#JesuisAgentdeVoyages
23 mars 2020 – Vous êtes nombreux à avoir des choses à dire, à avoir besoin d’extérioriser, alors nous vous donnons la parole. Vous pouvez nous envoyer votre témoignage écrit, podcast ou vidéo pour partager votre quotidien, votre défi du jour ou votre bon coup avec d’autres professionnels. Nous publierons quotidiennement l’un de vos messages dans notre infolettre du jour.
Aujourd’hui, Joannie Thomassin, conseillère en voyage chez Groupe Voyage Exotique. Si vous aussi, vous souhaitez partager avec l’industrie votre quotidien, consultez la page ICI pour les détails.
Dans sa lettre ouverte, Joannie, place le voyage comme un pôle de dépenses non prioritaire en cas de crise ou de récession. Ce point de vue se défend et il est vrai que tous les clients n’auront pas tous le même budget pour voyager, certain ne l’auront plus du tout, d’autres en auront davantage car ils voudront se faire plaisir après cette période sombre.
LETTRE OUVERTE DU 23 MARS 2020 PAR JOANNIE THOMASSIN
” Durant mon break de 2 jours complets, (samedi et dimanche car tous mes clients étaient finalement rentrés au pays) où j’ai juste décidé de LÂCHER PRISE, j’ai finalement pris le temps de réfléchir.
Nous nous sentons tous tellement impuissants devant la situation actuelle que j’en perds mes points de repères.
Ceux qui me connaissent savent très bien que je n’aime pas me faire dicter dans la vie et que j’ai toujours suivi mon instinct mais là, c’est différent, c’est quelqu’un d’autre qui décide pour moi. Ma vraie peur dans tout ça c’est notre économie. J’ai vraiment peur. Car le pire s’en vient et la moitié de la population n’en est pas encore consciente. On parle ici de services et de produits non essentiels. Je vous dirais que je n’ai jamais autant compris cette notion dans ma vie que maintenant. Je suis moi-même un service essentiel en tant que conseillère en voyages, pour un produit non essentiel qui est le voyage.
QUELLE PLACE AURA LE VOYAGE DANS LA LISTE DES PRODUITS/SERVICES NON ESSENTIELS?
Le portefeuille des Québécois va s’appauvrir considérablement au cours des prochains mois et je comprends de plus en plus que le voyage est l’un des produits non essentiels qui reprendra son souffle en dernier.
Je participe moi-même au roulement économique de produits et services non essentiels tel que les salons de beauté offrant les services de coiffures, manucures, épilations, pose d’extensions de cils, bronzage en cabines. La restauration et les produits gastronomiques hauts de gamme, services de femme de ménage, divertissements tels que le cinéma ou encore le casino, les sports onéreux tel que le golf et pour finir les voyages (sachez que j’en passe aussi).
Malgré toutes les mesures annoncées par les gouvernements pour soutenir la population et les entreprises, plusieurs ne s’en sortiront pas ou de justesse. Que pensez-vous que les gens vont faire quand l’économie va finalement reprendre? Surement pas acheter un voyage en premier! Car moi-même je sais déjà ce que je ferai! Je vais partir un bon matin, aller me faire teindre la repousse chez ma coiffeuse, pour ensuite en après-midi aller jouer une belle ronde de golf et pour finir le tout, je vais me payer un bon resto avec un bon verre de vin voilà! Je peux vous jurer que je serai encore loin de penser à dégager un fond monétaire pour partir en voyage. Cet exemple pour vous faire comprendre que le voyage passera probablement en dernier dans les services/produits non essentiels dont la population va penser, quand leur portefeuille commencera à se sentir légèrement plus à l’aise.
MOINS DE VOYAGES INTERNATIONAUX APRÈS LA CRISE?
De plus, avec l’annonce et la promotion que tout le monde fait pour encourager local (et j’en fais partie), le voyage international sera très peu valorisé dans les prochains mois.
Par la suite, quand les vols reprendront, ce sera très graduel et en étroite convergence avec les pays qui auront réouvert leurs frontières et leurs hôtels. Peu d’inventaires pour un tas de clients qui veulent utiliser leur crédit-voyages. Beau tableau de hausse de prix en perspective.
Et nous les conseillers que ferons-nous?
Probablement suggérer à nos clients d’attendre avant d’utiliser leur crédit car les prix seront trop élevés. Ce qui veut dire que nous allons peut-être reporter de 24 mois la rentrée d’argent que nous avons perdu en mars 2020. Tout ce que je veux dire dans le fond c’est que nous avons été pris en otage bien malgré nous et que la crise la plus dure sera celle qui touchera notre économie.
Les temps seront durs, très durs. Il n’est pas trop tôt pour voir le portrait qui se dessine à l’horizon. Oui l’industrie du tourisme va reprendre c’est certain, mais encore faut-il que la population ait les fonds pour participer à cette relance. Serrons-nous les coudes dès maintenant en partageant notre vision et nos réalités quotidiennes.”
Auteur: Joannie Thomassin Conseillère et passionnée de voyages