Après les pilotes, c’est au tour des agents de bord de vouloir négocier leur contrat de travail, qui était en vigueur depuis 2015 et qui a expiré le 31 mars dernier.
La section Air Canada du SCFP, le syndicat représentant 10 000 agents de bord d’Air Canada et d’Air Canada Rouge, a déposé une demande de conciliation auprès du ministre fédéral du Travail, en raison d’une impasse avec la compagnie aérienne.
« Nous avons présenté des propositions équitables, raisonnables et attendues depuis longtemps, mais la compagnie aérienne semble traîner les pieds et ne pas prendre le processus au sérieux », dit Wesley Lesosky, agent de bord depuis 24 ans et président de la section Air Canada du SCFP.
Un contrat de 10 ans à renouveler
Le contrat, en vigueur depuis 2015, a expiré le 31 mars 2025. « Tout a changé depuis 2015, mais la compagnie refuse de reconnaître la réalité », affirme Wesley Lesosky. « Notre charge de travail a explosé, le coût de la vie a grimpé à un niveau inimaginable, et nos conditions de travail se détériorent de jour en jour. Le statu quo n’est plus acceptable. »
La principale revendication des agents de bord concerne une rémunération équitable. Le syndicat cherche à mettre fin au travail non rémunéré, un enjeu qu’il dénonce depuis décembre 2024 dans le cadre de sa campagne Unfair Canada.
Selon Wesley Lesosky, un agent de bord débutant à temps plein chez Air Canada gagne 1 951,30 $ par mois. Le syndicat a également présenté ce qu’il estime être des propositions raisonnables pour améliorer la planification des horaires, les dispositions en matière de sécurité et de fatigue, la sécurité de la retraite et les conditions de travail, entre autres choses.
Une fois qu’un conciliateur fédéral sera nommé, il disposera de 60 jours pour travailler avec les parties. À la fin de la période de conciliation, celles-ci entreront dans une période de réflexion obligatoire de 21 jours. Si aucun accord n’est conclu à la fin, le syndicat pourra donner un préavis de 72 heures pour entamer des moyens de pression, à condition qu’un vote de grève ait lieu.
La confiance règne
Arielle Meloul-Wechsler, vice-présidente exécutive, cheffe des ressources humaines et des affaires publiques d’Air Canada, se dit confiante d’en arriver à une entente. « Nous avons eu des discussions sans perturbations avec les pilotes et nous nous attendons au même genre de dénouement », dit-elle.
À la fin de l’été, les négociations entre Air Canada et ses pilotes, représentés par l’ALPA, se sont tout de même poursuivies jusqu’à la dernière minute. À l’époque, 98 % des pilotes d’Air Canada avaient voté en faveur d’une grève si nécessaire, et un quartier général de grève avait été établi à Toronto. Les pilotes étaient prêts à lancer des actions syndicales à la mi-septembre, mais un accord a été conclu et ratifié début octobre.
De nouveaux ministres dans le décor
Hier, après que le Premier ministre Carney ait annoncé les nouvelles nominations au cabinet fédéral, l’ALPA Canada a déclaré qu’elle « se réjouit de travailler avec la nouvelle ministre des Transports Chrystia Freeland, la ministre de l’Emploi et des Familles Patty Hajdu, ainsi que le secrétaire d’État (Travail) John Zerucelli. »
L’ALPA est le plus grand syndicat de pilotes au monde ainsi que la plus importante organisation non gouvernementale en matière de sécurité aérienne. Elle représente plus de 95 % des pilotes professionnels syndiqués au Canada, employés par 21 transporteurs aériens.
« La participation des pilotes est essentielle pour atteindre les normes de sécurité les plus élevées dans le système de transport aérien du Canada, ce qui se traduit par une sécurité accrue tant pour les équipages que pour les passagers. Nous encourageons la ministre Freeland à inclure l’ALPA Canada dans toute discussion future concernant le cadre réglementaire de l’aviation au Canada et la mise en œuvre de politiques spécifiques à l’aviation », indique le capitaine Tim Perry, président de l’ALPA Canada.
« Nous demeurons engagés à collaborer avec la ministre Hajdu sur la réforme du Programme des travailleurs étrangers temporaires, qui devrait inclure une consultation continue avec les syndicats représentant les travailleurs touchés par ces embauches », a-t-il ajouté.
« Nous sommes également impatients de collaborer avec le secrétaire Zerucelli pour protéger le processus de négociation collective et prévenir toute intervention gouvernementale. »