Cri du cœur de Tourisme Jasper; Parcs Canada se défend

Tandis que Jasper a hâte de renaître de ses cendres, Parc Canada rejette les critiques à son égard dans la gestion des feux de forêt.


Les cendres sont encore chaudes mais déjà, Tourisme Jasper implore les touristes de revenir dès qu’il sera possible de le faire, alors que les incendies continuent de sévir dans la région.

Dans une déclaration officielle, Tyler Riopel, PDG de Tourisme Jasper, se dit touchée par les élans de soutien provenant du monde entier, mais elle demande aussi aux visiteurs de la patience tandis qu’on attend un compte-rendu officiel sur l’état des lieux.

Force et résilience

« Même si plusieurs incendies sont toujours hors de contrôle et que nous sommes confrontés à des pertes qu’il nous reste à quantifier, notre force a toujours résidé dans notre communauté et nos gens, comme en témoignent les efforts héroïques des intervenants d’urgence et du personnel de soutien local depuis le début de cette tragédie », d’ajouter Tyler Riopel.

« Les résidents de Jasper seront de retour pour reconstruire et quand ils le feront, l’un des meilleurs moyens de les aider à long terme sera de revenir nous voir et de dépenser chez nous, poursuit la PDG. Attablez-vous à nos restaurants, séjournez dans nos hôtels, utilisez nos services, explorez avec nos guides, redécouvrez Jasper. À ce state-ci, nous ne savons pas combien de temps il faudra, quand les résidents et les entreprises de Jasper seront prêts à vous accueillir de nouveau, mais de grâce, revenez! »

Dans la foulée, Tyler Riopel a également encouragé la communauté mondiale à faire un don à la Jasper Community Team Society, « une organisation à but non lucratif qui veillera à ce que les fonds aillent directement au cœur de cet endroit incroyablement spécial. »

Parcs Canada rejette les critiques

Pendant ce temps, les responsables de Parcs Canada et les politiciens fédéraux nient catégoriquement que les politiques de gestion forestière du parc national de Jasper aient contribué à aggraver la situation.

Ron Hallman, PDG de l’agence fédérale, a déclaré qu’il était « ridicule » d’affirmer que son organisation accorde plus de valeur à la nature qu’aux personnes.

« Franchement, c’est offensant, a-t-il déclaré. Il n’y a rien de plus important pour Parcs Canada que la sécurité de nos employés, de nos invités et des personnes avec lesquelles nous travaillons. »

Des flammes toujours actives

Bien que les incendies de Jasper soient éteints et que des progrès soient réalisés contre ceux qui sévissent encore, d’autres continuent de brûler, à 360 km à l’ouest d’Edmonton.

Plus de 20 000 personnes dans et autour de la communauté de Jasper ont été évacuées et le ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault, a déclaré qu’un plan de réintégration progressif était en cours de développement pour ces résidents. L’autoroute qui traverse le parc national demeure pour sa part fermée.

Pas assez de brûlages dirigés?

Plusieurs ont suggéré qu’on aurait pu faire plus pour réduire les risques d’incendie dans la région. Certains affirment que des brûlages dirigés auraient dû être utilisés pour éclaircir les forêts remplies d’arbres morts, hautement inflammables, en particulier ceux affectés par l’infestation de dendroctone du pin ponderosa.

Mais Ron Hallman a précisé que Parcs Canada utilise des brûlages dirigés à Jasper depuis 1996, dont 15 qui ont couvert des milliers d’hectares, au cours de la dernière décennie.

« Nous faisons tout ce que nous pouvons raisonnablement faire pour enlever les broussailles, faire des brûlages dirigés et réduire les risques pour les biens, les villes et les personnes », s’est-il défendu.

Des appuis à Parcs Canada

Le maire de Jasper, Richard Ireland, a pris fait et cause pour Parcs Canada en rappelant que l’impact du dendroctone du pin ponderosa était si répandu dans le parc qu’enlever tous les arbres morts aurait été impossible.

« Il s’agit ici d’une vallée qui fait des kilomètres de largeur et 30 kilomètres de longueur et qui est remplie d’arbres morts; il est impossible de tous les retirer », a-t-il précisé.

Steve Carr, directeur exécutif de l’Agence de gestion des urgences de l’Alberta, a pour sa part déclaré que des exercices avaient été effectués six semaines auparavant en prévision d’un tel événement. « Je dirais que les effectifs étaient très bien préparés, très bien intégrés et ont très bien travaillé pour faire face à cette urgence, dont l’ampleur est difficile à imaginer à l’avance », a-t-il dit.

Steven Guilbeault a également défendu Parcs Canada, soulignant que 70 % de la ville historique avait été sauvée.

Pour l’heure, le parc national de Jasper demeure fermé et la GRC assure la sécurité de la ville, conclut Parcs Canada, en rappelant que points de contrôle empêchent les visiteurs d’accéder au parc.