Crédit : Gary Lawrence

Le Salvador, ou l’Amérique latine authentique

Débarrassé de sa réputation d’enfant terrible d’Amérique centrale, le Salvador attire de plus en plus de voyageurs en quête de nouveauté, d’authenticité et d’affabilité.


Des plages de sable noir, des volcans étonnants et détonants, des sites mayas uniques, des villages typiques, de bons petits plats bien mitonnés, des marchés pétris d’authenticité et surtout, une population avenante et soulagée de ne plus vivre tétanisée par la peur : ainsi se présente le Salvador en ce début de 2025 – autant dire le jour et la nuit par rapport à il y a 5 ou 6 ans.

Casa 1800, Suchitoto :: Crédit : Gary Lawrence

Plus petit pays centro-américain (à peine 21 000 km2), le Salvador est en train d’émerger et de se tailler une place de choix, dans le club restreint des destinations d’Amérique latine.

Déjà connu des surfeurs (qui viennent depuis longtemps profiter de ses vagues costaudes) et des vacanciers en quête de vitamine D (qui fréquentent ses tout-inclus depuis belle lurette), ce pays de 6,5 millions d’habitants apparaît sur le radar d’un nombre croissant de voyageurs en quête de destinations alternatives inaltérées. À plus forte raison depuis que le niveau de sécurité s’y est remarquablement amélioré, ces dernières années.

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Des activités en complémentarité

Dans ce micropays voisin du Guatemala et du Honduras, on peut gravir un cône volcanique le matin et se tremper le popotin dans la mer en fin de journée; relâcher des bébés tortues en voie d’extinction avec l’OBNL Acotomsab, puis aller s’extasier dans les parcours d’hébertisme aérien du parc d’aventures Walter Thilo Deininger, à La Libertad.

Crédit : Gary Lawrence

Le soir, on prend l’apéro à l’un des innombrables bars sur la longue promenade qui longe la plage d’El Tunco, à Surf City, avant d’enfiler des pupusas – ces pains plats typiques à base de farine de maïs –, à moins qu’on préfère un délectable ceviche ou des fruits de mer bien juteux passés sur le grill.

Crédit : Gary Lawrence

Pays touristiquement intact après 12 années de guerre civile (jusqu’au début des années 90) et après plus de 25 ans de mainmise des gangs armés (jusqu’en 2019), le Salvador ne s’est jamais trop développé, d’un point de vue touristique – même si on trouve de l’hébergement pour tous les goûts et à tous les coûts. Plus souvent qu’autrement, le pays est demeuré pratiquement inaltéré et le parcourir se fait en toute authenticité.

Crédit : Gary Lawrence

La vie, la vie

Dans les villages colorés aux façades peinturlurées, on assiste en tout temps au quotidien inchangé des Salvadoriens enjoués : les gamins s’ébrouent sous les araucarias des parcs, les ados se disputent le ballon sur le terrain de soccer, les parents fument une clope sur un banc de parc ou sur le balcon de leur jolie bicoque en savourant la paix retrouvée en leur pays.

Suchitoto :: Crédit : Gary Lawrence

À Puerto de La Libertad, les vieux pêcheurs proposent leurs prises aux plus offrants ou les refilent au marché voisin, où les vendeurs croulent sous des montagnes de poissons et autres fruits de mer.

En ville et en milieu périurbain, on retrouve le joyeux foutoir bordélique qui prévaut si souvent en Amérique centrale, avec son enchevêtrement d’affiches, de vendeurs de rue et de commerces clinquants ou rutilants.

Çà et là, de gros bus scolaires revampés ornés de nageoires de requin et de gros ailerons semblent vouloir parer aux imprévus des virages serrés de la vie salvadorienne.

Crédit : Gary Lawrence

Un peu partout au pays, on respire ainsi l’air vivifiant d’un pays qui n’a pas été vicié par les effluves du tourisme de masse, lorsqu’on emprunte « les meilleures routes d’Amérique centrale », assurent les Salvadoriens.

Ainsi, peu de curieux investissent les jolies rues pavées de Suchitoto, même s’il est considéré comme le plus beau village colonial du pays. Aucun autocar ne déverse son trop-plein de touristes dans les bons petits restos salvadoriens en bord de mer, et nulle barre de complexes hôteliers ne vient enlaidir les liserés côtiers. Quant au relief naturel, il est intact sur l’essentiel du territoire, même si certains sites commencent à être populaires.

El Tunco :: Crédit : Gary Lawrence

Au pays des volcans

Couvert de près de 200 volcans, dont certains sont encore actifs à divers degrés, le Salvador déborde de verdure et de sommets resplendissants au potentiel impressionnant.

De plus en plus courue, l’ascension du volcan Santa Ana, qui est surmonté d’un saisissant lac de cratère, est vraiment épatante. Depuis le sommet à 2381 m, on aperçoit toute une série de cônes volcaniques à l’horizon mais aussi un autre lac de cratère, celui de Coatepeque, ainsi que le cône quasi parfait du volcan Izalco.

Crédit : Gary Lawrence

En raison de leur altitude et de la fertilité de leurs sols, plusieurs de ces volcans sont tapissés de caféiers, qui font du pays l’un des producteurs les plus réputés de café – ce qu’on ne manque pas de souligner lors des visites dans les plantations. Au printemps, les fleurs des caféiers couvrent les flancs des volcans de pétales blancs, ce qui rend la Route des fleurs fort agréable à parcourir – et qui justifie totalement son appellation.

Crédit : Gary Lawrence

Peu importe la période de l’année, ce ravissant itinéraire panoramique permet aussi de traverser de splendides petits villages qui figurent parmi les plus attrayants du pays.

Des villages craquants

À Ataco, les façades couvertes de pimpantes fresques naïves invitent à se perdre dans les rues pendant des heures; à Apaneca et à Salcoatitán, les devantures des églises immaculées éblouissent en se détachant sur fond d’azur; et à Nahuizalco, l’église de 1660, dont l’intérieur est entièrement en bois, jouxte un pétulant marché où plusieurs étals sont tenus par des autochtones.

Ataco :: Crédit : Gary Lawrence

Quant au cimetière coloré situé en périphérie, tout peinturluré et couvert de fleurs (naturelles ou pas), il est si fringant qu’il semble faire un pied de nez à la mort, celle qui a si souvent déferlé aveuglément en ce pays.

Crédit : Gary Lawrence

Un pays aux profondes racines mayas

Des Mayas aux Olmèques en passant par les Aztèques, de nombreux peuples précolombiens ont évolué au Salvador, au fil des siècles. Et si on ne sait toujours pas ce qui a causé la disparition des Mayas, on a déjà une meilleure idée de leur mode de vie grâce au site de Joya de Cerén.

Tazumal :: Crédit : Gary Lawrence

Recouvert de plusieurs couches successives de cendres lors des éruptions du volcan Laguna Caldera, autour de l’an 600 de notre ère, ce site découvert par hasard en 1976 est connu comme étant « le Pompéi d’Amérique ». « Il forme le meilleur exemple connu du cadre de vie des cultivateurs mayas », assure le guide Roberto Caledonio.

Inscrit sur la Liste du patrimoine de l’Unesco, Joya de Cerén n’est qu’un des nombreux sites mayas du Salvador, dont font aussi partie San Andrés, un centre monumental qui servait à la noblesse maya, ainsi que Tazumal, un site sacrificiel où on voit toujours l’autel où on procédait aux exécutions rituelles.

San Salvador, ville active

Principale porte d’entrée et de départ du pays, la capitale San Salvador s’est bien embellie, ces dernières années. Au-delà de son centro storico revitalisé, la ville accueille de plus en plus de sièges sociaux de grandes corporations – comme Google –, signe de son niveau de sécurité retrouvé et preuve qu’elle inspire de nouveau confiance.

Crédit : Gary Lawrence

Sa surprenante église du Rosaire, austère à l’extérieur mais lumineusement touchante à l’intérieur, est percée de subtils vitraux qui illuminent sa nef de béton armé. Non loin de là, la grande bibliothèque toute neuve symbolise le renouveau de la ville, droit en face de l’imposante cathédrale où repose San Romero, l’archevêque récemment canonisé qui incarne l’époque tragique de la guerre civile.

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En arpentant la grande place qui s’étend devant la cathédrale, qui peut encore imaginer que c’est ici, lors des funérailles de San Romero – assassiné par l’armée en 1980 – que les soldats ont ouvert le feu sur la foule?

C’est d’autant plus difficile à croire que 45 ans plus tard, l’armée est toujours bien présente mais cette fois-ci, elle l’est pour assurer la protection des Salvadoriens… et des voyageurs.

À savoir

Air Transat relie sans escale Montréal à San Salvador, jusqu’à deux fois par semaine jusqu’en avril.

Depuis l’an dernier, Voyages Munditour travaille de concert avec le Chambre salvadorienne de tourisme au Canada (CSATUC) pour faire connaître le Salvador aux Canadiens. Le voyagiste offre désormais des circuits accompagnés ou individuels et des séjours sur mesure.

Au Salvador, la haute saison touristique s’étend de novembre à avril, mais on peut séjourner au pays toute l’année.

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Hébergement

Hyatt Centric San Salvador: très bel établissement récent et attenant à un centre d’achat avec fort jolies chambres, agréables espaces communs et invitante piscine extérieure. Un peu excentré et juste à côté du stade de soccer en construction. Bonne restauration.

Hyatt Centric :: Crédit : Gary Lawrence

Hilton San Salvador : bel hôtel moderne et bien situé avec vue imprenable sur le volcan San Salvador. Plus grand centre de congrès au pays.

Acantilados, La Libertad : admirablement situé en bord de falaise, son architecture contemporaine surprend, ses aires communes et sa piscine invitent à la détente, ses vastes chambres dominent la mer. Bonne restauration, piscines d’eau de mer en bas de falaise.

Acantilado :: Crédit : Gary Lawrence

Boca Olas Resort, El Tunco : élégant complexe de villégiature situé en face de l’embouchure d’une rivière, juste à côté de l’action, des bars et des restos de la plage de surfeurs la plus fréquentée au pays. Tout juste à côté, le MiraSurf est aussi à considérer.

Casa 1800, Suchitoto et Ataco : deux valeurs sûres au cœur d’adorables petits villages. Le premier est aménagé sur un site spectaculaire avec géniale terrasse dominant un vaste lac; le second dispose de petites chambres correctes et offre des panoramas imprenables sur une chaîne de volcans. Bonne table dans les deux cas.

Hôtel Cardedeu, Coatepeque : hôtel récent situé sur un site grandiose au bord d’un lac de cratère. Effluves de soufre mais belles grandes chambres avec grandes salles de bain et piscine extérieure inoubliable.

Hotal Cardedeu :: Crédit : Gary Lawrence

Garten Hotel, El Zonte : ravissant petit établissement intime, stylé et huppé, situé droit devant la mignonne plage d’El Zonte, paisible village balnéaire.

Restauration

-Pour d’excellents petits plats à la Libertad : Café Sunzal;

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-Pour se gaver de fruits de mer décadents, mais aussi voir et être vu à La Libertad : Beto’s;

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-Pour de succulentes grillades à Ataco : El Jardin de Celeste.

Info : elsalvador.travel

L’auteur était l’invité de la CSATUC, de Voyages Munditour et d’Air Transat.

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