[Insolite] Côtoyer une communauté indigène du Costa Rica

Christian Lessard
Professeur, organisateur de voyages étudiants
Lire plus d’articles de Christian

Jusqu’à ce que meurt le soleil : telle est la devise des Borucas, une tribu indigène habitant un territoire situé entre les montagnes de Talamanca au Costa Rica. Estimée à près de 2000 membres et installée sur une réserve autochtone où environ 140 kilomètres carrés de terres sont protégées, cette communauté se bat encore aujourd’hui pour préserver son identité et sa culture.

Dans le cadre de notre voyage au Costa Rica avec des jeunes du secondaire, nous avons eu la chance de passer une journée au sein de la communauté Boruca dans le village de Terraba. Au programme : accueil et cours d’histoire avec notre hôte Paolonino, atelier de fabrication de masques traditionnels et visite du lycée du village.

Au terme de cette journée marquante, j’ai donc recueilli quelques témoignages de ces élèves qui ont pris conscience d’une réalité bien différente de la leur…

LA PAROLE AUX JEUNES
Marc-Antoine, un élève de cinquième secondaire, a mieux compris tout le travail et le talent nécessaires pour concevoir des masques significatifs comme ceux des Borucas.

« C’est impressionnant de voir que toutes leurs connaissances ont été transmises de père en fils. On sentait l’émotion dans la voix de Paolonino lorsqu’il parlait du passé de la tribu. » a-t-il dit.

« C’était vraiment hot de découvrir un mode de vie différent du nôtre ! » a exprimé Jolène, une des plus âgés du groupe. Elle aussi a bien saisi à quel point ce peuple a travaillé dur depuis 40 ans pour préserver sa culture. « La Danse des diables et l’artisanat se transmettent de génération en génération, c’est cool ! »

Félix, lui, est fervent d’histoire. Le fait que les Borucas se soient occidentalisés tout en conservant leurs traditions a attiré son attention. « Ils font tout par eux-mêmes malgré un équipement plus rudimentaire. C’est impressionnant ! »

Guillaume a remarqué des différences majeures avec notre propre culture. « Leur rapport à la nature est beaucoup plus important que chez nous. De plus, je trouve que la famille fait partie de leurs valeurs, ce qui s’est un peu perdu ici. Ils ont réussi à se réapproprier qui ils sont, je leur dis bravo ! »

Les participants un peu plus jeunes, quant à eux, ont été davantage marqués par la visite du lycée.

« L’école était beaucoup plus organisée que celle que j’avais visitée au Pérou lors d’un autre voyage. J’ai vu rapidement que le niveau de vie était plus élevé au Costa Rica. »

Par contre, notre hôte Paolonino nous a expliqué que le peuple Boruca a dû se battre ardemment pour obtenir une école sur son territoire.

Enfin, Raphaël, 13 ans, a été piqué dans son orgueil suite à un match amical de soccer. « Ils sont beaucoup plus talentueux que nous ! C’est leur sport national, ce n’est pas juste ! »

C’est sur cette note un peu plus légère que se sont terminées mes entrevues qui m’ont procuré un sentiment de devoir accompli. En effet, cette expérience communautaire aura mis à l’avant-plan l’ouverture d’esprit et le respect des différences de la part de ces élèves, deux valeurs que certains adultes croient à tort perdues chez nos jeunes.

Et qu’en est-il de la perception d’un adulte sur les Borucas ? Ce qui m’a le plus marqué, c’est la sincérité et la sensibilité avec lesquelles les gens de la communauté nous ont raconté leur histoire et partagé leurs émotions. Je souhaite que cette tribu continue d’évoluer et de défendre ses droits encore longtemps, idéalement jusqu’à ce que meurt le soleil.