Un avion d'Air Canada décolle de Montréal. Crédit : La Presse Canadienne - Christine Muschi

Les voyages d’affaires Canada-USA perdurent au premier semestre

Malgré les tensions politiques et les incertitudes économiques actuelles entre le Canada et les États-Unis, les États-Unis demeurent un partenaire absolument essentiel.


Les Canadiens boudent peut-être les voyages d’agrément aux États-Unis, mais de nouvelles données montrent que les déplacements d’affaires se poursuivent comme d’habitude.

En dépit des tensions politiques avec l’administration Trump, de l’incertitude économique liée aux tarifs douaniers et des craintes concernant le traitement à la frontière, des données de SAP Concur indiquent que les voyages d’affaires canadiens vers les États-Unis au cours du premier semestre de l’année sont restés stables par rapport à l’an dernier, même si certaines entreprises prennent désormais davantage de précautions aux frontières.

Au cours des six mois se terminant le 30 juin, les données ont ainsi révélé que les États-Unis représentaient 79 % des voyages d’affaires en provenance du Canada.

« Malgré les tensions politiques et les incertitudes économiques actuelles, les États-Unis demeurent un partenaire absolument essentiel pour la majorité des entreprises canadiennes », a déclaré Brian Veloso, directeur général de SAP Concur Canada.

Les autres destinations les plus populaires comprenaient le Royaume-Uni, qui a représenté 3 % des voyages d’affaires canadiens pendant cette période, et l’Allemagne, qui en a représenté 2 %.

 

Le Canada toujours populaire

Les chiffres montrent également que le Canada était la première destination internationale pour les voyages d’affaires en provenance des États-Unis. À l’échelle mondiale, le Canada s’est par ailleurs classé au quatrième rang des destinations les plus populaires pour les voyages d’affaires internationaux.

Cette stabilité dans les déplacements d’affaires survient alors que le nombre global de retours de résidents canadiens en provenance des États-Unis a diminué de 28,7 % en juin sur un an, poursuivant une tendance observée depuis le début de l’année, au moment où les tensions canado-américaines se sont intensifiées.

Danielle Riddle, PDG de l’agence de services de voyages d’affaires Inspired Travel Group, a déclaré que d’après elle, les voyages aux États-Unis demeurent « essentiels pour de nombreuses entreprises canadiennes ».

« Beaucoup de nos clients ont leur siège social, des partenaires ou des clients majeurs aux États-Unis, dit-elle. Donc ces voyages, ils ne disparaissent pas. »

 

L’irremplaçable face à face

Pendant la pandémie, les voyages d’affaires avaient été remplacés par des appels vidéo, mais une fois les restrictions levées, Danielle Riddle explique que les entreprises qui se rendaient de nouveau de l’autre côté de la frontière pour conclure des affaires ou décrocher un contrat ont vite retrouvé les avantages des rencontres en personne.

« Dès que cela a recommencé, les entreprises se sont dit : “Eh bien, notre avantage concurrentiel, c’est que nous n’allons pas simplement planifier un appel vidéo avec vous, nous serons là en personne.” »

Jenny Kost, experte en voyages d’affaires chez Flight Centre Travel Group Canada, souligne que les entreprises états-uniennes et canadiennes ont tendance à être étroitement liées en raison de leur proximité géographique.

« Beaucoup de nos clients ont une présence transfrontalière, dit-elle. Il est donc crucial pour eux de s’assurer que ces partenariats demeurent solides et qu’ils restent au fait de ce qui se passe dans les entreprises des deux côtés de la frontière. »

 

Des frontières moins fluides

Même si l’appétit pour les rencontres en personne transfrontalières s’est accru, des témoignages font état d’un traitement plus strict à la frontière depuis l’entrée en fonction de Trump, en janvier.

Beth Nanton, associée et responsable de la pratique en immigration américaine chez KPMG Law, indique que certaines entreprises ont modifié leur approche du voyage vers les États-Unis.

« Je dirais que les entreprises sont plus prudentes dans la préparation de leurs employés », a-t-elle expliqué. Elle précise que certaines d’entre elles, qui géraient auparavant en interne les lettres de voyage d’affaires ou les évaluations de permis de travail, sollicitent désormais des conseils externes.

« Nous avons vu quelques entreprises retenir nos services pour des évaluations de voyageurs d’affaires, alors qu’auparavant elles ne faisaient pas appel du tout à des conseillers externes », a-t-elle ajouté. Beth Nanton conseille généralement aux entreprises de prévoir plus de temps pour leurs déplacements.

 

Des contrôles plus serrés

« Si le processus global n’a pas fondamentalement changé, les questions supplémentaires des douaniers peuvent entraîner des délais plus longs », a-t-elle expliqué.

Elle note aussi qu’un grand nombre de Canadiens choisissent de passer la frontière par les installations de précontrôle situées dans les aéroports internationaux au Canada. Toutefois, le renforcement de la surveillance à la frontière a incité certaines entreprises à examiner plus attentivement leurs activités de voyage.

« Les exigences légales n’ont pas changé, mais il y a certainement une attention accrue portée aux activités effectuées par les voyageurs, afin de s’assurer qu’elles correspondent bien à la catégorie de visa ou d’immigration au titre de laquelle ils demandent leur admission », précise Beth Nanton.

« Je pense que cela a poussé les entreprises, à juste titre, à examiner de plus près les activités menées et à se demander si un permis de travail est en fait nécessaire, ce qui entraîne la fourniture de documents supplémentaires au voyageur avant qu’il n’entreprenne son déplacement », conclut-elle.