Santorin secouée par une série de séismes

L’inquiétude prévaut dans la petite île grecque de Santorin, très prisée des touristes.


Ce lundi 3 février, les écoles ont été fermées et des équipes de secours ont été déployées sur l’île volcanique ç de Santorin, après une recrudescence de l’activité sismique, suscitant des inquiétudes quant à un éventuel séisme de grande ampleur. 

Des mesures de précaution ont également été mises en place sur plusieurs îles voisines de la mer Égée — toutes très prisées des vacanciers estivaux — après l’enregistrement de plus de 200 séismes sous-marins dans la région au cours des trois derniers jours. 

« Nous devons gérer un phénomène géologique très intense, a déclaré le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis depuis Bruxelles, où il assistait à une réunion européenne. Je demande avant tout à nos insulaires de rester calmes et d’écouter les instructions de la Protection civile. » 

Les téléphones portables sur l’île ont retenti avec des alertes signalant le risque d’éboulements, tandis que plusieurs secousses ont provoqué de fortes détonations. Les autorités ont interdit l’accès à certaines zones côtières proches des falaises, notamment l’ancien port de l’île. 

 

Des mesures préventives mises en place

« Ces mesures sont préventives, et les autorités resteront vigilantes », a déclaré dimanche soir le ministre de la Protection civile, Vasilis Kikilias, à l’issue d’une réunion d’urgence du gouvernement à Athènes. « Nous exhortons les citoyens à suivre strictement les recommandations de sécurité afin de minimiser les risques. » 

Bien que les experts grecs affirment que les séismes, dont plusieurs ont dépassé une magnitude de 4,5, ne soient pas liés au volcan de Santorin, ils reconnaissent que le schéma d’activité sismique observé est préoccupant. 

Les responsables gouvernementaux ont rencontré des scientifiques tout au long du week-end et lundi pour évaluer la situation, et les écoles ont également été fermées sur les îles voisines d’Amorgos, Anafi et Ios. 

 

Des habitants inquiets

La fréquence des séismes, qui se sont poursuivis tout au long de la nuit de dimanche à lundi, inquiète les résidents et les visiteurs. 

« Je n’ai jamais ressenti quelque chose d’aussi fréquent — un séisme toutes les 10 ou 20 minutes, dit Michalis Gerontakis, directeur de l’Orchestre philharmonique de Santorin. Tout le monde est anxieux, même si certains d’entre nous essaient de ne pas le montrer pour éviter la panique, mais nous sommes tous préoccupés. »

Les résidents et les touristes ont été invités à éviter les grands rassemblements à l’intérieur ainsi que les zones sujettes aux éboulements, tandis que les hôtels ont reçu l’instruction de vider leurs piscines afin de limiter les dommages potentiels aux bâtiments en cas de séisme. 

Les équipes de secours des pompiers, arrivées sur l’île dimanche, ont installé des tentes jaunes à l’intérieur d’un terrain de basketball situé à côté de l’hôpital principal de l’île. 

 

Quitter l’île?

Certains résidents et travailleurs locaux se sont rendus dans des agences de voyage pour réserver des billets d’avion ou de traversier afin de quitter l’île. 

« Nous avons déjà eu des séismes, mais jamais rien de tel. Cette fois, c’est différent », a affirmé Nadia Benomar, une guide touristique marocaine vivant sur l’île depuis 19 ans, qui a acheté un billet de traversier lundi pour se rendre sur l’île voisine de Naxos. « J’ai besoin de m’éloigner quelques jours, le temps que ça se calme », a-t-elle ajouté. 

D’autres ont cependant décidé de rester malgré les risques. Yiannis Fragiadakis, employé dans un restaurant, était en déplacement mais est retourné à Santorin dimanche, malgré les secousses. 

« Je n’avais pas peur. Je sais que les gens sont très inquiets et partent, et quand je suis arrivé au port, c’était vraiment bondé, comme en été », a-t-il expliqué. « Je compte rester, et j’espère que le restaurant pourra rouvrir pour la saison touristique dans trois semaines. » 

Soo Jin Kim, une touriste sud-coréenne venue de Séoul en vacances en famille, est arrivée dimanche sur l’île. 

« Nous avons dîné à l’hôtel hier soir et ressenti environ 10 secousses légères. Mais à minuit, il y en a eu une forte, alors j’ai vérifié les informations. Nous sommes à moitié inquiets, à moitié attentifs à l’évolution de la situation », a-t-elle confié, ajoutant qu’elle n’avait pas l’intention de modifier ses plans de voyage. 

 

Une explosion majeure il y a 3500 ans

En forme de croissant, Santorin est une destination touristique de premier plan, accueillant chaque jour des arrivées par vols commerciaux, traversiers et navires de croisière.

L’île attire plus de trois millions de visiteurs par an grâce à ses villages blanchis à la chaux perchés sur des falaises spectaculaires, formées par une éruption volcanique massive — l’une des plus importantes de l’histoire de l’humanité — il y a plus de 3 500 ans. 

Cette éruption, survenue vers 1620 avant J.-C., a détruit une grande partie de l’île, recouvrant une vaste zone de plusieurs mètres de cendres et contribuant probablement au déclin de la civilisation minoenne, qui prospérait alors dans la région. 

Bien qu’il s’agisse toujours d’un volcan actif, la dernière éruption notable remonte à 1950. 

 

Mise en garde géologique

Le célèbre sismologue grec Gerasimos Papadopoulos a mis en garde contre le fait que la séquence actuelle de séismes — visible sur les cartes sismiques en temps réel sous la forme d’un cluster grandissant de points entre Santorin, Ios, Amorgos et Anafi — pourrait annoncer un événement plus important. 

« Tous les scénarios restent ouverts », a écrit l’expert dans une publication en ligne. « Le nombre de secousses a augmenté, leur magnitude a grimpé, et les épicentres se sont déplacés vers le nord-est. Bien qu’il s’agisse de séismes tectoniques et non volcaniques, le niveau de risque a augmenté. » 

Dans la ville principale de Santorin, Fira, les autorités locales ont désigné des points de rassemblement pour les résidents en cas d’évacuation, bien que le maire, Nikos Zorzos, ait insisté sur le caractère préventif des mesures. 

« Nous sommes obligés de nous préparer. Mais être prêt à une éventualité ne signifie pas qu’elle va se produire », a-t-il déclaré lors d’un point presse ce week-end. « Parfois, la manière dont la situation est rapportée peut contenir des exagérations… Les gens doivent rester calmes. »