Par Chantal Neault, Réseau de veille en tourisme, Chaire de tourisme Transat – Page de l’analyse ICI –
Les voyages en solo ont la cote, surtout auprès des femmes. Pour séduire cette clientèle, des types d’hébergement flexibles et des plateformes Web favorisant la rencontre entre solos voient le jour.
La revue Espaces s’est intéressée au marché des solos dans son édition de septembre-octobre 2017. Anne-Marie Michaux, responsable du pôle Missions transversales à la Direction générale des entreprises (DGE), sous-direction du tourisme, en France, y propose une définition des solos : « Sont considérés comme solos, l’ensemble des personnes de 18 ans et plus, partant seules en voyage ou en séjour d’agrément, en individuel ou en groupe d’individuels regroupés ».
Cette définition a servi de base pour une étude intitulée : Les solos : un marché à conquérir et à satisfaire !
UN MARCHÉ DE NICHE À FORT POTENTIEL
Le nombre de personnes vivant seules augmente chaque année. Au Canada, il a atteint un taux record. Selon les données du recensement de 2016 dévoilées par Statistique Canada, un peu plus d’un Canadien sur dix (14 %) âgé de 15 ans et plus vivait seul en 2016 comparativement à 1,8 % en 1951. Par ailleurs, la part des ménages canadiens composés d’une seule personne est passée de 7,4 % en 1951 à 28,2 % en 2016. C’est au Québec que cette proportion était la plus élevée, soit 33,3 % en 2016 (comparativement à 32 % en 2011). Selon Statistique Canada, il s’agit d’une tendance répandue dans les pays industrialisés.
Mme Michaux rapporte que 25 % des touristes à travers le monde ont voyagé seuls en 2015 (Organisation mondiale du tourisme), que 33 % des voyages des Français se font seuls et que 35 % des clients britanniques de Booking partaient seuls en 2014. D’autre part, de nombreux voyagistes et réceptifs constatent qu’une part de plus en plus importante de leur clientèle de groupe est formée de voyageurs seuls qui souhaitent vivre leurs expériences avec d’autres gens partageant les mêmes intérêts. C’est le cas des clients de TourRadar, une agence spécialisée dans les circuits de plusieurs jours, dont 41 % de la clientèle est constituée de voyageuses en solo.
L’HÉBERGEMENT: UN FREIN AU DÉVELOPPEMENT ?
Selon Anne-Marie Michaux, l’offre d’hébergement basée sur le standard de la chambre double constitue le principal frein à la croissance des séjours en solo. Pourtant, « certains types d’hébergement, comme les auberges de jeunesse et autres hostels, tirent leur épingle du jeu ». L’hébergement en dortoir et les chambres individuelles plaisent aux jeunes. De nouvelles enseignes telles JO&JOE, du groupe Accorhotels, côtoient de plus anciennes comme Generator. Chez JO&JOE, le concept d’hébergement partagé fournit une réponse à la question du supplément « occupation simple » à laquelle sont confrontées toutes les personnes qui voyagent seules, souligne Matthieu Perrin, directeur de la marque. À cette enseigne, près des deux tiers (65 %) de l’hébergement peut être réservé à la place plutôt qu’à la chambre.
Au Canada, plusieurs voyagistes, Vacances Transat, Vacances Signature, Vacances Air Canada ou Voyages à rabais, proposent un choix d’établissements qui offrent des chambres en occupation simple sans aucun supplément dans des destinations du Sud. Vacances Transat a d’ailleurs remporté un prix dans la catégorie « Voyages à forfait » lors de la 1re édition des prix Solo Travel, organisée par Solo Traveler. Ces prix récompensent les entreprises les plus attentives à attirer et à servir les personnes qui voyagent seules. D’autres comme Voyages Traditours offrent un service de jumelage qui permet aux voyageurs de partager leur chambre durant le séjour.
Source: Transat
DES « STARTUPS » QUI ONT LE VENT DANS LES VOILES
Créé en 2015, le site Web Copines de voyage se situe à mi-chemin entre l’agence de voyages et le réseau social. Comme l’explique Alix Gauthier, cofondatrice, le but est de « permettre à une femme qui veut partir de choisir son voyage grâce à la communauté de copines de voyage ». L’agence coconstruit ses offres avec des réceptifs locaux et des voyagistes afin qu’elles répondent aux attentes de sa clientèle. Ces séjours sont offerts pour une durée limitée au cours de laquelle les copines peuvent s’enregistrer et échanger par l’entremise du réseau social pour mieux connaître leurs futures partenaires de voyage. Mme Alix souligne qu’à ses débuts, sa communauté comprenait exclusivement des femmes vivant seules. Aujourd’hui, cette catégorie représente de 60 % à 70 % des 270 000 membres.
Source: Copines de voyage
D’autres jeunes entreprises favorisent aussi la rencontre entre solos ; Paravecmoi est l’une d’elles. À la fois site de rencontre et agence de voyages, cette plateforme met en relation des voyageurs qui se ressemblent, inscrits sur le site. Selon Michel Ruiz, chef de la direction, management et marketing, l’algorithme de Paravecmoi permet de « présenter des profils de voyageurs qui concordent en ce qui a trait à leurs préférences personnelles et à leurs habitudes de voyage ». Ensuite, ces compagnons de voyage n’ont plus qu’à choisir ensemble leur séjour sur la plateforme du voyagiste partenaire de Paravecmoi. Pour se constituer une communauté de voyageurs, Paravecmoi a créé une page Facebook qui comprend maintenant 16 000 abonnés, majoritairement des femmes (73 %).
L’agence de voyages Les Covoyageurs a, quant à elle, toujours segmenté son offre en fonction de divers types de clientèles (solos, familles monoparentales, multigénérations, etc.) plutôt que par type de produit, comme c’est le cas chez les voyagistes. Elle a « démarré avec une gamme de produits pour les solos, sur la base du concept de voyages à partager entre personnes célibataires, séparées, divorcées ou veuves », mentionne Sarah Lopez sa cofondatrice. Les voyageurs en solo forment 70 % de sa clientèle qui est constituée, elle aussi, principalement de femmes (64 %).
Des destinations ciblent les solos. Vraiment?
Certains offices de tourisme ont commencé à segmenter leur offre en fonction de clientèles spécifiques, comme les familles ; bien peu toutefois s’adressent spécifiquement aux touristes en solo. C’est pourtant le cas de Tourisme Montréal qui consacre une partie de son site Web à cette clientèle dans sa section Explorer, Montréal pour… On y trouve des suggestions d’activités et de sorties pour explorer la ville, au singulier. Vous en connaissez d’autres ? Faites-nous-en part dans la section commentaires.
Source: Tourisme Montréal