Richard Fain ©Malena Vasquez Studio

Richard Fain, président du conseil du Royal Caribbean Group

Dans son livre récemment paru, l’ancien PDG du Royal Caribbean Group mêle avec humour anecdotes personnelles et récits fascinants sur les croisières. Entrevue exclusive.


Si vous avez toujours voulu savoir comment l’un des dirigeants les plus célèbres du monde des croisières a su propulser l’une des compagnies les plus connues vers de nouveaux sommets de popularité, voici votre chance.

Comme le dit Richard Fain, président du conseil du Royal Caribbean Group, dans son nouveau livre, tout repose sur le fameux effet « wow ».

Dans Delivering the WOW: Culture as Catalyst for Lasting Success, il livre son récit de capitaine sur la manière dont Royal Caribbean est devenue l’une des expériences de voyage les plus recherchées au monde.

Le nouveau livre de Richard Fain, président du groupe Royal Caribbean, est sorti le 21 octobre 2025.

 

Une culture d’entreprise unique

Par un récit simple et accessible, Richard Fain explore ce qui rend la culture d’entreprise du Royal Caribbean Group si unique. Il explique comment la priorité donnée au « wow » a mené à l’ère des méganavires, amorcée en 1988 avec le Sovereign of the Seas, jusqu’aux expériences à terre les plus récentes, comme la station insulaire privée Perfect Day at CocoCay, ou celle qu’on a récemment annoncé sur l’île de Santorin.

Richard Fain a été président-directeur général du Royal Caribbean Group de 1988 à 2022, avant de devenir président du conseil d’administration. Sous sa direction, la compagnie est passée d’une petite compagnie de croisières à l’une des entreprises de vacances les plus importantes et les plus prospères au monde.

Dans son livre, l’homme d’affaires raconte qu’il a découvert Royal Caribbean Cruise Lines au milieu des années 1970, à 28 ans, alors qu’il venait d’être embauché comme trésorier chez Gotaas-Larsen Shipping Corporation, copropriétaire de Royal Caribbean.

« Ce n’est qu’après quelques mois que j’ai découvert que Gotaas-Larsen possédait un tiers de cette petite mais florissante entreprise de croisières, écrit-il. Malheureusement, on m’a aussi dit que je n’aurais rien à voir avec la compagnie de croisières et que je devais me concentrer sur les problèmes du grand groupe maritime. Dommage! L’industrie des croisières me semblait passionnante, et j’étais déçu de ne pas pouvoir y participer. »

 

Guidé par le destin

Le destin en a décidé autrement. Rapidement, Richard Fain a dû gérer une demande jugée farfelue à l’époque : le fondateur et président de Royal Caribbean, Ed Stephan, voulait l’autorisation de couper en deux le Song of Norway (720 passagers) pour y insérer une nouvelle section médiane, portant la capacité du navire à 1 040 passagers.

À l’époque, Royal Caribbean ne comptait que trois navires. Aujourd’hui, ses derniers géants, comme le Legend of the Seas (5 610 passagers, à venir en juillet 2026), transportent plus de cinq fois ce nombre de passagers.

Richard Fain note que l’ajout d’une section de 26 mètres permettait d’augmenter la capacité (et les revenus) de 45 %, mais les coûts d’exploitation de seulement 20 %.

« En surface, son idée semblait complètement folle, mais financièrement, ce plan extravagant était une véritable œuvre d’art », écrit-il.

Conquis, Richard Fain rejoint le conseil d’administration de Royal Caribbean — et, avec son épouse, fait sa première croisière à bord de la compagnie (ils adorent).

Octobre 2025 – Le Legend of the Seas de Royal Caribbean est le tout dernier navire de croisière familial qui proposera des aventures estivales en Europe à partir de novembre 2026, avant ses grands débuts dans les Caraïbes au départ de Fort Lauderdale, en Floride.

 

Travailler à distance

En 1986, on lui propose le poste de président-directeur général. Il refuse d’abord : installé en Angleterre avec sa femme et leurs quatre enfants d’âge scolaire, il ne veut pas bouleverser la vie familiale. Un compromis est trouvé : il accepte finalement le poste en 1988, à temps partiel, tout en gardant ses fonctions chez Gotaas-Larsen et en faisant la navette entre Londres et Miami. Une prouesse qui illustre sa persévérance et sa rigueur.

Reconnu pour son leadership visionnaire, Richard Fain a été nommé trois années de suite parmi les 30 meilleurs PDG du monde par Barron’s, et a reçu le Ultimate CEO Award du South Florida Business Journal. Il est également Officier de la Légion d’honneur (France) et Commandeur de l’Ordre du Lion de Finlande. Aujourd’hui, il est grand-père de huit petits-enfants.

En janvier 2022, Richard Fain a quitté ses fonctions de PDG, tout en demeurant président du conseil. Le poste de chef de la direction a été confié à Jason Liberty. Le Royal Caribbean Group comprend les marques Royal Caribbean International, Celebrity Cruises et Silversea Cruises.

Delivering the WOW: Culture as Catalyst for Lasting Success combine anecdotes personnelles, récits d’entreprise captivants, conseils stratégiques (« Nous ne courions pas après le volume — nous bâtissions la valeur ») et photos d’époque, dont une impressionnante image du Song of Norway littéralement coupé en deux.

Notre collègue Kathryn Folliott, de Travelweek, a récemment interviewé Richard Fain. En voici les grandes lignes.

 

Entrevue exclusive

Profession Voyages/Travelweek : Que souhaitez-vous que les lecteurs retiennent de votre nouveau livre ?

Richard Fain : Le message principal du livre est la puissance d’une « culture du wow » pour galvaniser une organisation et produire des résultats transformationnels. Une culture n’est pas quelque chose d’inné, comme l’ADN; elle est le fruit d’un effort constant et déterminé.

PV/TW : L’industrie des croisières ne cesse d’évoluer. Selon vous, qu’est-ce qui assurera sa réussite à long terme ?

RF : Notre croissance repose sur une quête insatiable d’offrir toujours plus de choix et de meilleures expériences à nos invités. Ce ne sont pas quelques gadgets spectaculaires, mais un état d’esprit d’amélioration continue qui stimule à la fois l’excellence et l’innovation.

PV/TW : Y a-t-il une tendance actuelle dans les croisières qui vous inquiète?RF : En réalité, je pense que notre industrie a remarquablement bien su éviter les pièges qui ont nui à tant d’autres secteurs. L’engagement envers l’amélioration continue permet de détecter les problèmes quand ils sont encore mineurs et d’agir avant qu’ils ne s’amplifient.

PV/TW : Envisagez-vous une consolidation du secteur? Les compagnies peuvent-elles continuer à croître ainsi, ou y a-t-il une limite ?

RF : Quand j’ai commencé, certains pensaient déjà que nous atteignions un plafond. On disait : « les arbres ne poussent pas jusqu’au ciel », et que nos quatre navires suffisaient. J’ai entendu cette même question chaque année durant mes 33 ans comme PDG. Nous n’avons pas encore atteint cette limite!

PV/TW : Les innovations de RCG, comme la patinoire en mer, ont littéralement changé l’industrie de la croisière à jamais. À quoi ressemblaient les réunions internes à l’époque? Vous demandiez-vous parfois si vos idées étaient trop folles?

RF : Oui, souvent! Nous nous demandions aussi si elles étaient trop audacieuses pour être acceptées. Mais après réflexion, la vraie question devenait souvent : sont-elles assez folles? Le public veut du choix, de la nouveauté, des expériences excitantes. Nous ne perdons jamais à dépasser leurs attentes.

PV/TW : Quelles sont, selon vous, les meilleures pratiques des conseillers en voyages les plus performants?

RF : Les meilleurs conseillers sont toujours les plus passionnés et les mieux informés. Acheter une croisière est une décision importante et complexe pour la plupart des clients. Ceux qui prennent le temps d’apprendre et de s’investir réussissent toujours mieux.

PV/TW : Votre carrière est impressionnante. Avez-vous déjà envisagé un autre métier?

RF : J’ai eu le meilleur emploi du monde, entouré des gens les plus passionnés. J’y suis entré par pur hasard, mais une fois que j’ai compris à quel point cette industrie était formidable, je n’ai jamais voulu la quitter.

PV/TW : Enfin, pouvez-vous partager une ou deux croisières mémorables, et y a-t-il un itinéraire que vous rêvez encore de faire?

RF : Royal Caribbean offre près de 1 000 itinéraires différents et j’aimerais tous les faire! J’ai quatre enfants et huit petits-enfants extraordinaires. Je n’ai pas de préférés — je les aime tous également. Nous avons 68 navires, et je les aime tous pareillement. Cela dit, le meilleur aspect de toute croisière reste toujours le temps passé avec l’équipage, peu importe la destination.