en Tanzanie.

Pendant toutes ces années, Chantal Lapointe a ainsi beaucoup bourlingué. « J’ai bien roulé ma bosse, dit-elle. Je connais tous les États de nos voisins du Sud, j’ai fait 28 croisières, je suis allée au Brésil six fois mais aussi dans toute l’Europe, en Afrique, en Russie, en Chine… Je pense que je suis insatiable! »

Récemment rentrée du Japon, où elle s’est follement amusée, elle compte d’innombrables moments forts à l’étranger, comme la fois où elle voulait désespérément voir les chutes d’Iguaçu, alors que le parc était fermé au public du côté brésilien. « Heureusement, grâce à une autorisation spéciale, je me suis retrouvée face à cette majestueuse merveille du monde, émue aux larmes! »

Iguaçu, Brésil

 

Peu de regrets, beaucoup d’espoir

Ce qui va lui manquer le plus de sa carrière à temps plein? Sans hésitation, c’est le contact avec les autres. « Je suis une fille de troupe, j’aime être avec mes collègues, mes patrons, les gens de l’industrie – heureusement, je vais continuer à les fréquenter! –, et j’aime développer des projets, y compris avec des pays qui veulent se développer, comme la Colombie, récemment. »

Même au plus fort de la pandémie, Chantal n’a jamais cessé de croire en cette industrie qu’elle aime par-dessus tout. Aux nouvelles et potentielles recrues qui craignent de choisir une carrière dans ce milieu, elle envoie d’ailleurs un message d’espoir.

« Nous sommes là pour aider les voyageurs à réaliser leurs rêves, ils ont besoin de notre expertise et nous avons encore de belles années devant nous, assure-t-elle. On engage bien des experts pour nos finances, nos assurances et que sais-je encore, alors pourquoi on ne le ferait pas avec l’une de nos plus grosses dépenses annuelles, le voyage? »

« Au-delà de mécanique de la vente, il y a les émotions : pour ça, il faut quelqu’un pour dire au voyageur ce qui lui fera du bien, et en matière de voyage, ce quelqu’un, c’est le conseiller. »

 

Bonne (semi) retraite, Chantal!