La gravité appréhendée de l’ouragan est telle que le maire de Tampa a dit à ses concitoyens d’évacuer la ville « s’ils ne voulaient pas mourir ».

L’ouragan Milton s’est légèrement affaibli mardi, mais il reste une tempête féroce qui pourrait frapper directement la région densément peuplée de Tampa Bay.

Presque toute la côte ouest de la Floride était sous alerte d’ouragan ou de tempête tropicale alors que la tempête, avec des vents de 230 km/h, tournoyait près de la péninsule du Yucatán au Mexique, avançant vers l’État floridien à 19 km/h et puisant son l’énergie dans les eaux chaudes du golfe du Mexique.

Le centre de Milton pourrait toucher terre mercredi soir dans la région de Tampa Bay, où vivent plus de 3,3 millions de personnes. Le comté où se trouve Tampa a ordonné l’évacuation des zones proches de la baie et de toutes les maisons mobiles et préfabriquées d’ici mardi soir.

Les responsables floridiens de la sécurité s’affairent présentement à retirer les débris causés par l’ouragan Helene pour éviter qu’ils ne deviennent des projectiles lorsque Milton frappera. Plus de 300 camions-bennes sont déployés jour et nuit et ont déjà emporté 1200 chargements de débris.

De catégorie 5 à 4

Mardi matin, le Centre national des ouragans a rétrogradé Milton en catégorie 4, mais les prévisionnistes ont averti qu’il représentait toujours « une menace extrêmement sérieuse pour la Floride ». Milton s’était rapidement intensifié lundi, devenant un ouragan de catégorie 5 avec des vents soutenus de 285 km/h avant d’être rétrogradé.

Les prévisionnistes ont averti que Milton pourrait provoquer une montée des eaux de 3 à 4,5 mètres dans la baie de Tampa, entraînant des ordres d’évacuation pour les communautés côtières tout au long de la côte du Golfe. En Floride, ceux qui restent sont donc livrés à eux-mêmes, et les secouristes ne sont pas censés risquer leur vie pour les sauver au plus fort de la tempête.

Milton devrait rester un ouragan extrêmement dangereux lors de son arrivée sur terre et pendant qu’il traversera la Floride centrale vers l’océan Atlantique, avec des précipitations pouvant atteindre 45 cm, selon le centre des ouragans. Des parties de la côte est de l’État ont été placées sous alerte d’ouragan et de tempête tropicale mardi matin.

Ce parcours épargnerait en grande partie les autres États ravagés par Helene, qui a fait au moins 230 morts sur son passage, de la Floride aux Appalaches.

Les traces d’Helene encore bien fraîches

Tampa Bay n’a pas été frappée directement par un ouragan majeur depuis 1921, et les autorités craignent que la chance ne soit sur le point de tourner.

La région de Tampa Bay se remet encore des ravages causés par l’ouragan Helene et sa puissante marée de tempête — un mur d’eau de 2,4 mètres qu’il a créé même si son œil était à 160 kilomètres au large. Douze personnes y sont mortes, les pires dégâts se situant le long d’une chaîne d’îles-barrières, de St. Petersburg à Clearwater.

Des retardataires ont posé problème lors d’Helene et de l’ouragan Ian en 2022. Des résidents n’ont pas tenu compte des avertissements, affirmant qu’ils avaient évacué lors de tempêtes précédentes sans que les vagues de tempête ne se matérialisent. Mais lundi, bien des gens partaient déjà avant l’arrivée de Milton.

Un flux constant de véhicules se dirigeait aussi vers le nord en direction de la Floride Panhandle, sur l’Interstate 75, les résidents suivant les ordres d’évacuation. La circulation encombrait les voies en direction du sud sur l’autoroute pendant des kilomètres, d’autres résidents se dirigeant vers la sécurité relative de Fort Lauderdale et Miami de l’autre côté de l’État.

Fort Myers, ville-fantôme

À environ 240 kilomètres au sud de Tampa, Fort Myers Beach était presque une ville fantôme lundi après-midi alors qu’un ordre d’évacuation entrait en vigueur.

Ian a dévasté cette communauté de 5 000 habitants il y a deux ans, sa montée des eaux de 4,5 mètres détruisant ou endommageant gravement 400 maisons et entreprises. Quatorze personnes y sont mortes alors qu’elles tentaient de survivre à la tempête, et des dizaines ont dû être secourues.

Lundi, les rares résidents présents se dépêchaient de protéger leurs bâtiments et biens. Aucun n’a dit qu’il resterait.