[Lotbinière] Fest Deiz & patrimoine

Franck Laboue
L’aventurier épicurien
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Manger des crêpes comme en Bretagne dans le décor champêtre d’un village québécois ? C’est possible et c’est en Lotbinière que ça se déroule ! L’un de mes plus grands plaisirs dans la région de Québec est de sillonner inlassablement les superbes villages patrimoniaux éparpillés le long du Saint-Laurent. Une richesse souvent insoupçonnée à quelques encablures de la capitale. Ma passion pour l’histoire et la Nouvelle-France m’entraîne à la découverte d’endroits fabuleux. Saint-Antoine de Tilly fait partie de ceux-ci. Double plaisir personnel avec la présence d’une crêperie réputée, de quoi faire rapidement fondre mon cœur de Breton. Le dimanche 21 mai dernier s’y déroulait la 5ème édition du “Fest Deiz”, une fête sur le thème de la Bretagne mettant en valeur les artisans et producteurs locaux. Comment résister à l’attrait d’un bel événement ayant le cadre enchanteur de Saint-Antoine ? Partons ensemble en Lotbinière, à la découverte d’un patrimoine conséquent et de bons produits de chez nous.

SAINT-ANTOINE DE TILLY : UN VILLAGE CLASSÉ

C’est sur la route 132 que je me dirige, non pas vers Kamouraska mais bien en Lotbinière. Sur la rive-sud de Québec, prendre ce morceau de route longeant le fleuve, c’est arpenter l’un des plus beau morceau d’asphalte de Chaudière-Appalaches. Seuls 25 petits kilomètres me séparent de Saint-Antoine. Et pourtant, le dépaysement est immédiat. À peine ai-je quitté les ponts de Québec que la beauté rurale de Lotbinière m’absorbe. Ici, les terres agricoles abondent. Sans jamais quitter le fleuve des yeux se succèdent devant moi champs, vergers et vignes. Saupoudrées le long de la falaise, les maisons ancestrales et leur toit tantôt vert, tantôt rouge s’enchaînent avec majesté.

Arrive alors le petit village. Seule la silhouette de son clocher me permet de l’apercevoir. Une allée de majestueuses demeures fleuries accueillent le visiteur. Je me trouve alors à arpenter plus de 300 ans d’histoire. À Saint-Antoine, vous êtes dans un village classé au club très sélect des “Plus beaux villages du Québec”. Une place qui n’est pas volée, tant la petite ville a su conserver son charme et son patrimoine. C’est l’une des plus ancienne paroisse de toute la rive-sud que touche mon regard. Érigée en 1702, son nom célèbre Saint-Antoine de Padoue. Et Tilly alors ? Il rappelle le nom de la seigneurie qui fut d’abord celle de Villieu en 1672, puis ensuite vendue à Pierre-Noel de Tilly en 1700.

En remontant le chemin qui me sépare du cœur du village, je croise le somptueux “Manoir de Tilly”. Paré de fleurs, il constitue l’une des pièces maîtresses du village et donne des envies d’escapade “couette-café” en Lotbinière. C’est en tout trois manoirs seigneuriaux que l’on peut apprécier à Saint-Antoine. Sur la place centrale trône l’église. Sous ses airs quelconques, elle renferme un décor fabuleux où tableaux réputés et artefacts religieux m’ont laissé pantois. En face de l’église, c’est l’incontournable “Maison Normand” et ses couleurs vives qui m’attire. Ancien magasin général, la bâtisse et ses airs “hitchcockiens” donne un air de majesté au village. Passé l’entrée du cimetière, ne manquez pas la partie basse du village autrement appelée “Les Fonds de Saint-Antoine”. Une fois en bas de la falaise, une succession de belles demeures s’alignent en face des herbes grasses et du fleuve. Une promenade majestueuse où l’on peut y apprécier le ballet des navires et des oiseaux migrateurs.

FEST DEIZ 2017 : 5ÈME ÉDITION

L’évocation d’un festival breton n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd. Le Finistérien de naissance que je suis ne pouvait pas passer à côté de cette occasion de célébrer sa culture d’origine. Il règne une animation toute particulière sur la place de Saint-Antoine, de celles qui réchauffent les âmes avec le vent frais qui s’abattait ce dimanche. Une ambiance printanière et agréable qui invite à sortir et profiter du village d’une autre manière. Un petit chapiteau entouré de ballots de foin donnent un air champêtre à la fête. Une succession de kiosques offrent l’occasion aux visiteurs de déguster les produits de la région. Il faut se l’avouer, l’appel du ventre est fort lorsqu’on se rend en Lotbinière.

La région est réputée pour ses fromageries, boucheries et surtout ses célèbres vergers. D’ailleurs, n’y a-t-il rien de mieux qu’un bon verre de cidre pour accompagner une crêpe bretonne ? La renommée cidrerie Saint-Antoine était présente avec son cidre mousseux et ses cidres de glace prisés. La célèbre fromagerie Bergeron était aussi de la fête. En tout, c’est une douzaine de kiosques agroalimentaires qui régalaient les papilles des participants, sans oublier la présence des artisans locaux et notamment leurs tissages de qualité.

 


Et la Bretagne dans tout ça ? Elle était dans les bouches, les oreilles et rétines de tous les visiteurs ! Installée depuis 14 ans dans une belle demeure ancestrale, la crêperie “Du côté de chez Swann” est instigatrice de l’événement. Le temps d’une crêpe, installé sur la terrasse du restaurant avec un refrain de “Bignou” dans l’air, je me serais presque pensé de retour en terre bretonne. C’est la magie que peut procurer une simple crêpe sur un expatrié breton. En sifflotant la mélodie de la nostalgique chanson de “Dave” que me rappelle l’enseigne, un frisson me traverse. En pénétrant dans le restaurant, les douces effluves de beurre salé se faufilent directement dans mon nez pour s’engouffrer dans mon système nerveux. Pari réussi pour cette belle crêperie qui contrairement à d’autres enseignes conserve son identité bretonne.

Un petit kiosque en bois rongé par la mousse jouxte le restaurant. Ici, la file ne désemplit pas. Les “Biligs” sont de sortie et les crêpes à emporter s’enchaînent. Petits et grands se régalent dans tout le village ,une crêpe au sucre d’érable à la main, la petite touche québécoise qui parfait le tout. Les enfants, eux, sont aux anges. Une crêpe au chocolat dans la bouche, ils apprécient la musique installés sur les ballots de foin. Il faut dire que le spectacle en vaut la peine. Dans l’après-midi, c’est un atelier de danse bretonne qui occupe le chapiteau. Les visiteurs prennent plaisir à apprendre les pas de danse qui animaient mes étés d’enfance en Bretagne. Bonne ambiance et bonne humeur aussi lorsqu’arrivent les colorés joueurs de cornemuse du groupe “Les Promeneux”. Les airs classiques de Bretagne imposent leurs sonorités celtes à tout le village pour mon plus grand plaisir et celui de tous les amateurs de musique celtique réunis. Il est déjà temps pour moi de partir, mais pas sans une part de “Kouingn Amann“, histoire de bien parachever la grande fête bretonne.

VERDICT DU CHRONIQUEUR

Avec son patrimoine ancestral et ses vues sur le fleuve, Saint-Antoine mérite sa réputation. Joyau de Lotbinière, elle est entourée de producteurs locaux réputés et célébrés. Si proche et si éloignée de Québec, elle est l’occasion d’une table réputée, d’une nuit en auberge accueillante et d’une belle excursion sur les bords du fleuve. On ne saurait pas assez parler d’événements locaux comme le “Fest Deiz”, un rendez-vous familial et patrimonial unique en collaboration avec les fermiers et producteurs locaux. Un événement qui permet d’apprécier l’immense patrimoine culturel et artisanal de nos régions. De mon bord, j’espère recroiser Michèle et ses crêpes, elle qui est souvent présente sur les festivals et dans de nombreux kiosques saisonniers. Un événement breton et québécois à ne pas manquer dans un village à découvrir en Lotbinière.

 

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