Les mauvais résultats des aéroports et des compagnies aériennes canadiennes en matière de ponctualité soulèvent des questions pour les voyages d’été

26 avril 2023 – Les aéroports et les compagnies aériennes du Canada ont enregistré un grand nombre de retards, dans les vols du mois dernier, ce qui soulève des questions quant à leur état de préparation pour l’achalandage des voyages d’été.

En mars, les grands aéroports et les transporteurs du pays ont enregistré un taux de ponctualité nettement inférieur à celui des aéroports américains comparables et à leur propre performance de 2019, soit avant que la pandémie de COVID-19 ne vienne bouleverser l’industrie du transport aérien, selon les chiffres de la firme OAG spécialisée en données sur l’aviation.

Quelques données

À titre d’exemple, le mois dernier, l’aéroport de Montréal a enregistré un taux de ponctualité d’environ 68 %, contre 80 % en mars 2019. À l’aéroport Pearson de Toronto, 61,2 % des vols sont partis à l’heure, c’est-à-dire dans les 15 minutes suivant le départ prévu, contre 73 % quatre ans plus tôt. Calgary, le quatrième plus grand aéroport du pays, a enregistré un taux de 72 % contre 82 % quatre ans auparavant. À titre de comparaison, les aéroports JFK de New York et O’Hare de Chicago ont enregistré, respectivement, des taux de ponctualité de 73 % et de 79 %, à quelques points de pourcentage du taux d’O’Hare en 2019, ce qui témoigne de la reprise plus rapide des aéroports américains.

Le taux de ponctualité d’Air Canada était de 57,3 % en mars, contre 69,6 % en mars 2019. Le dernier chiffre contraste également avec la fourchette de 77 à 79 pour cent notée chez trois des plus grands transporteurs américains (bien qu’ils soient généralement confrontés à des conditions météorologiques plus clémentes). WestJet et Porter Airlines ont réussi à faire atterrir respectivement 63 % et 65 % de leurs vols à l’heure, en mars, contre 80 % et 82 % quatre ans plus tôt. Sunwing et Swoop, la filiale à rabais de WestJet, ont fait atterrir moins de la moitié de leurs avions à temps, 44 % et 49 % respectivement, en baisse par rapport à environ 57 % pour les deux en mars 2019.

Mauvais présage alors qu’on se renvoie la balle

L’augmentation du nombre de retards des vols est de mauvais augure pour les voyageurs et fait suite à des saisons de voyage chaotiques pendant les vacances d’été et d’hiver. Selon Duncan Dee, ancien directeur des opérations d’Air Canada, la situation reflète des problèmes systémiques dans le secteur de l’aviation au Canada.

« Ce qui me choque dans ces chiffres, c’est que les trois principales compagnies aériennes nationales canadiennes sont confrontées à des problèmes de ponctualité très similaires », a déclaré M. Dee. « La seule conclusion possible est que, soit les compagnies aériennes canadiennes sont confrontées à des difficultés opérationnelles, soit opérer au Canada implique des problèmes structurels communs aux trois transporteurs canadiens, ce qui rend leurs performances en matière de ponctualité nettement inférieures à celles de leurs homologues américains”, a-t-il ajouté.

D’autres experts, estiment que les écarts importants entre les performances des compagnies aériennes au Canada révèlent que le problème peut être imputé, en grande partie, à des transporteurs individuels, plutôt que de refléter un malaise à l’échelle de l’industrie.

« La ponctualité et le service à la clientèle ont vraiment été relégués au second plan au profit de la croissance de la taille de la compagnie aérienne et de la mise en place d’un programme très agressif », a déclaré John Gradek, qui enseigne la gestion de l’aviation à l’Université McGill, à propos d’Air Canada. Il note que son rapport annuel ne contient « pas la moindre information » sur la ponctualité des vols, et que « cela n’augure rien de bon pour l’été », a-t-il ajouté.

M. Gradek a également souligné la pression exercée sur les compagnies aériennes américaines par le secrétaire de transports, Pete Buttigieg, et the Federal Aviation Administration, qui ont tous deux demandé aux transporteurs de réduire leurs horaires afin d’éviter les retards et les annulations en masse.

Peter Fitzpatrick, porte-parole d’Air Canada, a déclaré que la compagnie faisait un « effort concerté » pour réduire les retards. Il a également souligné les différences de financement entre les États-Unis et le Canada. « Le gouvernement américain a annoncé des investissements de 40 milliards de dollars US au cours des dernières années, pour soutenir l’exploitation et l’infrastructure des aéroports, alors que le gouvernement canadien continue de soutirer des centaines de millions de dollars en loyers aux aéroports canadiens. L’industrie a fait valoir à maintes reprises que pour améliorer l’expérience de voyage des gens, le gouvernement devrait investir dans tous les aspects du système de transport aérien », a-t-il déclaré dans un courriel.

Brad Cicero, porte-parole de Porter, a déclaré que la compagnie aérienne, basée à Toronto, dispose désormais d’un groupe de travail spécial chargé de superviser les performances. « Nous pensons qu’il s’agit d’une situation à court terme, en partie liée à l’introduction de notre nouveau type d’avion, le E195-E2, en service à partir de février », a-t-il déclaré à propos de la ponctualité.

Eric Forest, porte-parole d’Aéroports de Montréal, a déclaré que les départs retardés sont dus à des facteurs allant des arrivées tardives à la disponibilité du personnel au sol, en passant par les conditions météorologiques, les points de contrôle de sécurité et le contrôle du trafic aérien, autant de domaines sur lesquels les autorités aéroportuaires n’ont aucun contrôle. Il a ajouté que ce sont les compagnies aériennes qui sont responsables, en dernier ressort, des horaires de vol et de tout manquement à ces derniers.