David Bennett et son épouse Jane Wilcox à l'aéroport Pearson de Toronto le 16 mai 2025 - Crédit THE CANADIAN PRESS/HO

David Bennett enfin de retour chez lui

Faussement accusé de trafic de drogue et arrêté en République dominicaine, le touriste canadien est finalement rentré à la maison.


Lorsque David Bennett a décidé de fuir l’hiver canadien pour une semaine de vacances en République dominicaine, il n’aurait jamais imaginé qu’il passerait plus de deux mois à tenter de revenir en sol canadien.

Tout récemment, David Bennett est finalement rentré chez lui à Burlington, en Ontario, après avoir été arrêté dans ce pays des Caraïbes et faussement accusé de trafic de drogue. Même après l’abandon des charges, il est resté coincé sur l’île pendant plusieurs semaines en raison de retards judiciaires.

Il réclame désormais davantage de transparence de la part du gouvernement fédéral dans l’aide apportée aux Canadiens à l’étranger.

 

Une histoire rocambolesque

David Bennett, sa conjointe Jane Wilcox et des amis rentraient d’un séjour dans un complexe touristique de la République dominicaine, le 7 mars dernier, lorsqu’il a été bloqué à la borne automatique de la douane de l’aéroport de Punta Cana. Il a ensuite été conduit dans une salle d’interrogatoire, pensant d’abord à un simple malentendu.

Là, lui et Jane Wilcox se sont vu présenter la photo d’un sac qu’ils ne reconnaissaient pas, étiqueté à un nom différent — Davi Bennett au lieu de David R. Bennett. Bien qu’ils aient insisté sur le fait que ce sac ne leur appartenait pas, l’homme a été inculpé de trafic de drogue en République dominicaine et on lui a dit qu’il risquait jusqu’à 30 ans de prison.

« C’était vraiment effrayant, j’étais sous le choc, dit-il. J’étais dans un état de déni total, je n’arrivais pas à croire que cela se produisait. Je ne m’attendais certainement pas à ce que ça prenne une telle tournure. Jamais je n’aurais cru vivre une chose pareille. »

David Bennett se souvient avoir été menotté, puis avoir passé la nuit dans une « petite cellule surpeuplée », coincé entre d’autres détenus, assis dans un coin pendant près de neuf heures. Il a réussi à obtenir un avocat — avec qui il ne pouvait communiquer que via Google Translate — et son épouse a finalement dû payer une caution de 5 000 $, a-t-il expliqué.

L’homme a ensuite passé plusieurs semaines à changer d’hébergement pendant que lui et sa conjointe tentaient de prouver son innocence et de le faire revenir au Canada. Lorsqu’ils ont appris que les accusations allaient être abandonnées, il a ressenti un soulagement… de courte durée.

 

Du soulagement à l’angoisse

« On nous a dit qu’il faudrait environ 10 à 15 jours pour que le retrait des charges soit officialisé par une ordonnance du tribunal, raconte David Bennett. Cela nous inquiétait, mais on nous a expliqué qu’il y avait un arriéré dans le système judiciaire. On s’est alors dit : quelle autre option avons-nous, à part rester patients ? »

Il a fallu plus de 15 jours pour que l’ordonnance soit signée, se souvient-il, et ensuite, on lui a dit qu’il faudrait encore jusqu’à deux semaines supplémentaires pour que l’interdiction de voyager soit levée.

« Mon état mental était très fragile pendant ces cinq dernières semaines d’attente, confie David Bennett. L’anticipation et l’incertitude ont été la partie la plus difficile. »

 

Démarches canadiennes infructueuses

Pendant ce temps en Ontario, Jane Wilcox s’activait pour réunir un maximum de soutien, selon David Bennett. Elle et d’autres membres de la communauté ont contacté leur députée Karina Gould ainsi qu’Anita Anand, aujourd’hui ministre des Affaires étrangères.

Le 15 mai, Bennett a appris par Affaires mondiales Canada que son interdiction de voyager avait été levée par un accord verbal avec les autorités dominicaines, et ils ont immédiatement réservé un vol pour le lendemain.

« À ce moment-là, on s’est simplement fiés à notre volonté, car les papiers n’étaient pas encore finalisés. On a contacté Affaires mondiales Canada et on leur a dit : “Nous allons à l’aéroport, assurez-vous que les documents nécessaires soient là pour nous soutenir” », se souvient-il.

Le lendemain, à bord de l’avion pour Toronto, il dit ne s’être « jamais vraiment senti à l’aise » tant que les roues n’avaient pas quitté le tarmac. « Même dans l’avion, même en sachant que j’étais innocent, j’avais toujours cette pensée en arrière-plan : “Qu’est-ce qui va mal tourner maintenant ?” Je me disais que quelque chose allait foirer. J’étais très, très nerveux tout le long. »

 

71 jours à attendre

Le vol lui a procuré un « sentiment incroyable », dit-il, mais les retrouvailles avec son épouse furent encore plus fortes. Au total, David Bennett estime avoir passé 71 jours bloqué en République dominicaine, dormant peu, perdant beaucoup de poids et accumulant plus de 80 000 $ en frais juridiques et d’hébergement.

Bien qu’il soit de retour chez lui, David Bennett affirme qu’il reste sans réponses sur ce qui s’est passé ce jour-là à l’aéroport de Punta Cana. « J’aimerais vraiment comprendre ce qui s’est passé, comment cela a pu arriver, et comment on peut éviter que cela se reproduise. »

David Bennett ajoute qu’il souhaite plus de transparence de la part des responsables canadiens dans les démarches qu’ils entreprennent pour aider les citoyens bloqués à l’étranger. Pendant son séjour en République dominicaine, lui et Jane Wilcox sont restés en contact avec Affaires mondiales Canada et l’ambassade canadienne, mais les fonctionnaires leur donnaient très peu de nouvelles ou d’informations, ce qu’il a qualifié de « frustrant ».

 

Des autorités canadiennes peu efficaces

Affaires mondiales Canada et l’ambassade du Canada en République dominicaine n’ont pas répondu immédiatement aux demandes de commentaires. « Je pense vraiment que les Canadiens méritent mieux, dit David Bennett. Il faut soutenir davantage nos citoyens lorsqu’ils voyagent. »

Aux Canadiens qui voyagent à l’étranger, David Bennett recommande de n’apporter qu’un bagage à main et, s’ils enregistrent un sac, de conserver l’étiquette de bagage. Il suggère également de consulter les avis aux voyageurs du gouvernement fédéral avant de choisir une destination.

 

L’envie renouvelée du voyage

Maintenant qu’il est de retour au Canada, David Bennett dit qu’il passe autant de temps que possible avec sa famille et qu’il travaille à se rétablir physiquement et mentalement.

Avant l’incident, David Bennett n’était pas un grand voyageur, mais paradoxalement, sa détention lui a donné envie de voyager davantage.

« Cette expérience m’a donné soif de voyages, car je veux vivre ma vie pleinement et en profiter, dit-il. Il y a tellement de beaux endroits à découvrir dans ce monde, et cette histoire ne m’a pas découragé d’en explorer d’autres. »