Les agents de bord d’Air Canada défient l’ordre de retour au travail et poursuivent la grève

Coup de théâtre : malgré la décision du CCRI et l’annonce de la reprise des vols, les agents de bord refusent de retourner au travail aujourd’hui.


Les agents de bord d’Air Canada ont l’intention de poursuivre leur grève malgré l’ordre de retour au travail, a indiqué le syndicat dimanche, seulement quelques heures après que la compagnie aérienne eut annoncé un plan de reprise des vols.

Le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) a déclaré qu’il contestera un ordre du Conseil canadien des relations industrielles (CCRI) leur enjoignant de retourner au travail d’ici 14 h (HE).

« Nos membres ne retournent pas au travail », a affirmé le président national du SCFP, Mark Hancock, devant l’aéroport de Toronto. « Nous disons non. »

Le gouvernement fédéral avait annoncé samedi qu’il ordonnait à la compagnie et à ses agents de bord de reprendre le travail, mettant fin à une grève et à un lock-out qui avaient duré moins de 12 heures.

Hancock a précisé que le syndicat avait reçu tard samedi un avis du CCRI les informant du retour au travail imminent. Selon lui, « tout le processus a été injuste ».

« Air Canada a vraiment refusé de négocier avec nous, et elle a refusé de le faire parce qu’elle savait que ce gouvernement allait venir sur son cheval blanc pour tenter de sauver la situation », a-t-il dénoncé.

Air Canada prévoyait reprendre ses vols dimanche après que le gouvernement fédéral eut ordonné un arbitrage exécutoire.

Air Canada a ajouté dimanche que le CCRI avait ordonné la prolongation des conditions de la convention collective entre le syndicat et la compagnie, échue le 31 mars, jusqu’à la conclusion d’une nouvelle entente.

Ni Air Canada ni les représentants du gouvernement fédéral n’ont immédiatement réagi à l’annonce du syndicat.

Le SCFP, qui représente plus de 10 000 agents de bord, a accusé la ministre fédérale de l’Emploi, Patty Hajdu, d’avoir cédé aux exigences d’Air Canada.

Le syndicat affirme inviter Air Canada à revenir à la table des négociations pour conclure une entente équitable.

Le SCFP a également lancé un « jour d’action » dimanche, avec des manifestations prévues devant les aéroports de Toronto, Montréal, Vancouver et Calgary.

Natasha Stea, présidente de la section locale 4091 des agents de bord basée à Montréal, a déclaré que les travailleurs soutiennent le refus d’obéir à l’ordre de retour au travail.

« Je veux être très claire : c’est Air Canada qui choisit de faire subir cela à nos passagers et à notre entreprise, parce que nous sommes le visage de la compagnie. Elle tente de nous faire porter le blâme en s’alliant à ses amis au gouvernement pour contourner tous nos droits », a-t-elle dénoncé lors d’une manifestation devant l’aéroport de Toronto.

Elle a ajouté que les employés « en ont fini d’être exploités et maltraités ».

« Quand une entreprise qui vaut plusieurs milliards refuse de payer un salaire décent à ses employés, je ne comprends tout simplement pas. »

Le SCFP avait initialement annoncé que ses membres se rendaient aux lignes de piquetage après l’échec des négociations de dernière minute avec la compagnie, tandis qu’Air Canada procédait à un lock-out de ses agents environ 30 minutes plus tard en réaction à la grève.

Le syndicat affirme que ses principaux points de litige portent sur les salaires, qui n’ont pas suivi l’inflation durant la précédente convention de 10 ans, ainsi que sur le travail non rémunéré lorsque les avions ne sont pas en vol.

Air Canada avait auparavant demandé à la ministre Hajdu d’ordonner aux parties de soumettre leur différend à un processus d’arbitrage exécutoire — un pouvoir accordé à la ministre par l’article 107 du Code canadien du travail.