Miser sur le Brésil malgré le retour du visa en avril 2025 

En dépit des embêtements et du coût qu’entraîne l’obtention d’un visa, le Brésil figure toujours au programme de plusieurs voyagistes canadiens.


Tout obstacle au voyage – comme l’absence de vols directs, un taux de change défavorable ou tout autre problème – peut refroidir les ardeurs de certains voyageurs et leur donner l’envie d’aller voir ailleurs, comme on le sait quand on œuvre au cœur de l’industrie du tourisme. 

Avec tant de destinations disponibles et l’envie d’échapper au stress, il n’est pas surprenant que les clients privilégient les options les plus simples et les plus abordables. 

C’est dans ce contexte que les entreprises spécialisées sur le Brésil surveillent son calendrier avant la mise en place du visa électronique (eVisa) du pays, prévue pour le 10 avril prochain, et qui concernera les Canadiens, les États-Uniens et les Australiens. 

Une succession de reports

Cette date de mise en oeuvre d’avril 2025 est la dernière qui fait suite à une série de reports, plus de cinq ans après que le Brésil ait supprimé l’obligation de visa en 2019 (alors que le Canada continuait d’exiger des visas pour la plupart des voyageurs brésiliens). 

Chaque report a offert un sursis salué par les voyageurs canadiens qui souhaitaient se rendre au Brésil, avant l’entrée en vigueur des frais de visa électronique de 80,90 $US (environ 119 $CA). 

Un marché sous-exploité par les Canadiens

Le Brésil a accueilli 6,65 millions de voyageurs internationaux en 2024, dont près de 90 000 Canadiens, soit une augmentation annuelle de plus de 12 %, selon les dernières statistiques de l’Office du tourisme du Brésil, EMBRATUR. 

Parmi les stratégies visant à attirer davantage de visiteurs, on retrouve le Plan National du Tourisme 2024-2027, qui vise à positionner le Brésil comme la principale destination touristique d’Amérique du Sud, avec un objectif de 8,1 millions de visiteurs internationaux par an. 

Le pays a également lancé son Programme d’Accélération du Tourisme International, avec des investissements de plusieurs millions de dollars pour attirer de nouveaux vols. 

Des stratégies pour séduire les Canadiens

Si EMBRATUR n’a pas commenté les frustrations liées aux exigences de visa, il a partagé ses stratégies pour attirer plus de visiteurs canadiens. 

« Nous sommes conscients des défis tels que la connectivité et la distance de notre pays, dit l’organisme. Le Brésil investit activement sur le marché canadien à travers des campagnes ciblées mettant en avant la durabilité, la gastronomie et la diversité culturelle, et des missions commerciales sont également prévues. ».

Du reste, des initiatives collaboratives avec les voyagistes, les agents de voyage et les compagnies aériennes sont conçues pour mettre en avant des expériences qui soulignent la diversité et la culture locale. 

Vols directs et indirects

Si des vols directs entre le Canada et le Brésil sont opérés par Air Canada, avec des liaisons sans escale vers São Paulo plusieurs fois par semaine, les modifications d’itinéraires des compagnies aériennes ont rendu les voyages vers le Brésil plus chers et plus compliqués. « De bonnes connexions n’existent plus comme avant », estiment certains voyagistes. 

Le Brésil est sous-desservi depuis le Canada, estiment ainsi ceux-ci, notant au passage que la distance et le coût (de plus en plus) élevé du dollar américain par rapport au dollar canadien représentent des obstacles majeurs.

Une forte concurrence des pays voisins

Malgré ces défis, le Brésil continue de figurer parmi les destinations de rêve pour de nombreux voyageurs. 

Avec ses merveilles naturelles comme les chutes d’Iguazu, l’Amazonie et des sites emblématiques comme le Christ Rédempteur et le Pain de Sucre de Rio de Janeiro, le pays séduit toujours autant. 

Face à cet engouement, plusieurs voyagistes ont renforcé leurs offres, et l’un d’entre eux a même lancé un tout nouveau programme. 

Les circuits de Vacances Air Canada… et des autres

Le mois dernier, Vacances Air Canada a ainsi annoncé un nouveau portefeuille de circuits guidés au Brésil, désormais disponible à la réservation avec des départs de Montréal et Toronto vers São Paulo (GRU). Des connexions sont également offertes à partir du réseau Air Canada de plus de 50 aéroports canadiens. 

Le programme de VAC propose quatre circuits et 13 forfaits avec transport privé dans des destinations comme Rio de Janeiro, São Paulo, Salvador, Foz do Iguaçu et Porto de Galinhas. 

Au Canada, Goway Travel se montre également optimiste quant au potentiel du Brésil. Le mois dernier, l’entreprise a annoncé 20 nouveaux forfaits pour la destination. « Bien que le Brésil soit l’une des destinations de Goway qui connaît la plus forte croissance en Amérique latine depuis la pandémie, il reste derrière le Pérou, les Galápagos, le Costa Rica, le Chili et l’Argentine », explique Sean Hebert, vice-président de Goway pour les Amériques.

« Pour nos voyageurs canadiens, le Brésil est sous-desservi malgré une connectivité aérienne correcte et une infrastructure touristique bien développée », poursuit-il.

Un manque de visibilité?

L’un des défis, selon lui, est le manque de visibilité. « Le Brésil fait face à une forte concurrence de la part de ses voisins qui investissent massivement dans la promotion touristique chaque année, estime Sean Hebert. C’est pourquoi il est encourageant de voir le gouvernement brésilien accroître ses efforts marketing. » 

Les séjours les plus populaires de Goway au Brésil durent généralement de 10 à 14 jours, avec des nuitées dans certaines régions distinctes, soit le Pantanal et l’Amazonie, Rio et Paraty ainsi que les célèbres chutes d’Iguazu. 

Un visa embêtant

Selon Sean Hebert, la politique de voyage sans visa du Brésil avait été un moteur clé de la récente hausse de la demande chez Goway. « Le retour des restrictions de visa est donc décevant, estime-t-il. Nous espérons limiter la baisse de la demande en accompagnant nos clients dans le processus d’obtention de leur visa, comme nous le faisons déjà pour d’autres destinations populaires. » 

Chez Gateways International, un spécialiste des voyages sur mesure, le Brésil est la quatrième destination sud-américaine la plus vendue, après le Chili, le Pérou et l’Argentine. Le profil type du voyageur canadien au Brésil? « Auparavant, il s’agissait surtout de couples plus âgés ou de groupes de couples, dit Talia May, directrice marketing et opérations chez Gateways International. Aujourd’hui, nous voyons une clientèle plus jeune, notamment des familles avec adolescents. » 

Les itinéraires les plus populaires de Gateways International au Brésil combinent souvent Rio et les chutes d’Iguazu, avec des extensions vers Salvador de Bahia ou des croisières à Manaus. Mais l’exigence de visa électronique « ajoute une difficulté supplémentaire », ajoute Talia May, même si d’autres destinations mettent également en place des frais similaires, comme l’ETA du Royaume-Uni et l’ETIAS de l’UE (reporté, mais toujours prévu). 

« On nous assure que le visa brésilien sera plus simple à obtenir qu’auparavant, et qu’on pourra le faire entièrement en ligne, toujours pour un coût de 80,90 $US par voyageur », conclut-elle. L’avenir nous dira à quel point son obtention sera vraiment simple.