Plusieurs se demandent où sont les ouragans de l’Atlantique, alors que nous sommes en pleine haute saison.
Pas une seule tempête nommée ne s’est formée dans l’océan Atlantique depuis près de trois semaines, alors que nous sommes en plein cœur de la saison des ouragans.
« Où diable sont passés les ouragans de l’Atlantique ? », a récemment écrit sur X Philip Klotzbach, météorologue à l’Université d’État du Colorado. Plusieurs se posent la même question.
La tempête tropicale Fernand est la dernière tempête nommée à s’être formée cette saison. De courte durée, elle s’est développée le 23 août et s’est dissipée le 28 août, en restant toujours au-dessus de l’océan.
C’est seulement la deuxième fois qu’aucune tempête nommée ne se forme durant le pic de la saison des ouragans de l’Atlantique, depuis le début des relevés modernes en 1950, constate Ernesto Rodríguez, chef météorologue au bureau des prévisions du National Weather Service à San Juan, Porto Rico. « Habituellement, les conditions à cette période-ci sont idéales », a-t-il indiqué.
La période la plus calme enregistrée entre le 29 août et le 15 septembre remonte à 1992, après le passage de l’ouragan Andrew qui avait dévasté la Floride.
Pourquoi est-ce si calme?
Trois facteurs expliquent cette situation.
- Un fort cisaillement vertical du vent, c’est-à-dire un changement de vitesse ou de direction du vent avec l’altitude. Il a augmenté en raison d’une circulation cyclonique dans la moyenne-haute troposphère, la couche la plus basse de l’atmosphère terrestre.
- Un air sec et stable persistant dans l’Atlantique tropical.
- Une baisse des précipitations en Afrique de l’Ouest, région où naissent les ondes tropicales durant la saison des ouragans.
« C’est plutôt positif, surtout pour nous à Porto Rico », indique Ernesto Rodríguez. Le territoire états-unien se reconstruit encore après l’ouragan Maria, qui avait frappé l’île en tant que puissant ouragan de catégorie 4 le 20 septembre 2017.
Le manque de tempêtes a poussé les experts de l’Université d’État du Colorado à publier un rapport explicatif plus tôt ce mois-ci. « Il y a eu de nombreuses discussions parmi les météorologues, les médias et le grand public au sujet de cette récente accalmie de l’activité cyclonique atlantique », indiquait le rapport, la qualifiant de « tout à fait remarquable ».
Le calme avant la (ou les) tempête(s)?
Les prévisionnistes estiment que la saison pourrait encore devenir active dans la seconde moitié de septembre et durant la première partie d’octobre.
Un amas de tempêtes situé présentement à plusieurs centaines de kilomètres à l’est des Caraïbes devrait se transformer en tempête nommée dans les prochains jours, bien qu’il soit prévu qu’il s’éloigne de la région et reste au-dessus de l’océan, possiblement en tant que puissant ouragan.
Un autre système dépressionnaire suit derrière, mais il n’a pour l’instant que 20 % de chances de donner lieu à une formation.
« Du 15 septembre au 15 octobre, les conditions seront plutôt favorables », a expliqué Ernesto Rodríguez. Il a souligné que la température de l’océan reste élevée, fournissant du carburant aux tempêtes.
Si on se fie aux précédents…
Jusqu’à 80 % de l’activité cyclonique atlantique survient en août et en septembre, mais cette année, on ne compte que six tempêtes nommées.
« L’un des problèmes qui affectent l’Atlantique cette saison est le manque d’instabilité », selon le rapport de l’Université d’État du Colorado.
La NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration) avait prévu une saison supérieure à la normale avec 13 à 18 tempêtes nommées, dont 5 à 9 devraient devenir des ouragans, y compris de 2 à 5 ouragans majeurs avec des vents supérieurs à 178 km/h (111 mph).
Erin est devenu le premier ouragan atlantique de l’année en août, atteignant le statut de catégorie 5 tout en évitant les terres. Aucun autre ouragan ne s’est formé depuis.
En moyenne, une saison des ouragans dans l’Atlantique (du 1er juin au 30 novembre) donne 14 tempêtes nommées, dont 7 deviennent des ouragans et 3 des ouragans majeurs, selon la NOAA.
« La file indienne d’ondes tropicales sortant d’Afrique, qui atteint généralement son maximum fin août et septembre, est arrivée un peu en retard à la fête cette saison », conclut Michael Lowry, spécialiste des ouragans et expert des ondes de tempête, dans son dernier rapport.