THE CANADIAN PRESS/Christinne Muschi

Ottawa impose l’arbitrage obligatoire et force la reprise du travail chez Air Canada

La ministre de l’Emploi Patty Hajdu a déclaré que la grève avait déjà causé des « préjudices importants » et entraîné des répercussions négatives sur l’économie canadienne.


Moins de 12 heures après le début du conflit, le gouvernement fédéral a ordonné samedi à Air Canada et à ses agents de bord de se soumettre à un arbitrage obligatoire, mettant un terme abrupt à la grève et au lock-out qui avaient cloué les avions au sol et laissé des milliers de Canadiens chercher un autre moyen de rentrer chez eux.

Le syndicat représentant plus de 10 000 agents de bord d’Air Canada avait annoncé que ses membres quittaient leur poste après avoir échoué à conclure une entente de dernière minute avec la compagnie aérienne. La grève a officiellement débuté peu avant 1 h (HE) samedi, et environ 30 minutes plus tard, Air Canada a riposté en mettant ses agents en lock-out en raison du débrayage.

La ministre du Travail, Patty Hajdu, a annoncé peu après midi qu’elle était intervenue à contrecœur, ordonnant un arbitrage obligatoire et la reprise des opérations, invoquant l’impact sur les Canadiens et l’économie.

 

Au moins cinq jours avant une reprise

« Air Canada a indiqué qu’il pourrait falloir de cinq à dix jours pour un retour complet à la normale, et je crois que c’est à Air Canada de préciser, compte tenu de la complexité de ses opérations, ce qui doit être mis en place pour une reprise totale des services », a déclaré Mme Hajdu lors d’une conférence de presse à Ottawa.

Des vols d’Air Canada et d’Air Canada Rouge ont été annulés pendant l’arrêt de travail, ce qui a touché environ 130 000 clients chaque jour de grève, selon la compagnie. Les vols d’Air Canada Express, opérés par les transporteurs tiers Jazz et PAL, n’ont pas été affectés.

Des lignes de piquetage ont été entamées dans les aéroports de tout le pays, y compris à Montréal, Toronto, Calgary et Vancouver, a indiqué la section Air Canada du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP).

 

Les syndiqués outrés

En apprenant l’intervention fédérale, les piqueteurs de Toronto se sont mis à scander « Patty Hajdu, honte à toi! ».

Air Canada avait auparavant demandé à Mme Hajdu d’ordonner aux parties de se soumettre à un arbitrage obligatoire — un pouvoir que lui confère l’article 107 du Code canadien du travail. La ministre avait jusque-là résisté à intervenir, mais elle a finalement agi samedi, constatant l’impasse.

La ministre a indiqué que le syndicat reconnaissait que nombre de ses revendications avaient été satisfaites, mais qu’un arbitre devrait trancher les derniers points en litige.

Mme Hajdu avait demandé au syndicat de répondre à la requête de l’entreprise. Le SCFP avait indiqué vendredi qu’il s’opposait à l’arbitrage, préférant résoudre l’impasse à la table des négociations, une position réaffirmée samedi.

Toutefois, le syndicat avait laissé entendre tout au long de la semaine que l’intervention gouvernementale était prévisible.

Le SCFP a accusé Air Canada de refuser de négocier de bonne foi « en raison de la probabilité que le gouvernement fédéral invoque l’article 107 du Code canadien du travail pour interférer dans les négociations et imposer une convention collective par l’entremise d’un arbitre externe ».

« La meilleure entente se négocie à la table… Je comprends, le comité de négociation et nos membres comprennent les conditions de travail actuelles », a déclaré samedi Wesley Lesosky, président de la section Air Canada du SCFP.

« Négociez. Réglez ça. Affrontez vos différends à la table, pas devant les travailleurs, et revenez avec une entente dont ils pourront être fiers et avec laquelle la compagnie pourra vivre. »

 

Points de blocage

Le syndicat affirme que ses principaux points de blocage concernent des salaires qui n’ont pas suivi l’inflation durant la précédente convention de 10 ans, ainsi que du travail non rémunéré lorsque les avions sont au sol.

« Ce que nous demandons n’est pas déraisonnable. Ce n’est pas excessif. Ce n’est pas loin des comparables comme Air Transat, c’est réaliste et c’est mérité. Nous sommes le transporteur national et nous avons des employés qui vivent dans la pauvreté », a souligné M. Lesosky.

« La compagnie doit être prête à s’attaquer à ces enjeux. On ne peut pas maintenir le statu quo et dire que 8 % c’est suffisant, 10 % c’est suffisant — ça ne l’est pas. »

 

Air Canada défend sa position

Air Canada a indiqué que sa dernière proposition comprenait une augmentation de 38 % de la rémunération totale sur quatre ans, y compris une nouvelle disposition sur le salaire au sol, « une première au Canada ».

La proposition offrirait « des améliorations significatives » aux avantages sociaux et aux régimes de retraite, une augmentation des congés payés et des mesures visant à répondre aux préoccupations syndicales sur le repos et l’équilibre travail-vie personnelle, a précisé la compagnie.

« Cela ferait des agents de bord d’Air Canada les mieux rémunérés au Canada », a déclaré l’entreprise, ajoutant que ses équipages de cabine gagnent déjà jusqu’à 17 $ de plus de l’heure que leurs homologues chez le plus grand concurrent national d’Air Canada.

Plus de détails à suivre.