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[Newport] la perle de la Nouvelle-Angleterre

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Franck Laboue
L’aventurier épicurien
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Le printemps semble se rapprocher tout doucement et avec lui nos envies d’escapades. C’est l’occasion de retrouver Boston, ou encore New York. Je suis un amoureux de la Nouvelle-Angleterre. À chaque passage, j’aime y explorer une région ou un état différent. Le petit état étriqué du Rhode Island m’a toujours intrigué. Amateur de petits ports de pêche (ma Bretagne natale doit être fautive!), j’ai été instantanément attiré par la ville de Newport. De prime abord, elle sonnait comme une ville « Bling Bling », avec ses courses de voile, ses tournois de tennis et ses villas de milliardaires, mais Newport m’intriguait. Elle allait devenir pour moi, l’une des plus belles villes de la côte Est – rien que ça. Avec son festival de jazz, son histoire, ses « Mansions » et ses petites rues pavées, elle ne m’a pas laissé indifférent.

En route; nous partons au bord de la mer!

LE RHODE-ISLAND CET ÉTAT MÉCONNU

La Nouvelle-Angleterre est notre voisine du sud, mais nous la connaissons finalement peu. Que dire alors du Rhode Island, état enclavé entre le Massachusetts et le Connecticut? Presque aucune image ne vient en tête à son évocation. Le plus petit état de l’Union est pourtant bourré de charme. Son plus bel atout? Newport, l’une des villes les plus célèbres de la côte. C’est en partant de Boston que je la découvre pour la première fois. Seulement une heure et demie de voiture sépare les deux villes. Avec ses 24 000 habitants, au premier coup d’œil, elle ressemble à une petite bourgade. À quoi Newport doit sa renommée? Le sport… et la politique! Au 19ème siècle, elle accueillit les skippers des courses nautiques de « l’America’s Cup ». Elle reçut aussi de nombreuses familles présidentielles pour leurs vacances d’été; les Kennedy notamment. C’est d’ailleurs à Newport que John F. Kennedy et Jacqueline Bouvier se dirent « Oui » en 1953! En plus du festival de jazz, Newport accueille aussi le « Newport Folk Festival », où Bob Dylan se fit remarquer en 1965.

En me stationnement dans le petit centre-ville, difficile à imaginer qu’une si petite ville ait connu tant d’agitation. Fondée en 1639 par des Quakers de Boston, Newport abrite la plus vieille synagogue d’Amérique du nord, inaugurée en 1763. Haut lieu de la guerre d’indépendance américaine, les troupes française de d’Estaing y débarquent en 1780 en soutien de la révolte. L’armée française y restera près d’un an. Newport continue de traverser l’histoire, elle fut un important port de commerce d’esclaves au 19ème siècle. Dès mes premiers pas, je me rends compte très vite qu’il s’agît d’une ville très touristique. Large stationnement à l’entrée du port, stands de crèmes glacées, bus à toit ouvert, et en ce début de printemps, une foule de tous les diables. Mais en dehors de sa rue commerçante bondée, Newport regorge de petites rues cachées absolument somptueuses. Si nous ne connaissions que la rue Saint-Jean dans le Vieux-Québec, la ville serait un peu décevante ne croyez-vous pas?

UN CENTRE-VILLE CHARMANT

  C’est sur le port que je déambule en premier. Le mouvement des mats qui ondulent au gré des vagues est attirant. Pontons en bois, marchés où se retrouvent vendeurs de homard, vieux gréements et yachts démentiels: tout est réuni pour la carte postale. Les enseignes des magasins sont bien lustrées, les bateaux bien alignés et les terrasses des cafés attirantes sous le soleil d’avril. Je me sens tout de même un peu étriqué sur ce port où familles et voyageurs en tous genres se bousculent. Le Newport dont je suis tombé amoureux, je vais le retrouver quelques rues plus loin.

Je m’éloigne tranquillement du port, au gré des ruelles pavées. Tout à coup, le calme. Tel un village fantôme digne des histoires de Washington Irving, Newport s’est comme vidée. On dirait presque qu’elle se donne juste à moi. Ici, je retrouve tout ce qui fait la quintessence de la Nouvelle-Angleterre: clochers blancs, drapeaux américains qui flottent au vent, chaises Adirondacks sur les patios, clôtures peintes en blanc… Les trottoirs et leurs pavés sont inégaux, à travers eux s’incrustent les pétales des cerisiers en fleurs, formant un tapis rose dans la rue. En ce printemps, les rues sont féériques: des dizaines de cerisiers en fleurs jalonnent les artères de Newport, teintant le village de rose. Pour compléter ce panorama de carte postale, des réverbères au gaz se succèdent, conférant un charme magique à la ville. Enchanteur. Les maisons en bardeaux de bois se succèdent, la plupart datent des 17ème et 18ème siècles. Un spectacle effarant que cette concentration de petits bâtiments d’époque, toujours aussi bien entretenus après autant de siècles.

Au coin de la rue j’aperçois Trinity church, son clocher blanc ne passe pas inaperçu. Fondée en 1698, c’est la plus vieille église épiscopale de l’état. Au pied de cette masse blanche épurée se trouve un ancien cimetière du 18ème siècle. J’ai un aveu: j’aime beaucoup les cimetières! On y retrouve l’histoire d’une ville, d’une région, et des exemples de gravures fort intéressants. Ici, je jubile presque, les stèles et gravures en forme de crâne me rappellent Boston, photogénique à souhait. Dans le cimetière, on retrouve la tombe du chevalier de Ternay, chef d’escadre français, grand ami de La Pérouse.

 

OCEAN ROAD ET MAISONS COSSUES

Mais que serait Newport sans son bord de mer? Au sud de la ville, le voyageur peut arpenter le « Cliff Walk », une promenade aménagée le long de la côte rocailleuse. C’est en voiture que le panorama s’apprécie bien plus encore. Au bord de l’océan, rien ne saurait plus ressembler à la Bretagne que ce qui se trouve devant ma rétine: ballet des cormorans, rochers déchirés, algues, voiliers au large… et l’air marin qui remplit mes poumons! Quelques arrêts sont aménagés pour vous permettre de prendre un bon bol d’air.

Déjà au loin nous apercevons les toits des fameuses « Mansions » de Newport. À nul autre endroit sur toute la côte Est des USA on ne retrouve une telle concentration de demeures cossues au kilomètre carré: unique. Ces grandes propriétés historiques ont été construites à la fin du 19ème siècle. Alignées au bord de l’océan Atlantique, elles ressemblent aux châteaux de la Loire – version américaine bien sûr. Mais qui a fait construire ces imposants châteaux? En premier, ce furent les riches planteurs du sud, fuyant la chaleur et l’humidité de Louisiane et de Caroline. Enfin, ce furent surtout les industriels milliardaires vivant dans la région de New York qui s’installèrent à Newport pour les étés. C’était l’âge d’or américain : le « Guilded Age ». Ces grands personnages, Vanderbilt, Rockefeller ou encore Astor, montraient ici leur richesse. Ils y construisent des cottages de luxe inspirés de leurs voyages en Europe.

Si vous souhaitez visiter les Mansions, des billets combinés existent (31$). Avec un audioguide, vous aurez des indications en français pour vous expliquer l’histoire des lieux, des domestiques et de toutes les pièces. Utile. Trois châteaux se distinguent si vous visitez Newport pour la première fois: The Breakers, The Elms et Marble House.

The Breakers abritait la famille Vanderbilt pendant l’été, le tout avec une équipe de 40 personnes qui vivaient sur place! Moderne pour l’époque, elle était équipée de l’électricité, de l’eau courante et du gaz. J’aime la découverte des grandes maisons de cet âge d’or, elles me rappellent la maison de Flagler à West Palm Beach, une certaine idée du luxe comme on en fait plus. Marble House appartenait également à la famille Vanderbilt. Enfin ne manquez par The Elms, propriété des magnats du charbon, le couple Berwind. Pour ressembler au château d’Asnières, en France, le couple n’hésitera pas à dépenser près d’1,4 million de dollars. On y retrouve le luxe à sa plus grande échelle: colonnes de marbres, salle de bal, jardins à la française… Tout y est.

VERDICT DU CHRONIQUEUR

Newport est peut être très touristique, mais ce n’est pas pour rien: elle a plus d’un atout dans sa poche. L’état du Rhode Island ne manque pas d’attraits, mais la ville de Newport est assurément son plus beau joyau. C’est la magnifique combinaison d’un port en bord de mer, d’histoire américaine, de ruelles d’époque magnifiques et de riches demeures uniques en Amérique. Newport m’a surpris, j’y ai retrouvé tout ce que j’aime de la Nouvelle-Angleterre et même plus. Un concentré d’histoire, de charme et d’océan. Que demander de mieux pour une escapade américaine?