Des habitants traversent Lacovia Tombstone, en Jamaïque, au lendemain de l'ouragan Melissa, mercredi 29 octobre 2025 (AP Photo_Matias Delacroix).

Haïti, la Jamaïque et Cuba pansent leurs plaies après le passage de Melissa

Tandis que s’activent les vols de rapatriement et que l’aide d’urgence s’organise, les Bahamas sont épargnées et les Bermudes retiennent leur souffle. 


Jeudi matin, les habitants des Caraïbes septentrionales tentaient de se relever de la destruction laissée par l’ouragan Melissa, alors que le bilan des victimes de cette tempête catastrophique continuait de grimper.

Des résidents hébétés erraient parmi les débris, contemplant leurs maisons sans toit et leurs biens détrempés éparpillés tout autour d’eux.

« Je n’ai plus de maison », a déclaré, désemparé, Sylvester Guthrie, habitant de Lacovia, dans la paroisse jamaïcaine de St. Elizabeth, tenant son vélo — le seul bien de valeur qu’il lui restait après la tempête.

« J’ai un terrain ailleurs où je pourrais reconstruire, mais je vais avoir besoin d’aide », a supplié cet employé de la voirie.

 

Le pire est passé, reconstruisons!

 « Le pire est passé, et maintenant, nous nous unissons pour reconstruire la Jamaïque », lance Angella Bennett, directrice régionale pour le Canada au sein de l’Office du tourisme de la Jamaïque.

Des vols d’aide humanitaire d’urgence ont atterri à l’aéroport international Norman Manley de Kingston, qui a rouvert ses portes tard hier, alors que les équipes distribuaient de l’eau, de la nourriture et d’autres produits essentiels.

Angella Bennett a précisé que la meilleure façon de soutenir la reconstruction de la Jamaïque est de faire un don sur supportjamaica.gov.jm, un site mis en place par le gouvernement jamaïcain.

En collaboration avec celui-ci, des points de collecte pour les dons de secours liés à l’ouragan Melissa sont disponibles à la Jamaican Canadian Association of Montréal, 4065, rue Jean-Talon O.

« Nous faisons appel à tous nos amis et partenaires… faisons-le ensemble », a déclaré Angella Bennett.

 

La Fondation Sandals à pied d’oeuvre

Pour sa part, la Fondation Sandals a indiqué être en mode action totale. « Nos premières actions de secours sont en cours, en coordination avec l’ODPEM et nos fondations partenaires ici en Jamaïque, dit la Fondation. Les fournitures essentielles ont déjà été sécurisées, le premier envoi est prêt à partir de Miami dès que l’autorisation sera donnée, et de l’eau sera distribuée localement dans les abris entre aujourd’hui et jeudi. »

La Fondation Sandals précise également que ses premières actions se poursuivront avec des partenaires tels que World Central Kitchen, pour fournir des repas chauds, et REACT, une équipe humanitaire d’intervention rapide basée au Royaume-Uni, actuellement en route vers la Jamaïque.

« Après cette phase initiale, nous collaborerons avec nos partenaires pour effectuer des évaluations et amorcer les efforts de rétablissement à long terme. Nos priorités seront les établissements de santé, la réhabilitation des écoles et la relance des moyens de subsistance dans les communautés de pêcheurs les plus touchées par l’ouragan Melissa », indique la fondation.

« À ce stade, les dons monétaires sont le moyen le plus efficace et immédiat pour soutenir les efforts de reconstruction. Pour appuyer ces actions, nous vous invitons à partager le matériel ci-joint et le lien ci-dessous pour effectuer un don. Les contributions peuvent être versées sous la catégorie Relief Mission sur SandalsFoundation.org ».

 

Vols de rapatriement en cours

Tel que mentionné hier, les compagnies aériennes canadiennes ont mis à jour – et dans certains cas prolongé – leurs alertes voyage pour les destinations touchées par Melissa.

Angella Bennett a également publié une capture d’écran des vols du 30 octobre à destination de la Jamaïque, montrant l’état des lieux de plusieurs compagnies aériennes, dont Air Transat et Air Canada.

Dans une nouvelle mise à jour publiée le 29 octobre, Sunwing et WestJet indiquent qu’elles travaillent activement ensemble pour organiser des vols de rapatriement pour les clients actuellement en Jamaïque. 

Entretemps, certains vacanciers ont partagé sur les réseaux sociaux des messages indiquant que les cartes-clés de leurs chambres avaient été désactivées tant que les hôtels n’auraient pas reçu le paiement des nuits supplémentaires.

La page FAQ sur l’ouragan Melissa, mise à jour le 29 octobre sur le site de l’Office du tourisme de la Jamaïque, se trouve ici.

 

Des dégâts énormes

« Les dégâts sont énormes », a déclaré Daryl Vaz, ministre jamaïcain des Transports. Certains Jamaïcains ne savaient plus où se loger.

« Je suis sans abri maintenant, mais je dois rester optimiste parce que je suis en vie », a confié Sheryl Smith, qui a perdu le toit de sa maison.

Les autorités ont indiqué avoir retrouvé au moins quatre corps dans le sud-ouest de la Jamaïque.

Le premier ministre Andrew Holness a déclaré que jusqu’à 90 % des toits de la communauté côtière de Black River avaient été détruits. « Black River, c’est ce qu’on pourrait appeler le point zéro », a-t-il dit. « Les habitants essaient encore de réaliser l’ampleur des dégâts. »

Plus de 25 000 personnes restaient entassées dans des abris à travers la moitié ouest de la Jamaïque, et 77 % de l’île demeurait privée d’électricité.

 

Reprise lente à Cuba

Du coté de Cuba, les premières évaluations confirment que, bien que certaines régions aient subi des dommages, les principales infrastructures touristiques sont restées largement intactes. La phase de rétablissement est déjà en cours.

“Grâce à la préparation rapide et efficace de la défense civile cubaine et à l’évacuation en temps opportun de centaines de milliers de résidents, aucune perte humaine n’a été signalée”, assure le Bureau de tourisme de Cuba à Montréal.

Les infrastructures touristiques et les installations hôtelières n’ont subi aucun dommage structurel majeur, poursuit le Bureau. Les principaux impacts dans la région orientale concernent des routes obstruées ainsi que des dommages aux lignes électriques et téléphoniques. Les ressources nécessaires ont été déployées pour les réparations, et il est estimé que les activités touristiques à Holguín reprendront leur cours normal d’ici les cinq prochains jours.

L’aéroport international Frank País de Holguín est opérationnel depuis 7 h ce matin. Toutefois, l’aéroport de Santiago de Cuba demeure fermé pour le moment.

Toutes les autres grandes destinations touristiques du pays — Jardines del Rey, Varadero, Cayo Santa María, Cayo Largo, Cienfuegos, Trinidad et La Havane — continuent de fonctionner normalement.

 

Des localités fort touchées

La petite ville emblématique d’El Cobre, dans la province de Santiago de Cuba, a été l’une des plus durement touchées.

Cette localité d’environ 7 000 habitants abrite également la basilique de la Vierge de la Charité, sainte patronne de Cuba, profondément vénérée par les catholiques et les pratiquants de la Santería, la religion afro-cubaine.

« Nous avons très mal vécu cela. Tant de vent, tant de vent. Les toits en zinc ont été arrachés, certaines maisons se sont complètement effondrées. C’était un désastre », a témoigné Odalys Ojeda, retraitée de 61 ans, contemplant le ciel depuis son salon désormais à ciel ouvert. Même la basilique a subi des dommages.

« Ici, au sanctuaire, la menuiserie, les vitraux et même la maçonnerie ont été gravement touchés », a expliqué le père Rogelio Dean Puerta. « La ville aussi a beaucoup souffert. Beaucoup de gens ont perdu leur maison et leurs biens. Nous avons besoin d’aide. »

 

Les régions rurales dans la flotte

Dans les zones rurales autour de Santiago de Cuba, l’eau stagnait encore dans certaines habitations mercredi soir, tandis que les habitants rentraient des abris pour tenter de sauver lits, matelas, chaises, tables et ventilateurs qu’ils avaient mis en hauteur avant la tempête.

Lors d’une réunion télévisée de la Défense civile, présidée par le président Miguel Díaz-Canel, aucun chiffre officiel des dégâts n’a été fourni. Cependant, les autorités des provinces touchées — Santiago, Granma, Holguín, Guantánamo et Las Tunas — ont fait état de toits arrachés, lignes électriques et câbles de fibre optique endommagés, routes coupées, villages isolés et pertes dans les plantations de bananes, manioc et café.

Les autorités ont toutefois indiqué que les pluies avaient profité aux réservoirs et contribué à atténuer une grave sécheresse dans l’est du pays.

De nombreuses localités restaient sans électricité, internet ni téléphone en raison de transformateurs et de lignes électriques endommagés.

 

Morts et inondations en Haïti

Melissa a également provoqué des inondations catastrophiques en Haïti, où au moins 25 personnes ont été tuées et 18 portées disparues, principalement dans le sud du pays.

Steven Guadard, habitant de Petit-Goâve, a raconté que Melissa avait tué toute sa famille. « J’avais quatre enfants à la maison : un bébé d’un mois, un de sept ans, un autre de huit ans et un dernier qui allait avoir quatre ans », a-t-il dit.

L’Agence haïtienne de protection civile a confirmé que l’ouragan Melissa avait fait au moins 20 morts à Petit-Goâve, dont 10 enfants, endommageant plus de 160 maisons et en détruisant 80 autres.

Les autorités ont averti que 152 personnes handicapées dans le sud du pays avaient besoin d’une aide alimentaire d’urgence. Plus de 11 600 personnes restaient réfugiées dans des abris.

« C’est un moment triste pour le pays », a déclaré Laurent Saint-Cyr, président du conseil présidentiel de transition d’Haïti.

Il a précisé que les autorités s’attendaient à une hausse du nombre de victimes et mobilisaient toutes les ressources disponibles pour rechercher les disparus et fournir une aide d’urgence.

 

Une tempête historique

Lorsque Melissa a touché terre en Jamaïque en catégorie 5, avec des vents atteignant 295 km/h mardi, elle a égalé les records de puissance des ouragans atlantiques à l’atterrissage, tant en vitesse de vent qu’en pression barométrique.

Elle demeurait encore en catégorie 3 lorsqu’elle a frappé de nouveau l’est de Cuba tôt mercredi.

Une alerte ouragan restait en vigueur jeudi pour les Bermudes. Celle qui concernait le centre et le sud-est des Bahamas a été levée, mais l’agence météorologique américaine a averti d’épisodes de pluie supplémentaires pouvant atteindre 254 mm (10 pouces).

Des conditions d’ouragan devaient se poursuivre toute la matinée dans le sud-est des Bahamas, où des dizaines de personnes ont été évacuées.

Jeudi matin, Melissa était un ouragan de catégorie 2, avec des vents soutenus proches de 169 km/h, se déplaçant vers le nord-nord-est à 33 km/h, selon le Centre national des ouragans de Miami.

L’ouragan se trouvait à environ 475 km au nord-est du centre des Bahamas et à 974 km au sud-ouest des Bermudes. Melissa devait passer près ou à l’ouest des Bermudes tard jeudi et pourrait se renforcer avant de faiblir vendredi.

Par Ariel Fernández, Andrea Rodríguez et John Myers Jr., The Associated Press. Avec les informations de Kathryn Folliott, de Travelweek.