Politique de sélection des sièges d’Air Canada : « on reprendra au moment opportun »

Dévoilé la semaine dernière, le retrait de la présélection gratuite de sièges a été rapidement suspendu « pour des raisons opérationnelles ». Mais ce ne serait que partie remise.


Comme nous le soulignions lundi dernier, Air Canada a mis sur pause sa nouvelle politique de sélection de sièges, à peine deux jours après sa mise en œuvre.

Pendant des années, les clients d’Air Canada qui se procuraient un billet d’avion à un tarif économique ont pu changer le siège qui leur était automatiquement attribué lors de l’enregistrement, et ce gratuitement.

Le mois dernier, les conseillers en voyages ont cependant reçu un avis de la compagnie aérienne selon lequel les passagers des classes de sièges inférieures qui n’avaient pas acheté de siège à l’avance devraient payer des frais s’ils voulaient changer leur place désignée automatiquement – en ligne ou en personne – avant l’embarquement, et ce à compter du 24 avril.

 

Des passagers frustrés

Ce faisant, le transporteur a suscité la grogne de bien des voyageurs. Sur les réseaux sociaux, certains affirment avoir été pris au dépourvu et n’avoir reçu aucune notification préalable de la part d’Air Canada.

« Je pense que c’est insensé que les compagnies aériennes facturent chaque cent, comme elles l’ont fait avec les bagages et maintenant avec les sièges; quelle sera la suite? », de pester un passager, Tommy Chan.

Le transporteur déclare que deux jours après la mise en place de ces frais, qui peuvent dépasser 50 dollars, il a suspendu sa nouvelle politique. Mais il ne prévoit pas l’annuler complètement.

 

Un sursis?

« Avec le peu de temps pendant lequel la politique modifiée était en place, il y a eu très peu de retours de la part des clients, assure Peter Fitzpatrick, porte-parole du transporteur. La décision de la mettre sur pause était basée sur nos propres considérations opérationnelles. »

« Cette pause nous permettra de mieux soutenir nos employés afin d’assurer un déploiement en douceur à l’avenir, ce qui profitera finalement à nos clients, ajoute le porte-parole. Nous annoncerons les prochaines étapes … au moment opportun. »

 

La dépendance aux frais accessoires

La suspension temporaire de cette politique marque le dernier exemple de la dépendance croissante des compagnies aériennes aux frais accessoires pour des services autrefois regroupés, allant des bagages enregistrés aux collations à bord et à l’accès Wi-Fi.

En 2022, Air Canada a encaissé près de 2 milliards de dollars de revenus en frais accessoires, soit une augmentation de près de 50 % par rapport à cinq ans auparavant, selon la société de conseil en aviation IdeaWorksCompany.

La part de cette catégorie de revenus dans le chiffre d’affaires total de l’entreprise est ainsi passée à plus de 15 % contre moins de 11 % au cours de la même période de cinq ans.

 

Des pratiques semblables ailleurs

En avril, WestJet a introduit une nouvelle catégorie de service, « Confort étendu », où les passagers en classe économique peuvent payer pour un espace supplémentaire pour les jambes, un accès anticipé aux compartiments à bagages et une boisson alcoolisée gratuite.

La plupart des compagnies aériennes facturent des frais aux clients avec des billets de catégorie inférieure pour sélectionner leurs sièges à l’avance. Mais les frais à venir d’Air Canada s’appliquent aux passagers ayant un tarif « économique de base » ou « standard » qui choisissent de changer les sièges qui leur ont été attribués automatiquement lors de l’enregistrement, peu de temps avant le départ de leur avion.

D’autres compagnies aériennes, comme les transporteurs à bas tarifs Spirit Airlines et Flair Airlines, ont des politiques similaires. United Airlines facture déjà des frais aux clients de la catégorie « économique de base » qui veulent sélectionner un siège lors de l’enregistrement. S’ils choisissent de ne pas le faire, aucun siège ne leur est attribué jusqu’à ce qu’ils atteignent la porte.

 

Des passagers largués

« Ces attributions de porte signifient que si le vol est surréservé, ces personnes sont les plus susceptibles de se voir refuser l’embarquement, explique Richard Vanderlubbe, directeur de l’agence Tripcentral.ca. Au moins, Air Canada ne fait pas ça. »

« Je comprends la logique de la politique, poursuit-il. Les compagnies aériennes régulières sont en concurrence avec les transporteurs à bas tarifs sur les sièges avec tarifs de base. »

Ceux qui achètent l’un des billets de catégorie supérieure bénéficient d’une sélection de sièges gratuite, même si c’est plus cher.

Air Canada a enfin tenu à rappeler que tous les clients voyageant avec des enfants se verront attribuer des sièges ensemble et ce, gratuitement.