Transport aérien : que nous réserve 2025?

En 2023, les compagnies aériennes ont généré 918 milliards $ US. Qu’en sera-t-il en 2024 et en 2025? Les experts de The Big Book of Airline Data y vont de leurs projections.


C’est incroyable ce que peut révéler une analyse approfondie des données des compagnies aériennes.

Vous voulez savoir quel transporteur possède le plus important programme de fidélité au monde? C’est très probablement Delta SkyMiles, avec 130 millions de membres.

Parlant de grandes compagnies aériennes, Ryanair Group a tiré parti de ses 40 ans de voyages à bas prix pour devenir le plus grand transporteur à bas tarifs, avec plus de 183,7 millions de passagers.

De façon générale, les compagnies aériennes à bas tarifs ont d’ailleurs représenté 29,8 % du trafic mondial en 2024; mais sans surprise, et vu leur modèle économique, elles n’ont généré que 17,3 % des revenus mondiaux.

American Airlines est considérée comme le plus grand employeur parmi les 120 compagnies aériennes qui divulguent des détails sur leurs effectifs. Le transporteur états-unien comptait 132 100 employés, à la fin de 2023.

Et surtout, de par le monde, les compagnies aériennes ont généré 918 milliards $US de revenus en 2023, soit une augmentation de plus de 32 %. Et pour l’instant, il semble que l’industrie aérienne mondiale dépassera la barre des 1 000 milliards $US de revenus en 2024.

Le « gros livre des données aériennes »

Toutes ces informations proviennent de la dernière édition de The Big Book of Airline Data, compilé par IdeaWorksCompany, une entreprise basée aux États-Unis.

Jay Sorensen, président de cette entreprise, assure que le Big Book, qui en est à sa cinquième édition et qui est publié chaque année, s’appuie sur un certain nombre de sources et de méthodes pour déterminer les résultats pour chaque compagnie aérienne, que ce soit en scrutant des communiqués et des articles de presse ou encore des documents financiers des entreprises.

Le Big Book de cette année compte 105 pages et inclut des données sur le trafic passager, les revenus, les effectifs et les adhésions aux programmes de fidélité pour 239 compagnies aériennes dans le monde. Le rapport complet peut être téléchargé gratuitement sur ideaworkscompany.com/reports/

Des tarifs plus bas que durant l’époque prépandémique

Dans l’industrie mondiale du transport aérien, les transporteurs canadiens et surtout états-uniens demeurent les plus grands générateurs de revenus au monde, avec une part de 29,4 % des revenus mondiaux du secteur aérien.

En potassant les rapports sur les tarifs aériens exorbitants depuis la pandémie, on est en droit de se demander si les passagers (et les conseillers en voyages) subiront un choc tarifaire en 2025.

En guise de réponse, Jay Sorensen cite un graphique de l’IATA montrant les tarifs moyens pour un aller simple, ajustés pour l’inflation aux valeurs de 2024, de 2015 à 2024. En 2015, le tarif moyen pour un aller simple mondial était de 269,98 $US, avant de diminuer progressivement d’année en année.

Ce même tarif était de 141,50 $US en 2021, avant de remonter légèrement et de rester stable à 153,40 $US en 2022, à 162,17 $US en 2023 et à 157,78 $US en 2024. « Je ne qualifierais pas les tarifs récents d’exorbitants, dit Jay Sorensen; en fait, ils sont bien plus bas qu’avant la pandémie. »

Quid de la demande pour le transport aérien l’an prochain?

« Je ne vois pas 2025 comme une année particulièrement forte pour la demande de voyages, poursuit Jay Sorensen. J’ai le sentiment que les ‘années folles’ sont terminées et que la demande reviendra à des niveaux traditionnels. »

Pour l’expert, l’autre facteur qui influencera les voyages aériens en 2025 est la meilleure disponibilité des avions « alors que l’industrie fait face aux problèmes liés aux moteurs Pratt & Whitney », dit-il. Les problèmes du réacteur GTF du manufacturier ont en effet affecté plus de 40 compagnies aériennes dans le monde.

Du côté du Canada

Puisqu’en 2024, deux transporteurs à bas tarifs – Canada Jetlines et Lynx Air – ont disparu, comment Jay Sorensen considère-t-il la situation?

« Le Canada est un marché très cyclique, observe-t-il. Il semble alterner entre expansion et effondrement, que ce soit du point de vue des compagnies aériennes ou des voyageurs. »

« Les grandes compagnies aériennes – en particulier aux États-Unis – ont appris à déployer des tarifs économiques de base pour capter le trafic autrefois assuré par les compagnies à bas tarifs, poursuit-il. Elles l’ont fait en raison de la capacité résultant d’une ‘perte permanente’ d’une partie du trafic d’affaires depuis la pandémie. »

« Les grandes compagnies bénéficient d’un mélange de revenus provenant des segments internationaux, domestiques et premium, ainsi que des revenus importants générés par les portefeuilles de cartes de crédit comarquées, de préciser Jay Sorensen. Et en comparaison, les compagnies à bas coûts sont désavantagées dans tous ces domaines. »