Depuis les années 60, l’Algarve joue à fond la carte touristique. Aujourd’hui, la région allie tourisme balnéaire, sites et villes historiques animés, plaisirs de la table et arrière-pays inaltéré.
Après avoir servi à découvrir une partie du monde lors de grandes expéditions lancées depuis les côtes d’Algarve au 15e s., c’est une (autre) partie du monde qui a découvert cette région, il y a plus de 60 ans : Hollandais, Allemands, Britanniques et autres peuples du nord de l’Europe viennent, depuis, régulièrement se la chauffer douce ici.

Crédit : Gary Lawrence
L’hiver, les Québécois et les Canadiens s’y ajoutent pour de longs séjours, et ce depuis belle lurette. Pour autant, ils fréquentent la destination toute l’année, attirés par les 300 jours d’ensoleillement annuels, des plages interminables qui comptent parmi les plus ravissantes d’Europe, une gastronomie délectable, des coûts peu élevés et une capacité d’accueil avec laquelle seule la Costa del Sol espagnole peut rivaliser.
Entre Sagres et Faro, la côte sud forme ainsi une suite quasi ininterrompue de développement immobilier et touristique, entrecoupé de longs liserés sablonneux souvent encadrés par des falaises plus ou moins hautes – mais toujours splendides.

Praia Marinha :: Crédit : Gary Lawrence
Çà et là, de petits ports de pêche comme Carvoeiro et Ferragudo émergent et voient toujours dodeliner leurs moliceiros, ces jolies chaloupes de pêche à la proue recourbée, sur fond de façades blanches piquées de touches colorées. Mais plusieurs villes et sites se suivent aussi sans se ressembler, entre Sagres et la frontière espagnole.
Sagres et Cabo São Vicente
C’est depuis Sagres que furent préparées et lancées les premières expéditions vers tant de contrées inconnues, là où le prince Henri le Navigateur fonda la célèbre école où on planifierait la découverte du monde, au 15e s. Sur le site de l’immense forteresse, le Centre des découvertes rappelle cet âge d’or du Portugal.

Le cap Saint-Vincent vu de Sagres :: Crédit : Gary Lawrence
Aujourd’hui, Sagres est surtout prisée des surfeurs, qui prennent eux aussi d’assaut les vagues, mais pour attraper les rouleaux de ses déferlantes depuis les longues plages fermées par de hautes falaises.

Le cap Saint-Vincent :: Crédit : Gary Lawrence
Un peu plus à l’ouest, un autre promontoire s’avance dans la mer : c’est le mythique cap Saint-Vincent (alias Cabo São Vicente), la pointe la plus avancée de l’Europe continentale.
Long de 100 m et haut de 80 m, ce spectaculaire promontoire est hérissé d’un phare fait rêver aux départs des temps jadis, quand les caravelles des grands explorateurs passaient au large, et les couchers de soleil sur les falaises y sont toujours décapants de beauté.
Lagos
Tour à tour phénicienne, romaine et maure, l’ancienne capitale de l’Algarve servit de point de départ à maintes expéditions, aux 15e et 16e s.

Lagos :: Crédit : Gary Lawrence
De nos jours, on se rappelle davantage d’elle pour les murailles crénelées de son enceinte fortifiée ainsi que pour les jolies ruelles animées et bondées de terrasses de son centre historique. Fidèle à sa tradition de port d’attache des explorations, la ville organise aussi bien des excursions d’observation aux dauphins et elle est réputée pour ses nombreuses possibilités de kitesurf.

Lagos :: Crédit : Gary Lawrence
Dans les vieux quartiers, le second étage de la Maison de la Douane abrite un petit musée qui rappelle que droit en face se situait autrefois le premier marché d’esclaves du Portugal, actif dès 1441, dans la foulée des premières expéditions sur les côtes africaines.

La Maison de la Douane :: Crédit : Gary Lawrence
Bien plus intéressante est la visite du musée municipal, greffé à la splendide Igreja de Santo Antinio, une petite église dont les boiseries intérieures maniérées dégoulinent d’or – de l’or ramené du Nouveau monde, bien entendu.
De Quinta do Lago à Albufeira
Plus à l’est s’étend bientôt Quinta do Lago, une enclave de quiétude, de luxe et de joliesse naturelle qui forme une sorte de communauté d’hôtels, d’établissements et de villas haut de gamme flanquée d’un golf et d’un paisible lac. La jolie réserve naturelle Rio da Formosa, bordée par des kilomètres de splendides plages où on ne se bouscule jamais, longe la côte.

Praia Quinta do Lago :: Crédit : Gary Lawrence
Dans cette partie du Portugal prisée par les jet-setters britanniques, on compte aussi une série de complexes de villégiature et de villes nées par et pour le tourisme, comme Vilamoura, l’un des plus grands complexes touristiques du pays, ou Quarteira, son voisin balnéaire.

Quarteira :: Crédit : Gary Lawrence
D’autres agglomérations, à commencer par Albufeira, ont été complètement transformées par les besoins du tourisme, et pas toujours pour le mieux.

Albufeira :: Crédit : Gary Lawrence
De Faro à Tavira
Même si elle forme la principale porte d’entrée de l’Algarve et que les avions y atterrissent aux cinq minutes durant l’été, Faro demeure une ville qui a su préserver son authenticité, à l’intérieur de ses vieux murs.

Faro :: Crédit : Gary Lawrence
Son Teatro Lethes est toujours de toute beauté et tant le palais épiscopal que le séminaire et la Sé, tous reconstruits, ont bien traversé les époques. Au-delà du dédale de ruelles et de la porte arabe, la Igreja de Nossa Senhora do Carmo éblouit par l’orgie baroque de sa nef et étonne par sa petite chapelle des os (Capela dos Ossos), dont l’intérieur est recouvert d’un millier de crânes de moines.

Crédit : Gary Lawrence
À l’est de Faro, la côte se fait moins densément peuplée, notamment en raison du parc naturel Rio da Formosa qui la borde : il est formé de 60 km d’îles-barrières, de zones humides, de marais salants, de dunes dorées et, bien sûr, de plages incroyables.

Crédit : Gary Lawrence
En poussant encore plus vers l’est, on croise bientôt Olhão, jolie ville de pêcheurs au dédale de ruelles et aux îles paisibles, puis Tavira, une pittoresque petite ville limitrophe de l’Espagne, et qui demeure étroitement liée à la mer. Son pont romain enjambe la rivière Séqua et son château mauresque (Castelo dos Mouros, 1292) domine ses hauteurs, rappelant la présence de ses anciens occupants.

Tavira :: Crédit : Gary Lawrence
Ici comme ailleurs le long de la côte, le tsunami qui a suivi le séisme de 1755 a ensablé le port, ce qui a prémuni la ville d’un trop grand afflux de touristes et de plaisanciers tout en maintenant son taux de fréquentation plus raisonnable, même au plus fort de l’été.
Au nord, le Barrocal
À mesure qu’on s’éloigne de la mer pour pénétrer dans les terres, on entre dans un tout autre univers, celui du Barrocal et des collines couleur de rouille et piquées de maquis, d’argousiers et de figuiers, où prévaut un climat sec et où s’étendent orangeraies, oliveraies et autres vergers. Après tout, le nom de l’Algarve ne vient-il pas d’al-Gharb, qui signifie « le jardin d’Occident », en arabe?

Alte :: Crédit : Gary Lawrence
C’est dans cette partie du Portugal que s’élève Alte, considéré par plusieurs comme étant le village le plus typique du pays. Aménagé à flanc de colline au cœur d’un chapelet de montagnes, il est sillonné de ruelles aux façades blanches, aux fenêtres colorées et aux cheminées stylées.

Alte :: Crédit : Gary Lawrence
Ce mignon petit bled regorge aussi de cascades de fleurs, de jardinets et de terrasses où il fait bon marquer une pause sans se faire piétiner les pieds par les touristes : ils sont pratiquement inexistants, même en plein juillet. Alte compte aussi plusieurs fontes, des sources agrémentées de puits et de moulins où on trouve même de petites plages riveraines pour se rafraîchir.
Silves
Toujours dans le Barrocal, la ville fortifiée de Silves impressionne déjà de loin, avant même qu’on y ait mis les pieds. Ses remparts rouge brique, flanqués de 14 tours, entourent la vieille ville qui trône au sommet d’une colline. Tout autour dégringolent plusieurs rues en pente, en contrebas des lauriers-roses, des jacarandas et des mimosas qui ornent les jardins intérieurs du Castelo, sa forteresse.

Crédit : Gary Lawrence
La vingtaine de mosquées qui s’y trouvaient autrefois ont disparu, mais ses citernes du 12e s. et les vestiges de ses habitations almohades sont toujours visibles, dans le lacis de ruelles qui suit le tracé de ce qui était autrefois une médina arabe.
L’ancienne Xelb, jadis la capitale de la province maure Gharb al-Andaluz, forme aujourd’hui une petite cité paisible où on se plaît à déguster en terrasse un petit rosé bien frais produit dans les environs.
Loulé
Seule ville portugaise qui a préservé ses bains arabes (les banhos islamicos), Loulé mérite aussi le coup d’œil pour son fort singulier marché à l’architecture néo-mauresque, sorte d’Art nouveau islamisant.

Crédit : Gary Lawrence
Celui-ci grouille d’artisans et de petits producteurs venus écouler leurs délectables denrées : c’est le plus grand marché agricole et horticole de la région, particulièrement animé le samedi. Dans le centre historique, la ville a aussi mis sur pied l’initiative Loulé Criativo, qui vise à mettre en valeur le travail des artisans locaux (dinandiers, joailliers, potiers, tisseurs…) grâce à des ateliers de création.
Tout autour s’éparpillent des ruelles blanches aux cheminées en dentelle de pierre, à l’intérieur d’une muraille qui s’étire sur près d’un kilomètre. Flanqué de trois tours, le château du 13e siècle abrite un petit musée municipal qui présente la reconstitution d’une cuisine traditionnelle portugaise, entre autres choses.

La cataplana, mets traditionnel d’Algarve :: Crédit : Gary Lawrence
Tant qu’à être sur place, un saut à la chapelle Sao Lourenço dos Matos, à 10 km au sud, s’impose pour zieuter ce joyau du baroque portugais, aux murs et au plafond couverts d’azulejos, tant sur la coupole que sur la nef et le chœur.
Costa Vicentina, l’autre littoral
C’est au nord de Sagres que subsiste l’Algarve intacte et inaltérée, celle de la Costa Vicentina. Ponctuée de baies isolées, d’immenses plages peu fréquentées et de villages méconnus qu’on découvre au hasard de la route qui longe la côte de loin, elle s’étire entre douce collines parsemées d’orangers, d’oliviers, de figuiers…

Crédit : Gary Lawrence
Bientôt, la présence maure de jadis se fait de nouveau sentir à Aljezur, dont la forteresse inexpugnable est perchée tout en haut d’un à-pic vertigineux. Ce petit village parsemé de ruelles en pentes compte un petit musée d’art sacré qui loge dans une église, et il est traversé par une paisible rivière auprès de laquelle les Portugais se la coulent douce.

Aljezur :: Crédit : Gary Lawrence
En cours de route, les superbes plages plus ou moins sauvages se succèdent : moins connues et excentrées par rapport à la côte sud, elles attirent un nombre modéré de baigneurs, de surfeurs et d’adeptes de bronzette, aux côtés d’ornithologues et de botanistes en herbe.
Le long du littoral, le Sentier des pêcheurs s’étire et voit défiler randonneurs convaincus (ceux qui le parcourent dans sa totalité en 4 ou 5 jours) ou marcheurs d’un jour. Encore ici, les falaises sont fouettées par la mer, les plages sont léchées par les déferlantes, les collines fleurent bon le thym et sont tapissées d’ajoncs.

Crédit : Gary Lawrence
Chaque jour ou presque, le ciel n’en démord pas : il est pétant de bleu et rares sont les nuages qui osent troubler autant de sereine pureté céleste. Tellement qu’on en vient à se dire que dans cette partie de l’Algarve, rien ne semble vouloir – ou pouvoir – porter ombrage au séjour des vacanciers…
À savoir
Le transporteur portugais TAP Air Portugal relie Montréal à Lisbonne toute l’année, en plus de desservir plusieurs aéroports régionaux, dont celui de Faro, porte d’entrée de l’Algarve. Cette ville se rejoint aussi aisément en train depuis Lisbonne (3,5 h) après des transferts fluides en métro depuis l’aéroport.
Si les mois de mai à septembre sont assez occupés, la période de juillet à août l’est encore plus. L’énorme capacité d’hébergement du Portugal est telle qu’il y a toujours moyen de trouver un lit, mais les principaux sites demeurent évidemment plus encombrés qu’en arrière-saison.
Pour dormir avec clase, le Martinhal Quinta do Lago forme une sorte de village de ravissantes villas ultraconfortables, toutes dotées d’une piscine privée. Vaste établissement hôtelier familial, le Hilton Vilamoura propose quant à lui de grandes chambres, suites et mini-appartements modernes et plusieurs piscines pour tous, des couples à la famille. Il vient de rouvrir, au début du moins, après d’importantes rénovations.
Info : visitalgarve.com et visitportugal.com/fr
L’auteur était l’invité de TAP Air Portugal et de Visit Algarve.