Un éductour humanitaire, un lunch-conférence festif et même une grand-messe marquent le retour en force de la Jamaïque, qui a lieu aujourd’hui le 15 décembre.
Montego Bay – Dans les jours qui ont suivi le passage dévastateur de l’ouragan Melissa, le 28 octobre dernier, le ministre jamaïcain du Tourisme, Edmund Bartlett, a évalué sommairement l’étendue des dégâts, mesuré toute la force et la détermination de son peuple et compté le nombre de jours qu’il restait avant le début de la saison touristique.
Puis, il s’est retroussé les manches et, après avoir pris en considération le maximum de variables (ainsi qu’une grande respiration), il a lancé : « Le 15 septembre ».

Edmund Bartlett, ministre du Tourisme de Jamaïque. ©Gary Lawrence
Cette journée, ce serait l’objectif à atteindre, la date-butoir au-delà de laquelle il ne faudrait pas déborder pour ne pas mettre en péril la prochaine saison touristique.
Nous y voilà, et aujourd’hui, le ministre Bartlett n’est pas peu fier de pouvoir dire « Mission accomplie! » face à ce constat : la Jamaïque est pleinement opérationnelle et près des trois-quarts de ses chambres sont accessibles.

Mark Hylton, président de la gestion des ports à l’Autorité portuaire de Jamaïque (en vert), le ministre Edmund Bartlett et Christopher Jarret, président de l’Association des hôtels et du tourisme de Jamaïque, visitent les installations du port de croisières de Falmouth, l’un des quatre au pays. ©Gary Lawrence
Célébrations humanitaires
Pour marquer le coup en prévision de ce grand retour officiel, le ministère du Tourisme et l’Office de tourisme de Jamaïque (JTB) ont mis la table dès samedi dernier en organisant une grande conférence de presse à six voix, dont Profession Voyages parlait ici.
- ©Gary Lawrence
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Puis hier, la veille du Jour J, ce fut jour de célébrations à maints égards. Après une messe commémorative où on a souligné à la fois Thanksgiving et le retour en force de la Jamaïque, un lunch-conférence festif a eu lieu à l’hôtel Iberostar Selection Rose Hall Suites de Montego Bay. L’événement avait des airs de retrouvailles et de reconnaissance, tandis que les quelque 120 invités se félicitaient mutuellement de tout le travail accompli.
- Le ministre Edmund Bartlett félicite certains des conseillers qui font partie des meilleurs vendeurs de la Jamaïque, au lunch-conférence d’hier. ©Gary Lawrence
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Parmi les convives figuraient les participants à l’éductour humanitaire One Love Affair, qui regroupe notamment les 50 meilleurs vendeurs de la Jamaïque parmi les agents de voyages canadiens. Après un autre éductour, Back to Jamaica, organisé au début du mois par la Fondation Sandals, celui-ci voit encore plus grand et couvre encore plus large.

Le slogan « Come back to give back » risque de circuler beaucoup dans l’industrie, au cours des prochains mois. ©Gary Lawrence
Une tournée d’inspection officielle
Après un autre discours bien senti du ministre Bartlett, les médias, conseillers en voyages et autres participants se sont embarqués pour une tournée d’installations, d’infrastructures et d’établissements fonctionnels situés autour de Montego Bay, afin de constater de leurs propres yeux que la Jamaïque est bel et bien prête à accueillir de nouveau le monde.
Outre le vaste terminal de croisières de Falmouth, qui a recommencé à recevoir les paquebots trois fois par semaine, la tournée a permis de visiter un restaurant en bord de mer connu pour l’observation du phénomène de bioluminescence des eaux (le Glistening Waters Jamaica); la plage d’Opulenz Villa de St. Ann’s Bay, qui jouxte l’immense hôtel Royalton White Sands (par ailleurs fonctionnel), ainsi que le vaste complexe Ocean Coral Springs.
- Vérification faite, la plage d’Opulenz Villa est bel et bien en état de recevoir à nouveau les touristes. ©Gary Lawrence
Résilience et réouvertures
Lisa Henderson, agent externe pour Voyages Club Aventure à Ottawa, n’est pas surprise que la Jamaïque se soit si rapidement remise sur pied. « Ils sont très résilients, et avec le temps et les précédents ouragans, ils ont appris à se préparer et à réagir vite », constate la seule conseillère en voyages francophone des 50 meilleurs vendeurs canadiens, qui voyage accompagnée de son mari, Mokanzo Basiala.

Lisa Henderson et son mari, Mokanzo Basiala. ©Gary Lawrence
Même s’il n’est pas toujours facile pour elle de trouver le bon établissement qui répondra aux besoins de sa clientèle, en raison des nombreux hôtels en cours de reconstruction, elle constate que la demande est là. « Les gens veulent revenir, et plusieurs se sentent déjà en confiance », dit-elle.
Si tout se déroule comme prévu, les derniers hôtels de Jamaïque encore affectés par Melissa devraient avoir rouvert en novembre 2026, d’après les échéanciers en cours. D’ici là, la section « Travel Alerts » du site visitjamaica.com, qui est régulièrement mise à jour, fournit la liste de tous les hôtels jamaïcains ainsi que leur statut; si un établissement est fermé, la date d’ouverture prévue est indiquée.
Une grand-messe du tourisme
Puisque c’était dimanche, hier, et que la Jamaïque est un pays croyant et pratiquant, une messe spéciale a aussi été célébrée en matinée, à l’église baptiste Burchell Memorial de Montego Bay, tant pour souligner Thanksgiving que la reprise imminente.

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Car cette célébration avait quelque chose d’une grand-messe de reconnaissance, la transmission de vœux de succès pour le tourisme, avec des affiches et des banderoles de Visit Jamaica déployées devant et dans l’église. Tout juste si on ne les a pas aspergées d’eau bénite! Et parmi les dignitaires présents, certains grands acteurs du tourisme ont même pris la parole.

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Christopher Jarret, président de l’Association des hôtels et du tourisme de Jamaïque, a ainsi profité de sa tribune pour remercier tous les travailleurs de l’industrie qui ont su se relever, rapidement et efficacement après le passage de Melissa, et moins de cinq ans après la Covid. « Mais alors que tout le monde s’est remis de la Covid chacun de son côté, cette fois-ci, nous nous sommes relevés tous ensemble! », a-t-il remarqué à juste titre.

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Un ministre prêcheur-né
Entre deux sermons et (d’incroyables) prestations de chorales qui ont transformé l’église en salle de spectacle enjouée, le ministre Bartlett est également monté derrière le lutrin.
« J’aimerais d’abord remercier tous ceux qui ont fait preuve de charité envers leur prochain, pendant et après l’ouragan, que ce soit en aidant quelqu’un ou en lui offrant un abri », a-t-il tenu à dire.
« Melissa était un ouragan vraiment puissant, mais la main de Dieu était là et elle a été encore plus forte », s’est-il ensuite plu à ajouter, avant de livrer un plaidoyer en faveur du tourisme. Il fut un temps où, au Québec, les prêtres encourageaient tout un chacun à fonder de grandes familles pour assurer la survie du peuple québécois (et lui fournir une main d’œuvre); aujourd’hui, en Jamaïque, on décrit le tourisme comme l’une des voies du salut de ce pays, en plein lieu de culte.
« Rien n’est plus fragile que le tourisme, mais rien ne rebondit aussi vite, de poursuivre le ministre Bartlett. En 2020, tout le monde pensait que la Covid avait tué cette industrie; deux ans plus tard, elle est revenue, en étant plus performante que jamais!, rappellera-t-il plus tard dans la journée.
En terminant sa conférence à l’Iberostar, Edmund Bartlett a finalement exhorté les acteurs du tourisme à répéter le scénario post-Covid, et à redoubler d’ardeur pour y arriver. « Allons-y, travaillons d’arrache-pied et donnons une ‘silhouette en V’ à cette reprise du tourisme! », de conclure le ministre.
Une reprise avec fortes épaules, pour soutenir efficacement le tourisme, ainsi qu’une taille ferme et forte, pour ne pas plier facilement devant les épreuves, serions-nous tentés d’ajouter.

©Gary Lawrence





