Dans le cadre du récent GX, le sommet annuel de G Adventures, notre collaboratrice a rencontré le maître à penser de ce voyagiste. Compte-rendu.
Alors que s’achevait récemment le sommet GX de G Adventures en Jordanie, le fondateur de ce voyagiste, Bruce Poon Tip, revient sur le 35ᵉ anniversaire de son entreprise, du renouvellement du partenariat avec National Geographic, mais aussi de ses projets personnels pour se ressourcer après le GX 2025, avant le lancement de la préparation du GX 2026 au Maroc.
Profession Voyages : Joyeux anniversaire! Faites-vous quelque chose de spécial, personnellement, pour célébrer cet événement?
Bruce Poon Tip : Non, et je suppose que je devrais, en fait. Nous sommes tellement concentrés sur le GX, qui est une sorte de marathon sur un an, pour tout préparer. Il y a tellement d’enthousiasme autour de cet événement, et tant d’engagements que nous avons pris envers le gouvernement et la population ici, en Jordanie.
PV : Pourquoi le GX est-il si important pour vous ?
BPT : Parce qu’il réunit toutes nos communautés afin de célébrer ce que nous appelons notre « communauté de communautés ». Nous avons créé neuf volets qui représentent tous ceux qui contribuent au succès de notre marque. … Le tourisme communautaire est au cœur de notre mission, depuis les produits que nous offrons sur le terrain jusqu’aux communautés locales qui en bénéficient.
PV : L’un de ces volets s’appelle les Changemakers; qu’est-ce que c’est?
BPT : Ce sont les agents de voyages. Nous en avons plus de 100, un peu partout dans le monde entier, qui vendent nos programmes. Mais ils sont aussi profondément engagés à apprendre et à contribuer à faire du tourisme une industrie porteuse de transformation. Ils sont ici pour célébrer le tourisme communautaire, mais aussi pour approfondir leurs connaissances.
PV : Combien de temps faut-il pour choisir une destination GX?
BPT : Certaines destinations s’imposent d’elles-mêmes. Le Pérou [2022] et l’Inde [2024] étaient beaucoup plus simples : nous avons plus de 300 employés au Pérou et des centaines en Inde. La Jordanie, elle, a fait une proposition très ambitieuse pour accueillir le GX. Nous n’avons pas beaucoup d’opérations ici, mais je voulais que toute l’organisation soit prête, avec une année complète de préparation. Par exemple, avant le GX, G Adventures n’avait que deux projets communautaires en Jordanie. Aujourd’hui, il y en a vingt.
PV : Comme ce déjeuner traditionnel au sein de cette coopérative féminine, où nous nous trouvons présentement ?
BPT : Oui, c’est l’un de nos premiers projets. C’est extraordinaire de pouvoir mettre en valeur quelque chose que nous avons contribué à bâtir. Nous avons du personnel ici toute l’année, qui nous aide à repérer des communautés à intégrer dans la chaîne du tourisme. Il nous a fallu 18 mois pour concrétiser GX Jordanie.
PV : Comment faites-vous passer le message que voyage et politique ne vont pas toujours de pair?
BPT : Le plus grand problème aujourd’hui, c’est le surtourisme. Mais nous ne le constatons pas si nous parvenons à amener les voyageurs à découvrir d’autres magnifiques coins du monde, comme les pays « -stan », qui connaissent une croissance fulgurante pour nous : l’Ouzbékistan, le Kazakhstan, le Tadjikistan. Et la Jordanie aussi. Ces pays sont magnifiques, sûrs, et ont tant à offrir. C’est notre rôle d’éduquer l’industrie et les voyageurs sur tout ce qui est possible. C’est ce moment où l’on peut offrir des occasions de découvrir le monde autrement.
PV : Je pense aussi à notre manière de voyager, et à notre bien-être global.
BPT : Les gens disent souvent que « le voyage est la meilleure école de la vie ». Nous savons que c’est vrai. Mais on ne réalise pas toujours les bénéfices qu’il procure, la richesse qu’il apporte — et celle que l’on peut à son tour offrir à une communauté. Pendant des années, c’était une conversation à sens unique.
Notre mission, c’est de briser ces barrières, de faire comprendre que les bénéfices pour les communautés locales sont intrinsèquement liés à vos choix de vacances. Les gens achetaient des voyages dits « de luxe » — comptant les fils des draps, mangeant de la cuisine française ou du sushi où qu’ils soient, assistant à de grands spectacles ou faisant du surf intérieur. Et la destination, au final, n’avait plus d’importance. C’est la pire situation possible pour notre industrie : quand les voyageurs ne se soucient plus d’où ils vont, mais seulement des commodités offertes. D’une certaine manière, la pandémie a été bénéfique, car elle a redonné un sens au voyage.
PV : Vous avez parlé du luxe, et vous avez lancé Geluxe. Pensez-vous redéfinir le luxe ?
BPT : C’est le lancement le plus réussi en 35 ans. Nous avons voulu apporter le luxe au cœur des communautés — quelque chose que beaucoup croyaient impossible. C’est amusant : lorsque nous avons lancé Geluxe, certains ont dit que personne n’avait jamais eu cette idée, comme si c’était un coup de génie. En réalité, ce sont les données qui nous ont guidés : nos clients vieillissent, mais restent actifs. Ils aiment leur confort, et ils ne devraient pas avoir à le sacrifier pour vivre des expériences communautaires. C’était notre défi, et c’est une réussite exceptionnelle. Et nous avons lancé cette année Solo-ish, qui, à mon avis, dépassera Geluxe.
PV : Avez-vous maintenant eu le temps de réfléchir à une façon personnelle de célébrer vos 35 ans?
BPT : Je vais partir un mois à Barcelone, pour réfléchir. L’Espagne est l’un de mes endroits « bonheur ». Je veux déconnecter, passer du temps avec ma famille et laisser tout ça retomber. Le GX est extrêmement complexe pour moi, comme un interrupteur. Je suis « branché » GX à chaque année, et c’est très émouvant pour moi de voir toutes ces personnes, toute cette effervescence. Parfois, je me demande : « qu’est-ce que je fais ici? Et quelle sera la prochaine étape ? » Et c’est exactement ça, l’esprit GX. C’est un tournant.