Nouvel avis sur les voyages des Canadiens aux États-Unis

Le durcissement des contrôles frontaliers incite le gouvernement canadien à émettre une nouvelle mise en garde à ses ressortissants.


Encore une fois, Affaires mondiales Canada vient de mettre à jour ses conseils à l’intention des personnes voyageant aux États-Unis, en les prévenant qu’ils pourraient faire l’objet d’une « vigilance accrue » de la part des agents frontaliers et risquer une détention en cas de refus d’entrée.

Publié vendredi, l’avis modifié encourage les Canadiens traversant la frontière états-unienne à faire preuve de transparence avec les autorités du pays et à s’attendre à des contrôles pouvant aller jusqu’à la fouille de leurs appareils électroniques.

L’avis précise que, si l’entrée est refusée, les citoyens peuvent être détenus en attendant leur expulsion, s’ils ne satisfont pas aux exigences d’entrée et de sortie.

« Les agents frontaliers individuels disposent souvent d’un pouvoir discrétionnaire important pour prendre ces décisions, indique l’avis. Attendez-vous à une surveillance accrue aux points d’entrée, y compris des appareils électroniques. Soyez coopératif et transparent dans toutes vos interactions avec les autorités frontalières. »

 

Un pouvoir accordé de longue date

Frédéric Dimanche, professeur et directeur de l’École de gestion du tourisme et de l’hôtellerie Ted Rogers de l’Université métropolitaine de Toronto, a déclaré lors d’un entretien que les agents frontaliers américains disposent depuis longtemps de vastes pouvoirs d’inspection, tout comme leurs homologues canadiens.

Mais selon l’Agence des douanes et de la protection des frontières des États-Unis, les fouilles réelles sont très rares — l’agence indique qu’en 2024, moins de 0,01 % des voyageurs internationaux arrivant aux États-Unis ont vu leurs appareils électroniques fouillés.

« N’oublions pas qu’aller dans un autre pays est un privilège », rappelle Frédéric Dimanche. « Nous sommes des invités dans un autre pays, donc ils ont le droit de nous poser toutes les questions qu’ils souhaitent. »

 

Les séjours de 30 jours plus compliqués

Rappelons aussi qu’Ottawa a aussi mis à jour ses conseils aux voyageurs vers les États-Unis à la fin mars, en informant les Canadiens et les ressortissants étrangers qui prévoient rester plus de 30 jours aux États-Unis qu’ils devraient s’enregistrer auprès des autorités américaines, sous peine de « sanctions, d’amendes ou de poursuites pour délit mineur ». Cette mesure entre en vigueur le 11 avril.

En dehors de l’obligation d’enregistrement pour les séjours de plus de 30 jours, « les choses suivent leur cours habituel, la différence étant que les contrôles frontaliers deviennent plus scrupuleux », d’ajouter Frédéric Dimanche.

 

Des plans de voyages chamboulés

De nombreux Canadiens ont modifié leurs plans de voyage pour éviter les États-Unis, depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Trump. Au moins une institution — l’Université de Montréal — a publié une note à l’intention du personnel et des étudiants sur les mesures à prendre à la frontière états-unienne, incluant le fait de laisser les données sensibles de recherche à la maison et de s’enregistrer auprès de l’université de manière volontaire avant le départ.

« C’est une tendance que l’on a déjà observée ces dernières semaines, plusieurs médias ont rapporté que des personnes avaient des difficultés à la frontière, qu’on leur demandait de plus en plus de divulguer des informations personnelles, d’ouvrir leurs ordinateurs ou téléphones… on sait aussi que certaines personnes ont été détenues », poursuit Frédéric Dimanche.

 

Un avertissement sous-jacent

« En résumé, il s’agit d’un avertissement aux voyageurs canadiens : les agents frontaliers états-uniens sont plus vigilants et vont être plus rigoureux, et en conséquence, nous devons être prêts. »

Le dernier avis recommande également aux voyageurs de toujours porter une preuve de leur statut légal aux États-Unis. « Les autorités peuvent demander une preuve du statut légal aux États-Unis à tout moment. Soyez prêt à présenter une preuve de votre présence légale dans le pays », peut-on lire.

On demande aussi aux Canadiens de prendre connaissance des nouvelles instructions, en vigueur depuis février 2025, concernant les demandes de visa. Les Canadiens peuvent généralement rester jusqu’à six mois aux États-Unis sans visa, mais certaines exceptions existent.