Les voyageurs paieront beaucoup plus cette année pour voler au Canada, durant la saison touristique de pointe qui s’entame, mais moins pour l’Europe et les États-Unis.
Quiconque prévoit prendre un vol au Canada cet été doit s’attendre à ouvrir encore plus grand son portefeuille.
Selon un nouveau rapport du Flight Centre Travel Group (FCTG), les voyageurs paieront considérablement plus cette année pour prendre l’avion au Canada, car en dépit d’une demande à la baisse, la capacité limitée et la faible concurrence l’emportent, ce qui pousse les tarifs aériens à la hausse.
De juillet à septembre, les prix des vols intérieurs sont ainsi 14 % plus élevés en moyenne qu’il y a 12 mois. « Nous constatons des augmentations de coûts généralisées », note Chris Lynes, directeur général de FCTG, une entreprise australienne établie au Canada.
De multiples facteurs impliqués
Alors que la demande refoulée pour les voyages de loisirs qui a suivi la pandémie a commencé à diminuer, de légères baisses de prix étaient prévues, selon Chris Lynes. Mais la stagnation de l’inventaire des sièges et la concurrence réduite ont contribué à augmenter les tarifs, une tendance particulièrement perceptible sur les vols court-courriers.
Les vols aller simple de Calgary à Vancouver ont ainsi grimpé de 27 % pour atteindre en moyenne 580 $, selon le FCTG. Les trajets Montréal-Toronto ont pour leur part enregistré une augmentation de prix de 36 % pour atteindre 781 $. Les billets pour un voyage d’Edmonton à Vancouver ont bondi de 82 % pour atteindre 737 $.
Retards de livraison et autres problèmes
Plusieurs compagnies aériennes canadiennes ont été confrontées à des retards de livraison d’avions causés par des problèmes de production chez Boeing, ce qui a restreint leur capacité à augmenter leur flotte.
Le mois dernier, le pdg de WestJet a ainsi déclaré que sa compagnie aérienne était à la recherche d’avions pour compenser les livraisons reportées de Boeing, après l’incident d’Alaska Airlines de janvier dernier, qui avait incité les régulateurs états-uniens à suspendre l’expansion de la production de l’avionneur.
Pour leur part, Air Transat et Air Canada font partie des compagnies aériennes confrontées aux effets en cascade du rappel de moteurs Pratt & Whitney, pour inspection et réparation. Avec plusieurs avions immobilisés au sol, les deux transporteurs ont parfois dû louer des avions, augmentant davantage leurs frais généraux.
Une époque de consolidations
Pendant ce temps, les 13 derniers mois ont vu davantage de consolidations dans l’industrie aérienne alors que les transporteurs à bas prix Lynx Air et Swoop disparaissaient des cieux et que WestJet rachetait Sunwing Airlines — des développements qui ont incité le Bureau de la concurrence à lancer une étude le mois dernier.
WestJet et Sunwing représentaient à elles seules 72 % de la capacité de sièges de l’ouest du Canada l’année dernière, selon le Bureau. « Il n’y a tout simplement pas autant de sièges disponibles qu’il y a un an, puisque certaines compagnies aériennes ont quitté le marché », constate Helane Becker, analyste aérienne chez TD Cowen.
Le cas Porter Airlines
Pendant ce temps, Porter Airlines ajoute deux avions par mois à sa flotte, dans le cadre d’un plan d’expansion rapide qui injecte une dose de concurrence sur le marché. Mais malgré l’offre supplémentaire, les nouveaux avions n’ont probablement pas fait baisser les tarifs, croit Mike Arnot, porte-parole de la société d’analyses aéronautiques Cirium.
Les voyages d’affaires ont également commencé à se redresser après un long retard post-pandémique, bien que cela ne fasse qu’augmenter les tarifs des billets plus coûteux.
« Si vous êtes en classe affaires, les billets sont encore assez chers », confirme Chris Lynes. Du reste, la hausse générale des tarifs des vols intérieurs s’inscrit dans le prolongement d’une ascension annuelle qui a commencé en octobre, selon les données de Cirium.
L’Europe et les États-Unis plus abordables
À tout le moins, les voyageurs peuvent se consoler en constatant que de nombreux vols vers les États-Unis et l’Europe sont désormais plus abordables qu’au cours des dernières années, alors que les transporteurs nationaux et étrangers intensifient leurs services. « On voit ainsi davantage de compagnies aériennes internationales ajouter de la capacité », note Helane Becker, citant Lufthansa en exemple.
En novembre dernier, Porter Airlines prévoyait déjà ajouter au moins neuf destinations américaines à son réseau, jusqu’en octobre prochain.
Plus de capacité chez Transat et Air Canada
Du reste, Transat a déclaré plus tôt ce mois-ci qu’elle augmenterait sa capacité de 11 % cette année. Celle-ci s’inscrit cependant sous les projections précédentes de 13 %, qui marquaient elles-mêmes une réduction par rapport à des plans d’expansion plus ambitieux, le tout dans le cadre de chiffres de fréquentation décevants et d’une demande tiède des voyageurs de loisirs.
Pour sa part, Air Canada prévoit augmenter sa capacité de 6 % à 8 % cette année. Mais le plus grand transporteur canadien s’attend toujours à rester en dessous de ses niveaux de capacité record de 2019 et ce, jusqu’en 2025, cinq ans après le début de la pandémie.