La Guyane, cette Amazonie française méconnue

Le Comité du tourisme de la Guyane est présentement de passage au Québec pour faire connaître cette destination d’Amérique du Sud… qui risque de gagner en popularité au cours des prochaines années.


Oubliez les tout-inclus, les hordes des visiteurs, les plages bondées, les vols nolisés remplis à pleine capacité : la Guyane est une destination à hauteur d’homme (et de femme) où on n’a aucune envie de bousculer les voyageurs.

Vue aérienne sur la rivière de Cayenne

Avec sa foisonnante forêt amazonienne (96 % du territoire) à la riche biodiversité, ses réserves naturelles et parcs à profusion où évolue une faune abondante, ses sites de nidification de tortues pondeuses et ses innombrables possibilités d’écotourisme et d’aventures en plein air (rando, canot, pirogue, alouette), la Guyane se présente d’abord comme une destination nature. Mais pas que.

Cette destination de niche, plus vaste territoire français d’outre-mer, est aussi bordée de plages de sable fin (comme celle de Remire-Montjoly), compte une capitale coloniale joyeuse et animée (Cayenne) et est réputée pour les îles du Salut et le bagne du Saint-Laurent, une sorte d’Alcatraz français où furent reclus Alfred Dreyfus et Henri Charrière, alias Papillon. Pas pour rien que ce site est le plus visité au pays.

Les îles du Salut

Vers les étoiles… et au-delà

Du reste, c’est à Kourou que sont lancées les fusées Ariane, mais aussi Vega et Soyouz, depuis le Centre spatial guyanais (CSG), qui s’anime environ une fois par mois et qu’on peut visiter gratuitement.

Une fusée Ariane prête au décollage

Le CSG est par ailleurs situé sur une vaste réserve naturelle qu’on peut explorer à profusion quand il n’y a pas de lancement de fusée ou de satellite à mettre en orbite au programme.

Vue aérienne du CSG

Dans un autre registre, la Guyane se targue d’organiser le plus long carnaval du monde (à Cayenne), lequel s’étend de l’épiphanie (en janvier) jusqu’au mercredi des Cendres, en plus d’honorer les Touloulous, ces femmes déguisées de la tête aux pieds et qui profitent de leur anonymat pour inviter les hommes à danser.

Un tourisme en croissance très modérée

Avec 130 000 visiteurs par année (dont 77 000 étrangers, majoritairement originaires de la France continentale), on comprend déjà que le développement du tourisme n’est pas une priorité absolue pour ce département français d’outre-mer (DOM), même s’il figure au nombre de ses axes de développement économique.

Si le tourisme d’agrément domine, un peu plus du tiers des touristes voyagent par affaires, et la durée moyenne des séjours en général s’étend sur 17 jours.

Tortue luth au lever du soleil, plage des salines à Rémire Montjoly.

En fait, le développement ultramodéré du tourisme guyanais repose sur trois piliers : la nature, les sciences et les cultures. « Nous collaborons avec les acteurs locaux du secteur touristique pour promouvoir un tourisme respectueux de l’environnement et des populatiions, basé sur des expériences authentiques et chaleureuses », indique Jean Luk Le West, président du Comité du tourisme de la Guyane et vice-président de la Collectivité territoriale de la Guyane.

Jean Luk Le West

Très portée sur l’écotourisme et le tourisme à petite échelle, la Guyane mise sur des séjours empreints de lenteur, de découverte contemplative, de contact avec l’humain. « À prime abord, les Guyanais peuvent paraître un peu méfiants, mais une fois la glace brisée, ils se montrent chaleureux et accueillants », assure Jean Luk Le West.

À cet égard, la population guyanaise est fort métissée et sa richesse culturelle s’exprime à travers des communautés variées, y compris autochtones et françaises
– ce qui se retrouve aussi dans sa gastronomie.

Paradis vert et préservé de 8 millions d’hectares de forêt où se trouvent 5000 espèces animales et végétales, la Guyane s’étend majoritairement sur un vaste plateau situé à environ 700 mètres et n’est jamais la cible d’ouragans ou de séismes – le pays ne compte d’ailleurs aucun volcan.

Le Québec, un marché naturel

Ce n’est par hasard si le Comité du tourisme guyanais a atterri au Québec, hier. Les atomes crochus entre les peuples des deux marchés – le réceptif comme l’émetteur – sont évidents : tous deux parlent d’abord français, et tous deux apprécient la rencontre de l’autre. En outre, bon nombre de Québécois sont férus de séjours en nature, de bonne chère et d’aventures en plein air, mais aussi de pays et régions marginaux et moins connus.

Destination tempérée à l’année, la Guyane baigne dans une  température moyenne annuelle qui oscille autour de 26 degrés, et elle se visite en tout temps – mais un peu moins en avril et en novembre, durant la saison des pluies. « Et quand il pleut chez nous, il pleut! », assure Jean Luk Le West.

Hébergement et croisière

En ce qui a trait à l’hébergement, on trouve un peu de tout, du meublé au 4 étoiles (Accor, The Originals, Logis de France…) en passant par le gîte, l’écogîte et le carbet (habitation traditionnelle en bois).

En tout, la Guyane dispose de 6055 lits répartis sur 170 hébergements qu’on retrouve un peu partout au pays, mais essentiellement le long de la côte.

Peu de bateaux de croisières mouillent en eaux guyanaises, mais en novembre prochain, un navire d’aventure longera les côtes du pays tout en effectuant une escale au Suriname voisin.

L’Exploris, de la compagnie de croisières du même nom, fera ainsi du cabotage le long du littoral guyanais, avec plusieurs escales au programme.

Liaisons aériennes et forfaits

Côté vols, la Guyane est reliée par SkyHigh à la Martinique (desservie par Air Canada et Air Transat une partie de l’année depuis Montréal) mais aussi à la Guadeloupe par Air France (dès le 8 décembre, jusqu’en avril), également reliée au Québec par Air Transat, dès le 27 octobre.

Dans ces cas, une correspondance implique cependant de passer une nuit à Pointe-à-Pitre à l’aller et/ou au retour. Autres options : la Guyane est également reliée à Miami mais aussi à Santo Domingo, par Arajet dans ce cas.

Dès le 27 octobre, le vol Montréal-Santo Domingo de ce transporteur sera cependant redirigé sur Punta Cana, ce qui empêchera du coup toute correspondance directe.

Remontée du fleuve Kourou en pirogue traditionnelle jusqu’au Camp Canopée

À l’intérieur du pays, plusieurs petits vols de Guyane Express Fly permettent de rejoindre des communautés éloignées et isolées, que ce soit au beau milieu de la forêt amazonienne ou le long de l’une des nombreuses rivières sauvages qui irriguent le pays.

Des rencontres exploratoires ont présentement lieu avec certains voyagistes québécois – Terres d’Aventure, Karavaniers, Canandes, Les Sentiers du monde et Les Voyageuses du Québec – pour monter d’éventuels forfaits, possiblement en combiné avec la Guadeloupe. Une histoire à suivre…

Info : guyane-amazonie.fr