D’un côté comme de l’autre de la frontière canado-états-unienne, les effets des mesures tarifaires ont commencé à se manifester avant même leur adoption officielle, hier.
Ce n’est un secret pour personne (sauf pour Donald Trump et ses laquais) : l’imposition, hier, de tarifs de 25 % sur les importations canadiennes va grandement nuire à l’économie globale de l’Amérique du Nord.
Selon le magazine spécialisé Skift, ces restrictions (illégales, soit dit en passant) vont aussi porter un coup dur aux événements d’affaires transfrontaliers. En fait, avant même que ces tarifs soient officiellement imposés hier, l’appréhension qu’ils engendraient avaient déjà fait son œuvre.
« Avec la baisse de la participation des délégués américains et des annulations de grande envergure, comme celle de Canada House au SXSW d’Austin, au Texas, l’industrie fait face à des défis croissants », note ainsi Skift. Et l’industrie des réunions, des congrès et des événements en pâtit déjà.
Annulations en série
Des organismes canadiens annulent une rencontre au sommet à Chicago, d’autres choisissent de souligner un événement à l’interne au Canada, plutôt que de se rendre aux États-Unis, d’autres encore mettent une réunion d’affaires (au Mexique, cette fois) sur la glace.
Sans compter les politiques et directives d’entreprises qui remettent en question l’à-propos de tenir un événement au pays de l’oncle Donald, pour toutes sortes de raisons.
Outre la faiblesse grandissante du dollar canadien face à son vis-à-vis états-unien, des partenaires commanditaires d’événements se retirent ainsi pour protester contre les politiques de Trump.
Quant aux événements LGBTQ2S+, ils sont également nombreux à être annulés, face à l’intolérance qui monte aux États-Unis, que ce soit par la peur d’être intimidé ou simplement pour boycotter le pays dans son entièreté.
Des milliards en pertes potentielles
Comme nous le soulignions récemment, l’association U.S. Travel estime que l’impact des tarifs de Trump pourrait entraîner une perte de 2,1 milliards de dollars en dépenses touristiques, soit une baisse de 10 % du nombre total de visiteurs en provenance du Canada.
Rappelons que le Canada est le principal marché émetteur de touristes internationaux pour les États-Unis, avec environ 20,4 millions de visiteurs l’année dernière.
Inversement, le nombre de participants états-uniens aux congrès, conférences et événements organisés au Canada a diminué depuis la menace de la mise en œuvre des politiques de l’administration Trump. « Parmi ces mesures, un décret signé à la fin de février exige désormais une justification écrite pour la participation des employés gouvernementaux aux conférences », souligne Skift.
Reste à espérer que la force du dollar américain face au dollar canadien rende plus que jamais alléchante la perspective, pour une entreprise ou un organisme états-unien, d’organiser un événement au Canada. Ou encore que tous les imbroglios qui découleront de ces tarifs incitent les gens d’affaires à se déplacer d’un côté comme de l’autre de la frontière pour réparer, ensemble et en personne, les pots cassés.
Des pertes, encore des pertes
Dans un autre texte, Skift cite le cas des annulations multiples dont est la cible Providence, dans le Rhode Island. L’une d’elle, qui vise un congrès sur l’énergie éolienne offshore, devait donner lieu à 3300 nuitées et générer 1,8 million de dollars en dépenses directes.
Selon le Bureau de tourisme de Providence, le changement de politique climatique sous l’administration Trump a contribué à cette annulation. Trois autres ont suivi, dont une conférence sur les anciens combattants. Perte totale : 2,4 millions de dollars en dépenses directes et 5 235 nuitées perdues.
Le pire, c’est que ça ne pourrait être que le début : 30 000 nuitées supplémentaires seraient menacées, à Providence.
De multiples tracas pour l’industrie
Toutes ces annulations ne sont pas sans engendrer leur lot de complications pour l’industrie du voyage, et ce à plusieurs niveaux : des transporteurs voient leurs appareils moins remplis et les agences spécialisées dans ce créneau assistent à la diminution de leur chiffre d’affaires.
Quant aux conseillers en voyages, souvent les derniers à encaisser les coups au bout de la chaîne de distribution, ils doivent gérer des annulations et des mécontentements, sans toujours être bien rémunérés pour ce faire.
Mais qu’importe : dans son (interminable) discours sur l’état de l’Union hier soir, Donald Trump n’a-t-il pas assuré que les États-Unis s’apprêtent à vivre leur âge d’or, au cours des prochaines années?
Ce sera sans doute le cas pour lui et ses broligarques, mais certainement pas pour le commun des mortels – ou pour les voyagistes et agents de voyages, des deux côtés de la frontière.