À l’aube d’une nouvelle saison automne-hiver et du 10e Gala Uni-Vers, nous avons tâté le pouls de l’industrie avec le président de l’Association de Agents de Voyages du Québec.
- Quels sont les dossiers sur lesquels travaille l’AAVQ pour la rentrée?
Outre les enjeux habituels relatifs aux taxes et aux parties non commissionables des tarifs de certains transporteurs et voyagistes – qui sont toujours une épine dans le pied des conseillers –, l’un des dossiers qui nous préoccupe est celui de la relève. Ces dernières années, on constate en effet qu’il y a moins de jeunes qui sont intéressés à travailler dans l’industrie du voyage.
De 2010 à 2019, nous sommes passés de 6500 conseillers à 11 000, au Québec, avec un chiffres d’affaires « FICAVable » (relatif aux ventes assujetties au FICAV, donc d’une agence au consommateur uniquement) qui a grimpé de 2,5 milliards $ à 4,5 milliards $.
Après le creux de la pandémie, nous sommes revenus à 4,5 milliards $ en décembre dernier. Mais pour gérer toutes ces ventes, il nous faut de la main d’œuvre; or, les cohortes d’étudiants sont désormais moins grosses dans les écoles de formation professionnelles, et plusieurs recrues abandonnent en début de carrière.
La question de la relève est d’ailleurs l’un des dossiers sur lesquels notre Comité de professionnalisation se penchera, dès cet automne. À ce sujet, celui-ci vient d’être repris par Geneviève Poirier, membre de notre conseil d’administration, puisque Éric Boissonneault, notre vice-président, n’avait plus le temps de s’en occuper comme il le voulait.
- Comment se porte l’agent de voyages québécois, par les temps qui courent?
Somme toute, ça va bien : les dernières années ont été plutôt correctes, après la pandémie. Celle-ci a d’ailleurs permis de faire une sorte de « ménage » dans l’industrie. Certains agents ont devancé leur retraite, d’autres qui ne voulaient pas s’adapter aux nouveaux outils et aux nouvelles réalités sont partis. Les opérations des agences ont été consolidées, les agents qui sont restés sont plus efficaces.
En outre, les points de vente des agences ont beaucoup diminué : de 1200 qu’ils étaient en 2010, ils sont passés à 1000 en 2019 et à 750 de nos jours. Pour les propriétaires d’agences, ça implique donc moins de coûts, moins de gestion, moins de tracas.
- Vous qui avez déjà été propriétaire d’une entreprise informatique, croyez-vous que la montée en puissance de l’Intelligence Artificielle (IA) représente un défi ou un outil pour l’agent de voyages?
À court et à moyen terme, je ne vois pas l’agent de voyages être remplacé par l’IA. L’expérience qu’on recherche en voyage diffère d’un séjour à l’autre et d’un client à l’autre, et elle est basée sur le vécu du consommateur et de son passé de voyageur. L’IA ne peut pas conseiller un client et remplacer l’agent à ce niveau, contrairement à un médecin, par exemple, dont le diagnostic peut être émis par un programme d’IA : t’as mal ici, t’as une bosse là, c’est très cartésien, très mathématique comme raisonnement.
Je vois donc plus l’IA comme un outil qui aide l’agent à être plus performant dans son travail, comme créer une brochure, monter un site Web, décrire un produit… Demander à ChatGPT la liste des attraits incontournables ou un itinéraire à Dubrovnik est plus rapide que de chercher l’information sur le Web et de faire un copier-coller.
Le gros de notre marché est une question de volume et d’efficacité, et à ce niveau, c’est très pratique d’avoir un outil comme l’IA. Dans notre métier où il faut toujours se montrer plus productif pour maintenir notre niveau de revenu, l’IA est donc un avantage.
- Depuis le « revenge travel », l’industrie du voyage se porte fort bien. Mais avez-vous des inquiétudes pour la prochaine saison?
S’il y a quelque chose dont on est sûr, quand on œuvre dans cette industrie, c’est qu’il y a toujours des inquiétudes à avoir, des imprévus qui viennent tout bousculer : la pandémie bien sûr, mais aussi le SRAS, les conflits, le prix du pétrole…
Après le boum du revenge travel l’an passé, les prix ont beaucoup augmenté cette année. Mais ils sont demeurés élevés même si la demande est moins forte depuis le mois de mai. C’est comme si certains transporteurs et voyagistes espéraient voir revenir la demande au même niveau en maintenant les mêmes tarifs.
On risque donc d’être bientôt confrontés à un retour à la tendance aux ventes à la dernière minute, comme avant la pandémie. Non seulement ça créerait un stress chez les agents de voyages, qui sont sur la ligne de front devant les clients, mais ça entraîne aussi un effet pervers chez ceux qui ont acheté un vol ou un forfait à l’avance à un prix plus élevé, et qui seront frustrés de voir le même forfait vendu à rabais à la dernière minute.
Les transporteurs et les voyagistes pourraient envisager une politique d’équivalence de prix en cas de rabais de dernière minute, pour que les consommateurs qui ont acheté à l’avance ne se sentent pas lésés. Sinon, ça envoie un mauvais signal, celui qu’il vaut mieux attendre à la dernière minute avant de réserver.
- Le prochain Gala Uni-Vers s’en vient, et vous en serez à la 10e édition. Que représente cet anniversaire-charnière, pour vous et pour l’industrie?
Ce sera un événement très spécial, qui est à guichet fermé (mais il y a une liste d’attente en cas d’annulation), et ce même si nous avons fait passer la capacité de 200 à 350 personnes en changeant de salle. Bien que nous ayons beaucoup apprécié le théâtre Paradoxe, la nouvelle salle est plus récente, plus moderne et dotée de plus de possibilités technologiques, ce qui nous permettra de présenter des spectacles plus poussés – dont quelques surprises. Nous avons mis le paquet!
Pour les votes dans les différentes catégories de reconnaissances, nous avons par ailleurs fourni une liste pré-établie de candidats aux membres votants, pour leur faciliter la tâche.
Notre conseil d’administration a aussi en mains une « short list » pour choisir le prochain membre de l’industrie qui sera intronisé dans la Galerie d’Honneur Transat. Mais celle-ci ne sera pas rendue publique, il va falloir être patient et attendre jusqu’au Gala pour savoir de qui il s’agit!
J’invite enfin tous les membres de l’industrie qui seront présents au Gala à se mettre sur leur 36 lors de cette soirée. L’engouement est là, ça promet d’être un très bel événement!