Les pilotes d’Air Canada votent pour autoriser la grève; le transporteur réagit

Une forte majorité de pilotes vient se prononcer pour autoriser les dirigeants syndicaux à déclencher une grève, si les négociations avec leur employeur échouent.


Avec 98 % de participation des membres, les pilotes d’Air Canada ont voté hier en faveur d’une action syndicale, si nécessaire, pour obtenir une nouvelle convention collective avec Air Canada, rapporte l’Association internationale des pilotes de ligne (ALPA).

Les négociations pour un nouvel accord ont commencé en juin 2023. Les discussions en médiation privée ont débuté en janvier 2024 et ont duré jusqu’en juin 2024, moment où le syndicat a décidé de déposer un avis de différend et de passer à la conciliation, car les deux parties n’ont pas pu parvenir à un nouvel accord collectif.

Éviter la grève, mais…

« Plus de 5 400 pilotes d’Air Canada ont envoyé un message clair à la direction : nous sommes prêts à aller jusqu’au bout pour obtenir un contrat qui reflète la valeur que nous apportons à Air Canada », explique le Premier officier Charlene Hudy, présidente du Conseil exécutif principal de l’ALPA chez Air Canada.

« Notre objectif est d’éviter une grève, et notre priorité reste de moderniser notre contrat pour les pilotes d’Air Canada, ajoute-t-elle. Cependant, la direction continue de nous pousser de plus en plus vers une position de grève en ne répondant pas à nos besoins à la table des négociations en matière de rémunération équitable, de prestations de retraite respectables et d’améliorations de la qualité de vie. Après plus d’un an de négociations, la direction doit maintenant prendre conscience que si elle échoue à conclure un accord, elle sera responsable de notre retrait de services. »

Un contrat qui date

« Il s’agit d’un contrat obsolète et dépassé », postule Charlene Hudy, présidente du Conseil exécutif principal de l’ALPA chez Air Canada. Il y a des éléments de notre convention collective actuelle qui remontent à juste après la faillite. »

Rappelons qu’en 2003, Air Canada s’était placé sous la protection de la Loi sur la faillite.

Charlene Hudy précise que les deux parties ont récemment trouvé un consensus dans certains domaines, mais que les salaires et certains aspects de la planification restaient des points de friction.

À la suite de nouveaux contrats entre les quatre plus grandes compagnies aériennes américaines et leurs pilotes au cours des 18 derniers mois, certains équipages de vol gagnent environ deux fois plus que leurs homologues d’Air Canada, ajoute-t-elle, citant en particulier United Airlines.

Deux poids, deux mesures

« Nous transportons tous des passagers sous la bannière Star Alliance; donc, nous transportons les mêmes passagers dans le même espace aérien sur certaines des mêmes routes, et ces pilotes sont rémunérés beaucoup plus que nous », de poursuivre Mme Hudy.

Arielle Meloul-Wechsler, chef des ressources humaines d’Air Canada, assure que les parties avaient trouvé un accord sur « de nombreux, nombreux articles » de la convention collective. Elle a souligné la stabilité du travail qui a marqué la décennie couverte par le contrat désormais expiré.

« Mais bien sûr, avec un contrat de 10 ans, cela crée un peu de demande refoulée; il est donc temps de rafraîchir cet accord », a-t-elle déclaré dans une vidéo publiée sur le site d’Air Canada jeudi.

Le PDG d’Air Canada, Michael Rousseau, a pour sa part déclaré aux analystes plus tôt ce mois-ci que les deux parties étaient d’accord sur plusieurs points et qu’il espérait parvenir à un accord dans les semaines à venir.

Air Canada réagit

Par voie de communiqué, Air Canada prend acte du résultat du vote des pilotes d’Air Canada en faveur d’une grève potentielle, si la société ne parvient pas à un accord par le biais des négociations en cours avec l’Association des pilotes de ligne (ALPA).

« Un tel vote est une étape normale dans un processus de négociation et ne signifie pas qu’une perturbation aura lieu, indique le transporteur. En fait, une grève ne peut avoir lieu qu’à la fin de la période de conciliation actuelle, suivie d’une “période de refroidissement” de 21 jours. »

Air Canada assure rester « engagée dans le processus de négociation » et qu’elle « continuera de travailler à un accord collectif juste et équitable avec l’ALPA, qui reconnaît les contributions de nos pilotes et soutient la compétitivité et la croissance à long terme de notre entreprise. »

Tout est encore possible

Charlene Hudy assure que « les pilotes d’Air Canada sont déterminés à éviter une grève et les perturbations des vols qui en découleraient, c’est pourquoi nous continuons à négocier de bonne foi. »

Les pilotes d’Air Canada seront en position légale d’entamer une action syndicale dès le 17 septembre si aucun accord n’est conclu d’ici la fin de la « période de refroidissement ».

Pour plus d’informations sur le processus de négociation, c’est par ici.

Avec la Presse Canadienne