Berceau de la Renaissance et de l’Italie, la Toscane cherche encore et toujours à se réinventer et à mieux répartir ses flux de visiteurs.
Comment l’une des régions les plus célèbres du monde, et la plus célèbre d’Italie, peut-elle avoir besoin de renaître?
« La Toscane, une renaissance sans fin » est pourtant la thématique qui a été mise de l’avant, hier soir à la Casa d’Italia de Montréal, lors de l’escale québécoise d’une tournée de l’Office de promotion touristique de Toscane (Toscana Promozione Turistica).
Dans cette région où est née la Renaissance, période qui a embelli de ses idées et de ses innovations toute l’Europe des 15e et 16e s., se trouvent déjà certaines des villes les plus célèbres et les plus fréquentées du globe : Florence, Pise, San Gimignano et Sienne, pour ne nommer qu’elles.
En fait, cette « région quintessentielle », comme on la décrit là-bas, a davantage de problèmes de surtourisme que de baisses d’achalandage. Et c’est une renaissance dans la façon de la visiter que cherchent désormais ses agents promoteurs.
« Quand vous arrivez à Florence, par exemple, vous réalisez rapidement que la ville est remplie de petites rues, et lorsque des dizaines d’autocars arrivent en même temps, elles s’engorgent rapidement », dit Francesco Tapinassi, directeur de l’Office de promotion touristique de Toscane.
Aller voir ailleurs, autrement
C’est pourquoi on cherche, en Toscane comme ailleurs dans le monde, à mieux répartir les flux de touristes dans la région. Pour y arriver, l’Office a publié une série d’«atlas » – des brochures, en fait – qui donnent autant d’idées que de thématiques pour découvrir d’autres aspects, parfois méconnus, de la région.
Témoins en sont les atlas consacrés à l’artisanat, à l’héritage étrusque, au tourisme industriel, à l’archéologie ou aux sites encensés par l’UNESCO. La Toscane en compte d’ailleurs 16 : 7 sites culturels sur la liste du Patrimoine mondial, 3 réserves de la biosphère, 2 géoparcs, 2 sites transnationaux, une ville créative et un actif immatériel.
« Plusieurs sont méconnus, et pourtant ils méritent d’être visités, ajoute Francesco Tapinassi. Par exemple, à quelques kilomètres de Pise, qui reçoit un million de visiteurs par année, se trouve un parc magnifique, celui de la réserve Costiere di Toscana, où les étrangers ne vont presque pas. »
La liste de sites cités par l’UNESCO comprend même une station thermale, celle de Montecatini, et une pratique traditionnelle qui fait partie du patrimoine immatériel toscan, la chasse à la truffe – dont la région regorge.
Harmonie, grâce et beauté
« Par renaissance sans fin, on entend aussi la renaissance de soi-même, celle qu’on vit en visitant – ou en retournant – dans cette région qui a fait de la beauté l’une de ses valeurs les plus importantes », ajoute Francesco Tapinassi.
Encore aujourd’hui, le tourisme toscan peut se réinventer et renaître sous de nouvelles formes, de telle sorte qu’il y a toujours quelque chose à voir et à faire… de nouveau.
D’abord et avant tout visitée pour sa gastronomie, la Toscane a ainsi mis sur pied le projet Vetrina Toscana, où on jette des ponts entre cuisine, territoire et traditions. Pas moins de 10 200 entreprises de toutes sortes (restaurants, fermes, hôtels, etc.) en font partie et visent à assurer la mise en valeur et la pérennité de la qualité des produits et les héritages culinaires de Toscane.
Une Toscane active
Forte de ses paysages ravissants, la région se prête aussi fort bien à la découverte en randonnée pédestre de village en hameau, sur des chemins historiques et d’anciens sentiers de pèlerinage, où sont situées plusieurs des quelque 6000 maisons d’hôtes.
Le territoire toscan se parcourt également fort bien à vélo grâce aux 15 000 km d’itinéraires cyclables, ce que font d’ailleurs de plus en plus de visiteurs, encouragés par l’essor du vélo électrique, et notamment attirés par les excellents vignobles. Car même si la Toscane ne produit que 4 % du vin italien, ses domaines viticoles comptent parmi les meilleurs d’Italie.
Dans un proche registre actif, en ce pays où la famiglia tient lieu de valeur sacrée, la Toscane mise tellement sur ce créneau qu’elle a adopté une Charte des valeurs pour le tourisme familial. « La famille est cet endroit où, lorsque vous y allez, vous êtes toujours le bienvenu », disait l’écrivain Erri de Luca.
Avec déjà 20 % du tourisme représenté par la famille, ce segment est appelé à croître en Toscane, et l’Office compte bien l’encourager en incitant toujours plus les prestataires de services à offrir davantage d’occasions aux visiteurs de passer du temps avec les leurs.
La Toscane des femmes
Tout récemment, on a aussi mis sur pied un programme de tourisme féminin, en Toscane. « C’est une forme de tourisme fait par les femmes, pour les femmes », indique Clara Svanera, coordonnatrice des relations internationales à l’Office de promotion touristique de la Toscane.
Le projet vise à mettre en place une offre (produits, itinéraires, activités, etc.) basée sur l’attention et le soin apporté aux femmes voyageuses, et il repose sur une Charte des valeurs qui compte six piliers :
- l’authenticité
- la sécurité
- l’hospitalité et l’empathie
- le bien-être
- la rencontre et la collaboration
- la durabilité et les bonnes pratiques.
Des traces de pas, pas d’empreintes
Pour la Toscane, une autre façon de renaître sans cesse passe par la promotion du tourisme durable. Cette volonté se profile derrière celle qui vise à combattre le surtourisme, afin d’améliorer l’équilibre entre les hommes et la nature et de protéger la destination des abus et de l’érosion que créerait une surfréquentation de certains sites.
La Toscane n’est-elle pas la patrie de Léonard de Vinci, celui qui a créé l’Homme de Vitruve, symbole d’harmonie, d’humanisme et de la fusion entre l’art et la science?
« La quête de la durabilité implique la recherche de l’équilibre entre l’homme et la nature », précise Francesco Tapinassi. Déjà, la Toscane compte 1,2 million d’hectares de forêts – la plus grande superficie forestière d’Italie –, mais aussi trois parcs nationaux, trois parcs régionaux et plus de 130 réserves et petits parcs.
Pour aller plus loin, la région a aussi adopté une Charte des valeurs de tourisme durable, dont le slogan est « Je veux vivre des vacances qui laissent une trace, pas une empreinte ».
Les cinq visages du tourisme durable toscan qui donnent vie à cette charte sont la collaboration, la conservation, le respect, la responsabilité et la transparence.
L’Office de promotion invite et incite donc ses partenaires, ainsi que les visiteurs, à utiliser l’énergie de manière efficace, à éviter le gaspillage des ressources en eau, à réduire la production des déchets et à protéger la biodiversité.
Il promeut également la mobilité lente et les formes de déplacement à faible impact en terme de pollution et de congestion (train, vélo, etc.) ainsi que l’achat local et responsable (produits agrolimentaires de saison issus de filières équitables, par exemple).
Retour aux sources
Enfin, pour attirer davantage une autre clientèle de touristes, la Toscane mise également sur le tourisme de racines.
« Il y a 80 millions d’italiens, et de descendants italiens, qui vivent en dehors de l’Italie, et plusieurs ont envie de revenir sur les lieux d’origine de leurs ancêtres », dit Elvira Stephanie De Giacomo, coordonnatrice régionale d’Italea, un organisme qui aide la diaspora et sa descendance à retracer les régions de leurs ancêtres.et qui organise des séjours sur place.
En 1994, le chanteur Marco Calliari – qui était présent hier soir – a ainsi participé à un programme qui rejoint l’esprit d’Italea, et que proposait à l’époque le Trentin-Haut-Adige, la région d’où vient son père. « Ça a été une expérience extraordinaire qui a changé ma vie », dit-il en substance.
Désormais, Italea propose aux descendants italiens de partout dans le monde de découvrir la région d’Italie de leurs ancêtres – y compris la Toscane – suivant plusieurs thématiques et grâce à des dizaines d’itinéraires, d’activités et d’événements.
Une initiative qui s’inscrit en droite ligne avec l’esprit de la renaissance sans fin qui prévaut en Toscane. Car quoi de mieux, pour une région qui cherche sans cesse à se réinventer et à renaître, que de remonter aux sources pour saisir l’essentiel de son âme?
Info : visittuscany.com
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Photo de une: Elvira Stephanie De Giacomo, coordonnatrice régionale d’Italea en Basilicate; Francesco Tapinassi, directeur de l’Office de promotion touristique de Toscane; Clara Svanera, coordonnatrice des realtions interanionales, Office de promotion touristique de Toscane; et Daniela Burrini, responsable du développement territorial, Office de promotion touristique de Toscane.